Gnome MonosoupapeLes Gnome monosoupapes sont une série de moteurs rotatifs pour avions produits à partir de 1913 par la société des moteurs Gnome, basée à Gennevilliers, société devenue Gnome et Rhône en 1914 à la suite d'une fusion avec la société des moteurs le Rhône. Le terme de moteur rotatif (à ne pas confondre avec les moteurs à piston rotatif) signifie que le moteur est solidaire de l'hélice, et tourne tout entier, tandis que vilebrequin est fixé à l'avion. Le monosoupape doit son nom à la technologie très particulière de sa distribution, qui permet de n'avoir qu'une soupape (d'échappement) sur la tête de cylindre. La version à neuf cylindres du moteur a été produite en masse pendant la première guerre mondiale, à la fois en France et, sous licence, chez des industriels britanniques. Il s'agit d'un des moteurs les plus importants de la guerre, mais, à la fin du conflit, il est obsolète, comme tous les moteurs rotatifs. Moteurs rotatifs Gnome précédentsLa société des moteurs gnome est fondée en 1905 (mais l'un de ses fondateurs, Louis Seguin, possédait déjà un atelier de production de moteurs depuis dix ans). En 1909, elle teste son premier moteur rotatif, le Gnome Omega, et s'intéresse de plus en plus aux applications aéronautiques[1]. Dans ce moteur et les suivants (Gnome Delta et Gamma), l'échappement est géré de façon assez classique : une soupape, qui occupe le centre de la tête du cylindre, est actionnée par un culbuteur, lui-même guidé par une roue à cames (dispositif qui, dans un moteur en étoile, joue le rôle analogue à celui de l'arbre à cames). En revanche, l'admission est contrôlée de façon totalement inhabituelle. Le mélange air-carburant arrive dans le moteur par l'intermédiaire du vilbrequin, qui est creux, puis transite par le carter, un peu comme dans un moteur à deux temps. Ensuite, c'est une soupape passive, placée dans le piston, qui permet le transfert du mélange vers le cylindre. Elle est actionnée par la différence de pression, ce qui lui permet de s'ouvrir uniquement pendant le temps d'admission : pendant la détente, le différentiel de pression la bloque. Ce dispositif se révèle poser de sérieuses difficultés d'entretien[2]. Conception du MonosoupapeLe Monosoupape abandonne la soupape automatique des moteurs précédents et retrouve une couronne de piston pleine. Des petites ouvertures sont aménagées dans la périphérie du cylindre, juste avant le point mort bas du piston. L'admission est brève : au lieu d'admettre un mélange air-carburant tout au long de la descente du piston, comme le fait habituellement un moteur quatre temps, le monosoupape crée un vide relatif (le piston descend sans qu'aucun gaz ne soit admis) qui aspire brutalement du mélange lorsque les ouvertures sont mises à jour. Ces ouvertures sont aussi, inévitablement, exposées à la fin du temps de détente. On table sur le fait que, à ce moment, la pression des gaz d'échappement dans le cylindre soit tombée à un niveau proche de la pression du mélange air-carburant dans le carter pour qu'il n'y ait pas d'expansion des gaz d'échappement vers le carter (ce qui provoquerait l'ignition du mélange dans le carter et la destruction du moteur)[1]. Dans sa version neuf cylindres, le monosoupape développe environ 100 chevaux à 1200 tours/minutes, sa cylindrée est de 12,7 litres. Il en existe aussi des versions 7 cylindres, 11 cylindres, et un 18 cylindres en double étoile[3]. Il n'est pas possible, sur ces moteurs, de contrôler le débit de carburant. Le seul moyen de réduire la puissance du moteur, notamment pour atterrir, est de couper l'allumage d'une partie des cylindres[4]. Le lubrification est assurée par de l'huile de ricin ajoutée au mélange air-carburant. Comme tout moteur rotatif, le monosoupape consomme énormément d'huile, qui est dispersée par la force centrifuge. Les avions de l'époque ayant un cockpit ouvert, les pilotes souffrent parfois de son effet laxatif, s'ils avalent des projections d'huile[4]. UtilisationC'est un des moteurs les plus utilisés de la première guerre mondiale, notamment par des avions britanniques (il est produit sous licence au Royaume-Uni). Liste selon Lumsden[5]. Monosoupape 7 Type AMonosoupape 9 Type B
Monosoupape 9 Type NObsolescenceÀ la fin de la guerre, le moteur rotatif se révèle être une impasse technologique. Son seul véritable avantage est de disposer d'un très bon refroidissement (le flux d'air autour du moteur étant augmenté par sa rotation), mais le refroidissement des moteurs radiaux non rotatif s'améliore par ailleurs (en partie du simple fait de l'augmentation de la vitesse des avions). Les nombreux inconvénients du moteur rotatif, eux, ne peuvent que s'aggraver au fur et à mesure que les régimes moteur augmentent. En 1917, les commandes pour le monosoupape sont annulées. Gnome et Rhône frise la faillite dans l'immédiat après-guerre, change de direction, et se relance en produisant sous licence le Bristol Jupiter[6]. Notes et références
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