Finalement, la coalition pro-junte, constituée du Parti de l'Unité de la Justice (PUJ), le Parti de la Nation thaïe (PNT), le Parti de l'Action sociale (PAS), le Parti citoyen thaï (PCT) et le Parti populaire (PP), présente comme candidat au poste de Premier ministre à confirmer par la Chambre des représentants le général Khra-prayun, qui obtiendra 195 voix, contre 165 voix pour Chawalit Yongchaiyut, chef du Parti de la Nouvelle Aspiration (PNA), qui avait obtenu la majorité des suffrages et des voix lors de l'élection de mars, mais seulement 72 sièges à la Chambre.
Par sa nomination et son investiture en tant que Premier ministre le [1], Suchinda Khra-prayun démissionne de sa fonction de commandant en chef de l'Armée royale et est remplacé par Issarapong Noonpakdee, frère de son épouse, avec Kaset Rojanil, commandant des Forces aériennes royales thaïlandaises. Issarapong Noonpakdee était par ailleurs membre du CNMP et était ministre de l'Intérieur dans le premier gouvernement d'Anan Panyarachun.
Le 9 juin 1992[3], il est annoncé par Meechai Ruchuphan(en), vice-Premier ministre, devenu Premier ministre par intérim à la suite de la démission de Suchinda Khra-prayun le , que Wiroj Pao-in(th) a remis sa démission de son poste de vice-ministre de l'Intérieur.
Fin du gouvernement
Du 17 au 20 mai 1992, 200 000 personnes manifestent en masse contre le gouvernement militaire et la nomination de Suchinda Khra-prayun à Bangkok. Les protestations sont notamment menés par le charismatique général Chamlong Srimuang(en), chef et membre de la Chambre des représentants du parti Palang Dharma(en), ancien gouverneur de Bangkok. Ces événements, dits du "Mai noir" en français (en thaï พฤษภาทมิฬ ; RTGS : Phruetsapha Thamin), sont réprimées dans le sang : les forces de l'ordre ouvrent le feu sur les manifestants le 17 mai ; la loi martiale est instaurée et les rassemblements de plus de 10 personnes interdits ; pendant trois jours, la capitale est le théâtre d'émeutes durant lesquelles des bâtiments administratifs sont incendiés. La répression est sévère et son bilan avoisine les 50 morts et des centaines de blessés[4],[5].
Face à la situation, le 20 mai 1992, le roi Rama IX décida de convoquer le Premier ministre Khra-prayun et Chamlong Srimuang en audience, pour mettre fin au conflit entre les deux camps[6]. La princesse Sirindhorn ainsi que le prince héritier Vajiralongkorn avaient déjà réagi aux événements par des allocutions télévisées dans la même journée.
Le 23 mai 1992, une loi d'amnistie venant de Khra-prayun est officiellement signée par le roi[7], exemptant ainsi l'amnistie aux forces de l'ordre ainsi qu'aux civils. La loi n'est pourtant pas conforme légalement, car il n'y a pas eu une réunion du gouvernement sur cette loi, conformément à la Constitution provisoire alors en vigueur à cette période. Un tribunal constitutionnel pour jugement est établi par l'Assemblée nationale[8].
Le 24 mai 1992, Suchinda Khra-prayun annonce sa démission de son poste de Premier ministre dans une allocution télévisée. Dans cette allocution, il apporte son soutien à la modification d'un amendement de la constitution permettant au Premier ministre d'être réélu par le Parlement. Alors que les partis de gouvernement mais aussi d'opposition avaient de nouveau proposés des candidats à la fonction, il est annoncé qu'Anan Panyarachun reprenne la fonction. Investi le 10 juin 1992[9], son second gouvernement par intérim est nommé 4 jours plus tard[10]. Des élections sont prévues pour septembre.
↑Xavier Galland, Histoire de la Thaïlande, vol. 1095, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », (1re éd. 1998), 128 p. (ISBN978-2-13-048669-5), Chapitre VI : DU SIAM A LA THAÏLANDE pages 95 à 125 : XI : Les années 90 pages 122 à 125 (pages 122 et 123)