Guillaume Rondelet[1], né le à Montpellier et mort à Réalmont le (à 58 ans), est un médecin et naturaliste français, célèbre pour un ouvrage sur les poissons et pour avoir formé en médecine plusieurs élèves renommés. Il est aussi le premier à utiliser une nomenclature binominale scientifique, en latin, qui sera ensuite généralisée par Carl Von Linné.
Biographie
Le père de Rondelet est « aromatarius, ce qui répondait aux trois professions aujourd'hui distinctes d'épicier, de droguiste et de pharmacien[2] ». Il meurt quand Rondelet est encore un enfant. L'avenir de cet enfant est sombre, car son père, qui a une nombreuse famille, le destine à l'état ecclésiastique et lui lègue peu d'argent ; d'autre part, on le place chez une femme atteinte d'une maladie vénérienne et qui le contamine[3] : sa santé sera faible toute sa jeunesse[4].
La relève est généreusement prise par son frère aîné Albert, qui subvient à ses études. Quand il arrive à Paris en 1525, à 18 ans, il est néanmoins très ignorant ; il a mis longtemps à apprendre à lire et ses maîtres ont été mauvais[4]. Mais, à Paris, il prend son essor. Il retourne à Montpellier en 1529 et s'inscrit en médecine à l'université. Un an plus tard, il est nommé procureur des écoliers ; c'est à ce titre qu'il reçoit l'inscription de Rabelais[5] ; Rabelais et Rondelet partagent peut-être une bouteille (Rondelet, craignant la goutte, ne renonce au vin qu'à l'âge de 25 ans)[6], en tout cas ils partagent, avec Guillaume Pellicier, du garum[7], redécouvert, et ils deviennent amis[8]. C'est à ce même titre de procureur qu'il reçoit en octobre l'ordre de radier Michel de Notre-Dame (Nostradamus), qui avait été apothicaire, et qui calomniait les médecins[9],[10].
Reçu bachelier, Rondelet va exercer à Pertuis, complétant son revenu en donnant des leçons aux enfants[11]. Il retourne ensuite à Paris, apprendre le grec[12] et l'anatomie, en bénéficiant de l'aide de son frère Albert[11]. Jean Gonthier d'Andernach l'initie à l'art, alors peu pratiqué, de la dissection[13].
Il pratique ensuite à Maringues et reçoit à Montpellier le titre de docteur en 1537. Il se marie en janvier suivant ; sa belle-sœur subvient si généreusement aux besoins du couple qu'elle empêche Rondelet d'aller chercher sa subsistance auprès de Pellicier, devenu ambassadeur à Venise. C'est à cette époque que se place l'épisode, qui suscite beaucoup d'incompréhension, où, son fils aîné étant mort, il en fait lui-même la dissection.
Il devient l'un des deux médecins du cardinal de Tournon (il a la charge pendant six mois[14] et le reste de son temps est consacré à la recherche) ; il l'accompagne dans différents voyages, notamment en Italie (il rencontre Ulisse Aldrovandi) et aux Pays-Bas. Partout, il cherche à aller voir la mer et ses poissons[15].
En 1545, il devient professeur royal de médecine à Montpellier[16] ; il va influencer de très nombreux scientifiques. De concert avec Jean Schyron, Antoine de Saporta et Jean Bocaud, il fait construire en 1556 un théâtre anatomique[17]. C'est le lieu de ses dissections devant public.
Jean Schyron étant mort en novembre de cette même année 1556, il devient chancelier de la faculté[18].
En juillet 1566, Rondelet est à Toulouse pour y régler des intérêts de quelques membres de sa famille. Il fait chaud, il est fatigué. Une épidémie régnante, lui fit contracter la dysenterie. Ça ne l'empêche pas de se rendre à Réalmont avec un ami, d'aller y voir sa femme malade. Une fois arrivé, la dysenterie s'aggrave, et il y meurt le 30 juillet[6],[21]. Laurent Joubert lui a succédé.
Contributions
Ichtyologie
C'est son Histoire des poissons qui assure à Rondelet la plus grande renommée. Il y décrit 244 espèces de Méditerranée. Très critique pour les textes anciens, il rejette tout ce qui lui peut paraître être une fable. Les illustrations, sur bois (l'artiste est inconnu[22]), permettent de reconnaître parfaitement les différentes espèces. Georges Cuvier écrit :
« Bien qu'il n'y ait encore dans Rondelet ni ordre, ni genre, ni disposition d'espèces, rien en un mot de cet échafaudage qui nous est si nécessaire aujourd'hui pour nous retrouver dans l'immense multitude d'êtres que l'histoire naturelle embrasse, on y voit cependant le sentiment de la méthode ; il est facile de reconnaître qu'il avait aperçu des rapports entre les espèces[22]. »
Botanique
Même s'il n'a pas publié d'ouvrage de botanique, l'influence de Rondelet dans ce domaine est considérable. Jean-Antoine Rioux parle d'un « miracle Rondelet », continué par Pierre Richer de Belleval, fondateur du jardin botanique de Montpellier ; ce jardin sera un centre de développement pour le pré-linnéisme et le linnéisme[23].
Élèves
Rondelet aimait rencontrer ses élèves ; il était jovial et égayait « son discours par de petits contes et des plaisanteries[24] ».
L’histoire entière des poissons, préface François Meunier et Jean-Loup d’Hondt, Paris, C.T.H.S., 2002 (ISBN2735505014 et 9782735505012) — Avec bibliographie. Fac-similé de l'édition de 1558.
Vie, mort et épitaphes de Guillaume Rondelet, avec un catalogue des écrits laissés par lui […]. La vie est de Joubert[41], la mort est de Formy ; les « épitaphes » sont des poèmes de louange écrits à l'occasion de la mort de quelqu'un.
Jean-Pierre Niceron, « Guillaume Rondelet », dans Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres dans la république des lettres, avec un catalogue raisonné de leurs ouvrages, t. 33, 1726, p. 306
↑Édouard Morren, « Mathias de l'Obel, sa vie et ses œuvres, 1538–1616 », dans Bulletin de la Fédération des sociétés d'horticulture de Belgique, 1876, p. 4. Mathias de l'Obel (ou de Lobel) fut le légataire des manuscrits de botanique de Rondelet : ibid., p. 5.
↑Sur la biographie de Rondelet par Joubert, voir (en) Nancy G. Siriasi, History, medicine, and the traditions of Renaissance learning, Ann Arbor, University of Michigan Press, , 438 p. (ISBN978-0-472-11602-7, lire en ligne), p. 122–127.