Geocoridae

Les Geocoridae sont une famille d'insectes hétéroptères (punaises) de la super-famille des Lygaeoidea.

Description

Les Geocoridae ont un corps trapu, ovoïde à rectangulaire, de 2,5 àmm de long. Comme les autres Lygaeoidea, les Geocoridae ont des antennes et un rostre de 4 articles, et dont les membranes ont 4 à 5 veines. Ils se distinguent toutefois des autres familles de Lygaeoidea par le fait d'avoir les stigmates abdominaux dorsaux, sauf ceux des segments 5 et 6, où ils sont ventraux. Les sutures entre les tergites (segments de la face supérieure de l'abdomen) 4 et 5, et 5 et 6 sont presque toujours (sauf chez les Bledionotinae) fortement incurvées vers l'arrière (alors qu'ils sont droits chez les Lygaeidae et les Blissidae). Une autre caractéristique concerne leurs yeux particuliers, souvent gros, réniformes, parfois pédonculés, et souvent projetés en arrière, jusqu'à pouvoir atteindre les bords latéraux du pronotum. Cela leur vaut le nom vernaculaire en anglais de « big eyes bugs », ou « punaises à gros yeux ». Les ocelles ne sont pas entourées d'un sillon. Le pronotum est souvent large, parfois avec un sillon transverse. Les tarses comptent 3 articles[3],[4],[5].

Répartition et habitat

Cette famille est cosmopolite. On les rencontre dans les champs, les prés et l'herbe mais également dans des habitats très variées, voire extrême (désertiques, haute montagne)[6], ainsi que la forêt tropicale (Pamphantinae)[4], ou au sol (Bledionotinae)[5]. Certaines espèces sont des halophiles strictes, plus liées à la salinité qu’aux plantes[7].

Biologie

Cycle de vie

En Europe, les Geocoridae hivernent au stade adulte. Les œufs sont pondus par les femelles sur les feuilles ou les tiges de plantes, de manière solitaire ou grégaire[6]. Selon la température ambiante, le développement embryonnaire dure entre 5 à 30 jours, pour une moyenne de 10-12 jours. Il y a 5 stades juvéniles. La durée du développement larvaire est essentiellement influencée par la température, la qualité et la quantité de l’alimentation. En France, il est de 20 à 45 jours pour les juvéniles qui n’hibernent pas. L’accouplement se fait souvent par opposition linéaire, dos à dos, le pygophore du mâle tournée à 180° (la face dorsale vers le bas)[7].

En France, les espèces sont souvent univoltines mais parfois bivoltines, s’adaptant aux variations de températures. L’hibernation a souvent lieu au stade adulte, cachée dans la litière ou les tiges des plantes-hôtes. Les mortalités hivernales sont importantes. Ils reprennent leur activité au printemps, après la fonte des neiges. S’il n’y a qu’une seule génération, les adultes sont visibles de mai à septembre, avec un pic d’abondance entre juin et août. En cas de deux générations, celles-ci se recouvrent partiellement[7].

Alimentation

Les Geocorinae sont des punaises prédatrices de pucerons, d'acariens, d'oeufs de papillons et de chenilles, et sont de ce fait souvent utilisées en lutte biologique[3],[4],[6],[8]. Dès lors, plusieurs ont fait l'objet d'études en laboratoire[9],[10],[11].

Il se peut qu'ils soient toutefois omnivores, et certains ont des plantes hôtes[5]. Les autres sous-familles sont phytophages et sans doute granivores. Les Henestarinae sont souvent associés à des plantes halophiles[5].

Les Bledionotinae et Pamphantinae sont myrmécomorphes[4].

Galerie

Systématique

Ce taxon et regroupement a été reconnu d'abord par l'entomologiste allemand Friedrich Bärensprung (d) en 1860, suivi par Stål en 1862 et la plupart des auteurs suivants, avec un contenu correspondant aux actuels Geocorinae. Ils ont longtemps été considérés comme une sous-famille des Lygaeidae pris dans une acception large.

Le périmètre actuel des Geocoridae est encore discuté aujourd'hui. Il a été défini en 1997 par Thomas J. Henry, qui a reconnu trois sous-familles, les Bledionotinae (y compris les Pamphantinae), les Geocorinae et les Henesterinae[12]. Cette définition est liée à la morphologie particulière des yeux, des sutures des tergites 4 à 6, et des stigmates abdominaux dorsaux sauf ceux des segments 5 et 6[4].

En 1999, J. A. Slater définit la famille de manière légèrement différente, et sépare les Pamphantinae des Bledionotinae[13]. Enfin, en 2012, un genre nouvellement décrit est rattaché aux Geocoridae dans une nouvelle et cinquième sous-famille, celle des Australocorinae, qui, bien qu'ils présentent les yeux des Geocorinae, ont tous les stigmates abdominaux en position dorsale. Toutefois, la légitimité de cette sous-famille reste encore questionnée, de par sa très grande ressemblance avec le genre Germalus des Geocorinae[4].

Un catalogue en ligne est consultable sur le site Lygaeoidea Species Files, selon lequel la famille compte 35 genres et un peu plus de 300 espèces[14].

Fossiles

Trois espèces fossiles ont été découvertes, la plus ancienne datant de l'Éocène supérieur (Priabonien, −38 à −34 millions d'années), et deux espèces éteintes du genre Geocoris encore existant[15].

Liste des sous-familles, tribus, et genres

Selon BioLib (21 octobre 2022)[2], complété selon Lygaeoidea Species Files[14] :

Liens externes

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Notes et références

  1. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 21 octobre 2022
  2. a et b BioLib, consulté le 21 octobre 2022
  3. a et b Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversité, classification, clés de détermination des familles, Plaissan & Versailles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN 978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC 1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 516, tome 2 pp. 211 et 251
  4. a b c d e et f (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), p. 271-275
  5. a b c et d (en) « Australian Faunal Directory - Geocoridae », sur biodiversity.org.au, (consulté le )
  6. a b et c (en) Peter Kobor, « A review on biology and agricultural significance of big-eyed bugs (Heteroptera: Lygaeoidea: Geocoridae) », Hungarian Agricultural Research, no 2,‎ , p. 4-10 (lire en ligne [PDF])
  7. a b et c Jean Péricart, Hémiptères Lygaeidae euro-méditerranéens, vol. 1, , 468 p.
  8. « Geocoris spp. », sur biocontrol.entomology.cornell.edu (consulté le )
  9. (en) Jorge B. Torres, Christian S. A. Silva-Torres et John R. Ruberson, « Effect of Two Prey Types on Life-History Characteristics and Predation Rate of Geocoris floridanus (Heteroptera: Geocoridae) », Environmental Entomology, vol. 33, no 4,‎ , p. 964–974 (ISSN 0046-225X et 1938-2936, DOI 10.1603/0046-225X-33.4.964, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Richa Varshney, Neeraj Budhlakoti et Chandish R. Ballal, « Functional response of Geocoris ochropterus Fieber (Hemiptera: Geocoridae) to different egg densities of Helicoverpa armigera (Hübner) (Lepidoptera: Noctuidae) », Phytoparasitica, vol. 46, no 4,‎ , p. 451–458 (ISSN 0334-2123 et 1876-7184, DOI 10.1007/s12600-018-0687-1, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Sarah Mansfield, Brad Scholz, Sarah Armitage et Marie-Louise Johnson, « Effects of diet, temperature and photoperiod on development and survival of the bigeyed bug, Geocoris lubra », BioControl, vol. 52, no 1,‎ , p. 63–74 (ISSN 1386-6141 et 1573-8248, DOI 10.1007/s10526-006-9011-y, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Thomas J. Henry, « Phylogenetic analysis of family groups within the infraorder Pentatomomorpha (Hemiptera: Heteroptera), with emphasis on the Lygaeoidea », Annals of the Entomological Society of America, vol. 90, no 3,‎ , p. 275-301 (lire en ligne [PDF])
  13. J. A. Slater, « The systematic position of the Pamphantinae with the description of two new tribes and a new species of Cattarus (Hemiptera: Lygaeoidea: Geocoridae). », Acta Societatis Zoologicae Bohemicae, vol. 63,‎ , p. 199-208
  14. a et b « family Geocoridae: Lygaeoidea Species File », sur lygaeoidea.speciesfile.org (consulté le )
  15. « Geoocoridae », sur paleobiodb.org (consulté le )