De nombreuses espèces ont été décrites durant les années 2010 et 2020 au Japon, à Taïwan et ailleurs, à l'instar de la Malgache Gastrodia agnicellus, qualifiée d'« orchidée la plus laide du monde »[1].
Taxonomie
Le nom générique Gastrodia, attribué par John Lindley (1799-1865), est formellement décrit en 1810 par Robert Brown (1773-1858) avec pour espèce type l'Australasienne Gastrodia sesamoides[2]. Ce nom est construit sur la base du grec ancien γαστρώδης, gastrôdês (« en forme d'estomac, ventru »), en référence à la forme des fleurs[3].
Certaines espèces de Gastrodia, comme G. elata, atteignent 60 à 100 cm de hauteur et les inflorescences mesurent généralement 3 à 15 cm de long. Les sépales et les pétales de Gastrodia sont fusionnés en un tube floral élargi à la base pour accueillir une plateforme basale entre la colonne et le labelle ; cela donne aux fleurs une apparence d'estomac généralement considérée comme peu esthétique. Après avoir émergé de la litière de feuilles au printemps, les fleurs de certaines espèces se fendent alors que chez d'autres, elles restent fermées pendant toute leur période de floraison qui dure environ un mois. Cette stratégie écologique, nommée cleistogamie, n'est jamais complète dans les autres genres concernés, à l'exception notable de quelques espèces de Gastrodia[5].
Biologie
Les espèces du genre Gastrodia ne produisent pas de feuilles et sont achlorophylliennes, c'est-à-dire qu'elle ne font pas de photosynthèse et ne sont pas autotrophes. Elles tirent leur alimentation de leur association avec des champignons qui se nourrissent de matières en décomposition en étant saprobiontes. Ce mode d'alimentation, qualifié de mycohétérotrophie, leur permet de coloniser des biotopes peu lumineux. Par exemple, Gastrodia confusa est associée à des espèces de Mycènes au sein des bambouseraies[5].
Certaines espèces sont entomophiles, dépendant des insectes pour leur fécondation, mais la majorité s'autopollinise, tout en conservant des fleurs ouvertes comme Gastrodia confusoides, G. damingshanensis, G. nipponicoides et G. okinawaensis ou tout en ayant des fleurs fermées comme Gastrodia clausa, G. takeshimensis, G. flexistyloides, G. kuroshimensis et G. amamiana. L'autopollinisation chez les espèces cléistogames est facilitée par la perte du rostellum, une barrière physique entre les parties mâles et femelles. Cette autogamie par cléïstogamie est la première cause de spéciation dans ce genre[5].
Dès 1877, Charles Darwin est sceptique face aux cas de cléistogamie complète qui lui sont rapportés ; il pense qu'une fécondation croisée, même minime, est nécessaire à la survie de l'espèce. Les études des années 2010 et 2020 confirment tout de même ce phénomène, par exemple chez G. takeshimensis, par une génétique typique d'une autopollinisation sur plusieurs générations. Néanmoins, elles n'apportent pas plus d’éléments de compréhension. Il pourrait s'agir d'un cul-de-sac évolutif apparu par hasard avant de s'éteindre[5].
Usages
En Asie et dans le Pacifique, les espèces de Gastrodia sont utilisées comme médicaments et aliments. Gastrodia elata est utilisée comme médicament traditionnel chinois pour les vertiges et les névralgies dès l'an 100 de notre ère, tandis que les rhizomes de Gastrodia cunninghamii sont considérés comme un mets délicat par les Māoris de Nouvelle-Zélande[5].
Quelques espèces de Gastrodia
Gastrodia abscondita
Gastrodia cooperae
Gastrodia cooperae
Gastrodia cunninghamii
Gastrodia elata
Gastrodia elata
Rhizomes de Gastrodia elata sur un marché en Chine.
↑(en) Damian Carrington, « ‘Ugliest orchid in the world’ among 2020's new plant discoveries », The Guardian, (lire en ligne, consulté le )
↑(la + en) Robert Brown, Prodromus Florae Novae Hollandiae et Insulae van-Diemen, Londini, R. Taylor et socii, , 590 p. (lire en ligne)
↑A.J.L. Jourdan, Dictionnaire des termes utilisés dans les sciences naturelles : Raisonné, étymologique, synonymique et polyglotte, t. 1, Paris, J.B. Baillière, , 674 p. (lire en ligne), p. 535