Née dans le 9e arrondissement de Paris[2],
Geneviève Marie Anne Marthe de Galard Terraube est issue d'une famille aisée et catholique, dont la noblesse remonte au Moyen Âge[3]. Elle passe sa petite enfance dans le 17e arrondissement de Paris, avec ses parents et sa sœur aînée, Marie-Suzanne. Lorsque son père meurt en 1934, Geneviève de Galard a neuf ans[4].
Les circonstances de la Seconde Guerre mondiale contraignent la famille à quitter Paris pour Toulouse lors de l'hiver 1939 : la mère de Geneviève de Galard, craignant pour ses filles les bombardements de la capitale, s'installe dans la région d'origine de sa famille. Tout comme sa sœur, Geneviève y est élève du cours Bertrand[5] jusqu'en . Elles reviennent à Paris pendant l'été 1943[4]. Geneviève de Galard suit des cours d'anglais à la Sorbonne et se lance dans des activités associatives auprès de handicapés dans un hôpital[4].
Elle obtient le diplôme d’État d’infirmière en 1950, puis réussit en 1952 le concours de convoyeuse de l'Armée de l'air[4] et d'IPSA (infirmières pilotes secouristes de l'air), promotion 1952[6].
1953 - 1954, l'Indochine
À sa demande, Geneviève de Galard est affectée en Indochine à partir de , au cœur de la guerre qui oppose les forces françaises à celles du Việt Minh.
Stationnée à Hanoï, elle opère des évacuations sanitaires par avion depuis l'aéroport de Pleiku. À partir de , elle participe aux évacuations de la bataille de Diên Biên Phu. Ses premières victimes transportées sont principalement des soldats souffrant de maladies. À partir de mi-mars, la plupart d'entre eux sont des blessés de guerre. Parfois, les avions sanitaires avec la marque de la Croix-Rouge doivent se poser à travers les barrages d'artillerie viêt minh.
Le vers 5 h 45, le commandant Blanchet — commandant en second du groupe de transport Béarn —, son équipage et Geneviève de Galard arrivent en avion au-dessus de Diên Biên Phu[4]. Le commandant tente d'atterrir sur la courte piste du camp retranché. L'atterrissage est trop long et le moteur gauche de l'avion est sérieusement endommagé. Les réparations ne pouvant s'effectuer sur place du fait des conditions (terrain inapproprié), l'avion est abandonné et, à l'aube, l'artillerie viêt minh le bombarde et le détruit, ainsi que la piste, les rendant irréparables[3].
Geneviève de Galard se porte alors volontaire pour servir comme infirmière dans l'hôpital de campagne commandé par le médecin-commandant Paul-Henri Grauwin[7]. Bien que le personnel médical masculin soit initialement hostile, il adapte le logement pour elle. Il lui arrange également un semblant d'uniforme à partir de bleus de travail camouflés, de pantalon, de chaussures de basket-ball et d'un T-shirt. Geneviève de Galard fait de son mieux dans des conditions sanitaires dérisoires, « consolant » les mourants et essayant d'entretenir le « moral » face aux pertes humaines montantes[7]. Plus tard, beaucoup d'hommes la complimenteront pour ses « efforts »[3].
Selon certains auteurs, une vingtaine de prostituées du BMC, essentiellement vietnamiennes, vinrent l'épauler à l'hôpital car la charge de travail était insurmontable pour une seule femme. L'historien Jacques Dalloz pense qu'elles ont sûrement toutes été tuées par les Việt Minh après le départ des troupes et que leur participation est volontairement oubliée[8]. « Rien ne doit venir ternir l'image de l'honneur », selon Le Monde[7]. Selon le spécialiste des conflits du XXe siècle Jean-Marc Binot[9], « une solide tradition, alimentée par les cercles d'anciens combattants d'extrême droite, voudrait qu'un BMC ait été présent à Diên Biên Phu, et que, authentiques Marie Madeleine de la coloniale, ses employées se soient métamorphosées en aides-soignantes héroïques auprès des blessés, avant d'être abattues froidement par les communistes. Nul témoignage crédible […] n'étaye cette pieuse légende »[10].
« A suscité l’admiration de tous par son courage tranquille et son dévouement souriant.
D’une compétence professionnelle hors pair et d’un moral à toute épreuve, elle fut une auxiliaire précieuse pour les chirurgiens et contribua à sauver de nombreuses vies humaines. Restera pour les combattants de Diên Biên Phu, la plus pure incarnation des vertus héroïques de l’infirmière française. »
Les troupes françaises de Diên Biên Phu cessent le combat le sur ordre du commandement militaire. Le Việt Minh autorise Geneviève de Galard, faite prisonnière, ainsi que le personnel médical, à continuer les soins aux blessés. Elle refuse toute coopération[7] ; quand certains Việt Minh commencent à utiliser les médicaments pour leur propre usage, elle en cache dans sa civière.
Le , Geneviève de Galard est évacuée à Hanoï, en partie contre sa volonté[7].
De retour en France, début juin, elle est accueillie par une foule nombreuse à l'aéroport d'Orly[1] et fait la une de Paris Match (« La France accueille l'héroïne de Diên Biên Phu ») ; elle fait trois fois la une de ce magazine[1].
« Le , des centaines de milliers de New-Yorkais l'acclament, dispersant du sommet des gratte-ciel des tonnes de confettis[7]. Eisenhower lui remet le la médaille de la Liberté (Medal of Freedom)[12] lors d’une cérémonie dans la roseraie de la Maison-Blanche à Washington. C'est aux États-Unis qu'elle est pour la première fois surnommée “l'ange de Diên Biên Phu”[1]. »
Elle reprend un temps son travail de convoyeuse, fin 1954. Puis revenue en France, elle travaille au centre de rééducation des grands blessés des Invalides[3]. Elle épouse le capitaine Jean de Heaulme de Boutsocq[13],[14], rencontré en Indochine, le en l'église Saint-Louis des Invalides à Paris. Elle le suit dans ses différentes affectations[1] ; ils ont trois enfants : François, Véronique et Christophe[4].
Adhérente de l'Association nationale des combattants de Diên Biên Phu dès sa création, en 1967, elle devient en 1983 conseillère municipale dans le 17e arrondissement de Paris[3].
Une femme à Dien Bien Phu de Geneviève de Galard, avec la collaboration de Béatrice Bazil, Paris, Éditions des Arènes, 2003, et Éditions J'ai Lu, Paris, 2004[18].
(en) Angel of Dien Bien Phu: The Lone French woman at the Decisive Battle for Vietnam, de Geneviève de Galard, Annapolis, Naval Institute Press, 2013[19].
↑ abcde et fMarie-Amélie Lombard-Latune, « Geneviève de Galard : « J'aurais tant voulu que Diên Biên Phu se termine autrement » », Le Figaro, , p. 16.
↑Jean-Marc Binot, Le Repos des guerriers — Les bordels militaires de campagne pendant la guerre d'Indochine, Fayard, , 307 p. (ISBN978-2-213-64422-6), p. 221.
↑« Jean de Heaulme est un officier parachutiste GCMA qu'elle a rencontré en Indochine le (le jour de sa libération) », source : Une femme à Dien Bien Phu, p. 255-256.
↑(en) Geneviève de Galard, Angel of Dien Bien Phu: The Lone French Woman at the Decisive Battle for Vietnam, Annapolis, Institute Press, , 208 p. (ISBN978-1-61251-386-7, lire en ligne).