Payen a une formation polyvalente : il se trouve après le bac en khâgne au Lycée La Bruyère. Puis, il fait le choix de s'orienter vers la philosophe : il obtient à Paris-Sorbonne en 2000 une maîtrise de philosophie avec un mémoire traitant de Sénèque et l'ascension vers la sagesse[1]. Après un DEA en histoire sur Heidegger en 2005, il soutient sa thèse en 2010 dans la même discipline : Racines et combat. L'existence politique de Martin Heidegger : patriotisme, nationalisme et engagement d'un intellectuel européen jusqu'à l'avènement du nazisme (1889-1933), avec Hugo Ott dans son jury[1]. De 2011 à 2013[1], il reçoit une bourse post-doctorale de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah pour un projet de recherche sur L'antisémitisme de Martin Heidegger (1889-1976), entre histoire et philosophie[2].
La pertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution. Améliorez-le ou discutez-en, sachant que la pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question. (juin 2024) Motif avancé : Cet article n'a pas vocation à expliquer les thèses de Guillaume Payen. Déplacer vers ce qui est pertinent vers les articles de la Catégorie:Martin Heidegger.
Auteur de Martin Heidegger. Catholicisme, révolution, nazisme, Payen est un ancien élève de Gérard Guest à Versailles[3] ; comme tel, il était disposé à se « laisser séduire par la fable selon laquelle celui qui fut recteur et Führer de l’université de Fribourg se transforma par la suite en résistant »[4].
Pour Payen, Heidegger n'a pas appelé en 1933 à l'extermination des Juifs. L'anéantissement complet de l'ennemi intérieur qu'il évoque dans son cours sur l'essence de la vérité se comprend dans le contexte de « la campagne d'anéantissement de l'année 1933, en l'occurrence de révolution par l'élimination des oppositions qui vit s'instaurer un pouvoir nazi et totalitaire à Berlin et qui, dans les universités, introduisait le principe du chef et voulait lutter contre l'esprit non-allemand en « épurant » le corps professoral, en limitant le nombre d'étudiants juifs et en brûlant les livres corrupteurs »[5]. Heidegger plagiait l'appel aux autodafés lancé en mai par la Corporation étudiante allemande : il méditait la phrase de Héraclite (« Combat est père de toutes choses ») sans appeler à une action immédiate. Il voulait spiritualiser le mouvement étudiant.
Payen insiste sur l'hermétisme des cahiers noirs. Un passage lui semble particulièrement difficile et mal compris :
« Ce n’est que lorsque ce qui est essentiellement juif au sens métaphysique (das wesenhaft Jüdische im metaphysischen Sinne) combat ce qui est juif (das Jüdische) que le comble de l'anéantissement de soi (Selbstvernichtung) dans l'Histoire est atteint ; à condition que ce qui est juif se soit accaparé partout pleinement la domination, de sorte qu'également le combat contre « ce qui est juif » et lui d'abord parvienne en l'empire (Botmäßigkeit) de ce dernier. »
Pour Payen, ce texte ne concerne pas les juifs en tant que tels : il s'agit de « ce qui est juif » (das Jüdische), pas des juifs (Juden). Heidegger ne réfléchit pas aux camps de la mort, mais à « la généralisation et à la montée en puissance destructrice de la Seconde Guerre mondiale, avec, en creux, l’espoir que de cette conflagration mondiale, de cet auto-anéantissement de la modernité décadente et déracinée un nouveau commencement puisse s’élever[6]. »
Jonas Campion, Laurent López, Guillaume Payen (dir.), European Police Forces and Law Enforcement in The First World War, Londres, Palgrave Macmillan, « World Histories of Crime, Culture and Violence », 2019,
« Martin Heidegger et l'auto-anéantissement de ce qui est juif », Le Débat, 2019/5 (no 207), novembre-décembre 2019, Gallimard, p. 167-178.
« Martin Heidegger, un recteur nazi et l' anéantissement total de l'ennemi intérieur », Philosophie, no 140, Éditions de Minuit, janvier 2019, p. 51-72.
« Martin Heidegger, de la Grande Guerre au nazisme. La brutalisation d'un philosophe (1914-1933) ? », Histoire, économie et société, 4/2015, p. 41-55.
Heidegger. Die Biographie, trad. Walther Fekl, WBG, 2022.
Martin Heidegger's Changing Destinies. Catholicism, Revolution, Nazism, trad. Jane Mary Todd et Steven Rendall, Yale UP, 2023.
Martin Heidegger. Catolicismo, revolución y nazismo, traduit du français par Fernando Montesinos Pons et Miguel Montes, Santander, Sel Terrae, «Panorama», 2024, 720 pages.
↑Guillaume Payen, « Martin Heidegger, un recteur nazi et l' anéantissement total de l'ennemi intérieur », Philosophie, , p. 51-72, ici p. 71-72 (lire en ligne)
↑Guillaume Payen, « Martin Heidegger et l’« auto-anéantissement » de « ce qui est juif » », Le Débat, no 207, , p. 167-178 (lire en ligne)
↑« Prix Maurice Baumont », sur academiesciencesmoralesetpolitiques.fr (consulté le )