Vue du versant ouest du Gangkhar Puensum depuis le Gophu La, avec à gauche du sommet la longue arête horizontale qui mène à son sommet secondaire, le Liankang Kangri (7 535 m).
Le sommet principal du Gangkhar Puensum culmine à 7 570 mètres d'altitude, ce qui en fait le point culminant du Bhoutan. Il est légèrement plus élevé que le Kula Kangri 7 538 mètres, 25 km au nord-est. Sa proéminence est de 2 995 m[1] et le plus proche sommet plus élevé est le Kangchenjunga, 230 km à l'ouest. Il présente une longue arête nord à peu près horizontale , au bout de laquelle on trouve un sommet secondaire appelé Liankang Kangri[a] (7 535 m d'altitude et 195 m de proéminence) situé entièrement en Chine, à 2 km au nord-ouest du point culminant[1].
Le versant sud-ouest du sommet avec à droite le profil de l'arête sud.
Le versant sud vu depuis la route entre Jakar et Ura.
Les versants sud et sud-ouest depuis Dochu-La.
Histoire
Identification et dénomination
Le , au cours de sa 3e expédition au Tibet, le pandit (explorateur indien pour le compte du Survey of India britannique) Ugyen Gyatso aperçoit un pic appelé Kulha Kangri, sans qu'on sache s'il s'agit de l'actuel Kula Kangri, plus au nord, ou du Gangkhar Puensum[4]. En 1922, lors d'une mission diplomatique auprès du roi du Bhoutan Ugyen Wangchuck, le political officer du SikkimFrederick Markham Bailey et le topographe militaire M. R. C. Meade repèrent la position et l'altitude du Kula Kangri (7 554 m) et d'un autre sommet au sud-ouest qu'ils dénomment Kula Kangri Sud ou simplement Kangri (7 540 m)[5].
Le Chomolhari, 7 326 m, à la frontière occidentale du Bhoutan est gravi pour la première fois en 1937 par Freddie Spencer Chapman et le sherpa Pasang Dawa Lama, et est considéré comme le plus haut sommet du Bhoutan jusque vers 1965[6]. En 1963, le géologue suisse Augusto Gansser est le premier à donner le nom de Ganker Punzum et à l'identifier comme le plus haut sommet du Bhoutan en le plaçant sur la frontière avec le Tibet[7]. En 1964 et 1965, Michael Ward (qui avait été le médecin de l'expédition victorieuse à l'Everest en 1953) et Frederic Jackson, lors d'expéditions médicales au Lunana, observent un sommet important appelé Rinchita[8],[9]. Il apparaît vite que le Ganker Punzum observé par Gansser depuis le sud et l'est, le Rinchita par Ward et Jackson depuis l'ouest, et le Kangri par Bailey et Meade depuis le nord, sont en fait un même sommet désigné par des noms locaux différents[10].
Alpinisme
Le , le sommet sud, à 6 760 m est gravi par K. I. Kumar, membre d'une expédition indo-bhoutanaise menée par D. N. Tankha, mais il semble que ce sommet ne soit qu'une bosse en prolongement de l'arête sud [11].
en une expédition de l'Himalayan Association of Japan atteint 6 880 m sur la spectaculaire arête centrale entre les faces sud-ouest et sud avant de renoncer du fait de l'œdème pulmonaire d'un des membres[11],[12] ;
en septembre et une expédition américaine, sponsorisée par le National Geographic et Rolex, et comprenant notamment Yvon Chouinard, Rick Ridgeway, John Roskelley et Douglas Tompkins, avec pour objectif les arêtes Est ou Sud-Est, ne peut parvenir à rejoindre la montagne en remontant la Chamkar Chhu[13]. Ils s'occupèrent en gravissant des 6 000 mètres vierges et en pêchant la truite[14] ;
en , une équipe autrichienne menée par Sepp Mayerl atteint 6 600 m sur l'arête sud, avant de renoncer du fait des chutes de neige et des risques d'avalanche[15] ;
en , une équipe de cinq Britanniques, un Américain et une Néo-Zélandaise (Lydia Bradey) menée par Steven K. Berry atteint 6 820 m toujours sur l'arête sud avant de renoncer devant les difficultés techniques et les vents en altitude[16].
Après l'ascension en 1992 du Namcha Barwa, à 7 782 mètres d'altitude, le Gangkhar Puensum devient le plus haut sommet vierge du monde. En 1994, le Bhoutan interdit l'ascension de tous les sommets de plus de 6 000 mètres (considérés comme sacrés) et, en 2003, l'alpinisme quel qu'il soit[17].
En 1998, une équipe japonaise reçoit de la Chine l'autorisation pour une ascension par le versant tibétain. Une reconnaissance est menée en 1998 et deux voies possibles sont identifiées : l'arête nord-est en passant par le sommet secondaire du Liankang Kangri et la face est. En raison des protestations du Bhoutan, le permis pour le Gangkhar Puensum est finalement refusé. L'objectif est détourné vers le Liankang Kangri, entièrement en Chine, et les 9 et , les neuf membres d'une équipe menée par Tsuguyasu Itami parviennent au sommet[18],[19],[20].
↑Sylvain Jouty et Hubert Odier, Dictionnaire de la montagne, Omnibus, 2009.
↑(en) Bart Jordans, Trekking in Bhutan, Cicerone Press, 2018, p.312.
↑(en) S. G. Burrard, « The Narrative Account of Lama Ugyen Gyatso's third season, 1883 », Records of the Survey of India, Vol. 18, part II : « Exploration of Tibet and Neighbouring Regions 1879-1892 », Office of the Trigonometric Survey, Dehra Dun, 1915, cité par Ward 1997, p. 19.
↑(en) Frederick Markham Bailey, « Through Bhutan and Southern Tibet », in Geographical Journal, vol. 64, 1924, p. 291-297 (JSTOR:1781811) ; H. R. C. Meade, « Narrative Report of the Bhutan and South Tibet Survey Detachment, 1922 », in Records of the Survey of India Vol. XXI, Dehra Dun, 1925 - cités par Ward 1985 et Ward 1997.
(en) Michael Ward, « Bhutan Himal : Some further observations », Alpine Journal, , p. 281-284 (lire en ligne).
(en) Michael Ward, « Some geographical and medical observations in North Bhutan », The Geographical journal, 1966, vol. 132, no 4, p. 491-506 (JSTOR:1792528).
(en) Tamotsu Nakamura, « Hightlights on the Eastern Himalaya - Gankar Punsum, Namcha Barwa and Gyala Peri massifs », Japanes Alpine News, vol. 12, , p. 2-22 (lire en ligne).