Né dans un village proche de Lunéville et réputé pour sa faïencerie, Jean-Giorné Viard est le fils de Jean-Baptiste Viard, tourneur en faïence[2]. C'est en travaillant comme ouvrier dans cette industrie d'art qu'il révèle ses talents de sculpteur. Il est bientôt remarqué par le collectionneur Alexandre Gény, qui devient son mécène. En 1843, date à laquelle il est exposé pour la première fois[4], Viard obtient une pension de la ville de Nancy et du département de la Meurthe afin de poursuivre sa formation artistique[5], tout d'abord à Nancy, à l'école professionnelle de l'Est[6] — où il étudie et recopie les modèles antiques[7] — puis, après 1845, à Paris, dans l'atelier du sculpteur Jean-Marie Bonnassieux, auquel il a été recommandé par le père Lacordaire, un ami d'Alexandre Gény[8]. Viard revient ensuite en Lorraine pour s'installer définitivement à Nancy après 1849[9].
En 1848, à la suite d'un concours qui l'oppose à l'Alsacien Reiber (ou Reber), il obtient sa première grande commande, la statue équestre du duc Antoine de Lorraine, destinée à remplacer, sur la porterie du palais ducal, l’œuvre (1512) de Mansuy Gauvain détruite en 1792. En attendant l'achèvement de la statue en pierre, c'est une maquette en plâtre à grandeur qui est installée en 1850 à l'occasion de la 17e session du Congrès scientifique de France. Les membres de la section d'archéologie et d'histoire du congrès remarquent l’œuvre de Viard et demandent aux autorités d'encourager le jeune artiste[10].
Sous le Second Empire, Viard sculpte le décor de monuments publics nancéiens (souvent conçus par l'architecte Prosper Morey), restaure des œuvres anciennes, réalise de nombreux bustes de notables, et enseigne son art à plusieurs élèves (dont Victor Huel). En 1870, il fait breveter un appareil de traçage à l'usage des sculpteurs[11].
Malgré ses nombreuses réalisations monumentales, Giorné Viard sombre dans la pauvreté. Indigent et diminué par une attaque qui lui a fait presque perdre l'usage de la parole[12], c'est aux frais de la ville de Nancy qu'il est admis à l'hospice Saint-Julien, où il meurt le [3]. Il est inhumé le au cimetière du Sud, où il ne bénéficiera d'une tombe digne de ce nom qu'après une collecte menée par le journaliste Edgard Auguin[13]
Si Christian Pfister juge que Viard « ne s'est pas élevé au-dessus de la technique du métier »[3], Émile Badel le considère au contraire comme « le plus grand des sculpteurs de Lorraine au XIXe siècle »[14]. Au début du XXe siècle, son nom a été donné à une rue de Nancy.
Liste d’œuvres
Sauf mention contraire, il s'agit de sculptures en ronde-bosse.
Une légende tenace et certains articles anciens[21] attribuent, à tort, la réalisation de la tête de la statue conçue par David d'Angers à Viard. Une étude récente a démontré cette erreur, liée à un rejet - pour des raisons politiques - de la personnalité de David d'Angers[22]
↑« Monographie de l’école professionnelle de l'Est à Nancy », Bulletin de la Société industrielle de l'Est, no 42, Nancy, 1904, 2e partie, p. 12.
↑ abcde et fSociété lorraine des amis des arts, Exposition de 1845 à Nancy - Catalogue…, Nancy, 1845, p. 14.
↑« Lettre de Lacordaire à Alexandre Gény, 29 août 1845 », in Henri-Dominique Lacordaire, Correspondance, t. 2 (1840-1846), Éditions du Cerf, 2007, p. 933.
↑ ab et cSociété lorraine des amis des arts, Exposition de 1849 à Nancy - Catalogue…, Nancy, 1849, p. 12.
↑Arcisse de Caumont (dir.), Bulletin monumental, t. 6, vol. 16, Paris, 1850, p. 510.
↑(de) Königlich Bayerisches Kreis-Amtsblatt der Pfalz, Spire, 3 février 1870, col. 203.
↑ abc et dCharles Courbe, Les Rues de Nancy du XVIe siècle à nos jours, t. III, Nancy, 1886, p. 100-101.
↑ E. Badel, « M. Auguin et Nancy », L'Immeuble et la construction dans l'Est, , p. 242 (lire en ligne).
↑ E. Badel, « Le roi Stanislas à Nancy en 1907 », L'Immeuble et la construction dans l'Est, , p. 394 (lire en ligne).
↑ abcde et fMusée lorrain au palais ducal de Nancy - Catalogue des objets d'art et d'antiquité..., Nancy, mai 1863, p. VII, 36-37 et 133-134.
↑Notice des objets d'art exposés au musée de Nancy, Nancy, 1845, p. 83.
↑Notice des tableaux, dessins, gravures, statues et bas-reliefs exposés au musée de Nancy, Nancy, 1866, p. 126, 132-133.
↑ abc et dMusée de Nancy - Tableaux, dessins, statues et objets d'art - Catalogue descriptif et annoté, Nancy, Crépin-Leblond, 1909, p. 283.
↑« Charles Grandjean », blog Art lorrain aux enchères, note du 1er mars 2012 (consultée le 2 juin 2013).
↑Journal de la Société d'archéologie et du comité du Musée lorrain, juin 1853, p. 45.
↑L'Immeuble et la construction dans l'Est, 15 mai 1904, p. 20.
↑Richard Dagorne, « Le monument au général Drouot, instrument du procès politique contre David d'Angers », Le Pays Lorrain, (3) 2020, p. 219-239.
↑Vente à Paris, chez Maître Olivier Lasseron et associés, 9 février 2018, lot 252 [1]
↑ ab et cJournal de la Société d'archéologie et du comité du Musée lorrain, décembre 1862, p. 302-304.