Galerie Bortier
La Galerie Bortier à Bruxelles est un passage couvert conçu par l’architecte Jean-Pierre Cluysenaar et inauguré en 1848. Elle est située dans le centre de la ville, entre la rue Saint Jean et la rue de la Madeleine. La Ville de Bruxelles en est propriétaire et sa gestion est assurée par sa Régie foncière. HistoireLa galerie doit son nom à un sieur Bortier qui avait acquis entre la rue Duquesnoy et la rue Saint-Jean des terrains rendus disponibles par la destruction de l'ancien hôpital Saint-Jean. Il proposa à la ville de Bruxelles d'y édifier le marché de la Madeleine, une halle couverte destinée aux commerces d'étalage et de colportage. Son entrée se trouvait rue Duquesnoy (il reste la façade de cette entrée, devenue la façade de la salle de concert La Madeleine). Partant de l'hôtel des Grandes Messageries, situé rue de la Madeleine, une galerie dont une partie semi-circulaire se trouvait au niveau du premier étage du marché, conduisait à la rue Saint-Jean. Le passage étroit à deux niveaux qui relie toujours la rue Saint-Jean à la rue de la Madeleine de style néorenaissance est un exemple harmonieux de l’utilisation conjointe de la fonte et du verre. La façade principale de style baroque tardif date de 1763 et est donc bien antérieure à la construction de la galerie. En 1885, constatant le succès des librairies dans la Galerie, la Ville de Bruxelles y fait construire des étagères qui en recouvrent les murs, transformant la Galerie en une véritable et imposante bibliothèque. Paul Delvaux en fit une aquarelle en 1956, lorsque planait la menace de sa disparition[1]. La façade de la rue de la Madeleine a été conservée lorsque le marché de la Madeleine fut démoli en 1958 et définitivement remplacé par une salle des fêtes de la ville de Bruxelles, qui sera temporairement occupée par un casino dans les années 2003 à 2009. Il ne subsista donc de l'ensemble que la partie rectiligne de la Galerie Bortier. Fort dégradé, le bras arrondi fut rénové en 1974 par les architectes Paul et Marcel Mignot. Le lieu, bien connu des amateurs de littérature et de livres anciens, fut à nouveau presque entièrement occupé par des étals et des échoppes de bouquinistes, à l’exception d’une galerie d’art. À partir des années 2015-2020, la Régie foncière de la Ville de Bruxelles se désintéresse progressivement de la Galerie, les libraires qui partent ne sont pas remplacés vu les loyers excessifs demandés et la fragilité des baux proposés. La Galerie se dégarnit peu à peu au grand dam des libraires, qui, tant bien que mal, essaient de la faire vivre en y organisant, de leur propre initiative, des activités culturelles. Ils sont encore au nombre de six, début 2022, lorsque la Régie lance un appel à manifestation d'intérêt pour deux espaces vacants. Sans suite. Mais début 2024 la Régie foncière annonce que la gestion de l'ensemble de la Galerie est cédée à un acteur privé, la S.A. Choux de Bruxelles, spécialisée dans les food markets qui, par ailleurs, n'avait pas pris part à l'appel à manifestation d'intérêt, deux ans plus tôt. Malgré une pétition de soutien de plus de 13 000 signatures pour que la Galerie conserve son statut de "Galerie des Bouquinistes" dans ce cadre unique, le dialogue se crispe avec la Régie foncière. Entre septembre 2023 et août 2024, trois libraires sont poussés vers la sortie pour laisser place aux nouveaux occupants : des commerces de bouche "de standing" dont l'ouverture est prévue à l'automne 2024. Une privatisation qui ne dit pas son nom sous couvert d'une "renaissance". Confrontés à un rapport de force qui ne leur laissait aucune chance et à un storytelling faisant de la Galerie Bortier une galerie de bouquinistes "par accident", tandis que sa transformation en food-market est présentée comme un retour aux sources, des libraires et amis de la Galerie créent un site internet très documenté qui retrace son histoire depuis sa naissance. On y apprend, documents d'archives à l'appui, que dès 1848 et l'ouverture du Marché de la Madeleine, la Galerie a toujours été occupée par des libraires dont le commerce était florissant, tandis que le Marché de victuailles ne prospéra jamais. En avril 1958, la revue Graphica publiait un article qui commençait ainsi : Bien souvent, l’histoire d’un livre a commencé chez l’imprimeur et fini à la Galerie Bortier. Nous ne savons pas ce qu’il adviendra d’un des coins les plus pittoresques de la Capitale, après les transformations opérées à la Salle de la Madeleine. Là n’est pas notre objet. Nous voulons raconter l’histoire de cette vieille galerie. Accès
Références
Liens externes
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