Le Francevillien est une série stratigraphique du bassin de l'Ogooué, situé au sud-est du Gabon. Datée du Paléoprotérozoïque, elle présente la particularité d'être exclusivement constituée de roches sédimentaires et de n'avoir été affectée par aucun processus métamorphique, contrairement à ce que l'on observe généralement dans le monde pour les roches de cette époque. Les roches du Francevillien affleurent sur une surface d'environ 35 000 km2[1].
Historique et étymologie
Le terme de Francevillien n'apparaît pour la première fois qu'en 1954, dans la notice de la carte géologique de Franceville-est. Il dérive de la localité de Franceville, chef-lieu de la province du Haut-Ogooué, dont le nom fut lui-même attribué par Pierre Savorgnan de Brazza, en 1880[1].
Datation
Le Francevillien s'est entièrement déposé, et sans lacune notable, durant l'ère du Paléoprotérozoïque.
Les sédiments du Francevillien sont les mieux datés au monde au sein du Paléoprotérozoïque. Les valeurs retenues pour son âge le situent entre 2,1 et 2,4 Ga (milliards d'années)[2].
Divisions stratigraphiques du Francevillien
Depuis la base de la série jusqu'à son sommet, les différentes divisions du Francevillien, qui correspondent à différents faciès sont notées : FA, FB, FC, FD, et enfin FE[1].
Paléoenvironnement
Le Francevillien s'est déposé dans quatre bassins qui communiquaient par des seuils et pour lesquels la configuration de départ et la tectonique ont entraîné des histoires sédimentaires divergentes[1] qui sont le bassin de Boué, le bassin de Lastoursville, le bassin d'Okondja et le bassin de Franceville.
Les sédiments du Francevillien se sont déposés durant le pic atmosphérique de dioxygène du Paléoprotérozoïque appelé GOE (Great Oxidation Event), ou grande oxydation[3].
Parmi les différentes minéralisations présentes au sein du Francevillien, celle de l'uranium représente un cas à part en raison de son caractère exceptionnel à l'échelon mondial[4],[5]. La couche FA recèle en effet les sites des réacteurs d'Oklo, unique cas sur la planète de réacteurs nucléaires naturels[6],[7],[8].
La première découverte de restes d'organismes vivants fossilisés dans le Francevillien fut publiée en 1966[9]. Mais ce n'est que depuis la fin du xxe siècle et le début du xxie siècle que les découvertes paléontologiques dans les sédiments du Francevillien se multiplient.
↑ abc et dFrancis Weber, Une série précambrienne du Gabon : le Francevillien. Sédimentologie, géochimie, relations avec les gîtes minéraux associés, Strasbourg, France, Université de Strasbourg - Thèse, , 327 p. (lire en ligne)
↑ a et bFranz-Gérard Ossa Ossa, Étude multi-approches du bassin sédimentaire paléoprotérozoïque (2,1-2,4 Ga) de Franceville au Gabon : les environnements sédimentaires et l'impact des paléocirculations de fluides, Poitiers, Université de Poitiers - Thèse, (lire en ligne)
↑(en) Donald E. Canfield, « Oxygen dynamics in the aftermath of the Great Oxidation of Earth’s atmosphere », PNAS, vol. 110, no 42, , p. 16736-16741 (lire en ligne)
↑François Gauthier-Lafaye, Les gisements d'uranium du Gabon et les réacteurs d'Oklo. Modèle métallogénique des gîtes à forte teneur du Protérozoïque inférieur (Thèse), Strasbourg, Université de Strasbourg, , 245 p. (lire en ligne)
↑La planète protégée, Orléans, France, BRGM, coll. « Les observateurs de la Terre », , 48 p.
↑(en) Donald E. Canfield et al., « Oxygen dynamics in the aftermath of the Great Oxidation of Earth’s atmosphere », PNAS, vol. 110, no 42, , p. 16736-16741 (DOI10.1073/pnas.1315570110)
↑(en) F. Gauthier-Lafaye, F. Weber et H. Ohmoto, « Natural fission reactors of Oklo », Economic Geology, vol. 84, no 8, , p. 2286-2295 (DOI10.2113/gsecongeo.84.8.2286)
↑Thierry Mulder, Jean-Louis Feybesse, François Guillocheau et Olivier Parize, Contexte tectono-sédimentaire du bassin de Franceville (Gabon) (communication dans un congrès : Association des Sédimentologistes Français. 14e congrès français de sédimentologie, nov. 2013, Paris, France), (lire en ligne), p. 294
↑ a et bRobert Feys, « À propos de l'ancienneté de la flore continentale : découverte de « charbons » et de « phytomorphes » dans le Francevillien (Précambrien du Gabon) », Bulletin de la Société Géologique de France, vol. 7, , p. 638-641
↑Pascal Bouton, « Le Gabon à l'aube de la vie », Pour la Science, no 413, , p. 50-57 (lire en ligne)
↑(en) Jeannine Bertrand-Sarfati, « Microfossiliferous cherty stromatolites in the 2000 Ma Franceville Group, Gabon », Precambrian Research, vol. 65, nos 1–4, , p. 341-356 (lire en ligne)
↑(en) Bertrand Amar, « Microfossils in 2000 Ma old cherty stromatolites of the Franceville Group, Gabon », Precambrian Research, vol. 81, nos 3–4, , p. 197-221 (lire en ligne)
↑(en) Abderrazak El Albani, « Large colonial organisms with coordinated growth in oxygenated environments 2.1 Gyr ago », Nature, no 466, , p. 100-104 (lire en ligne)
↑(en) Abderrazak El Albani, « The 2.1 Ga Old Francevillian Biota: Biogenicity, Taphonomy and Biodiversity », PLOS ONE, (lire en ligne)
↑(en) M. Moussavou, « Multicellular Consortia Preserved in Biogenic Ductile-Plastic Nodules of Okondja Basin (Gabon) by 2.1 Ga », Journal of geology & geophysics, (lire en ligne)
↑(en) A. Edou-Minko et al., « An Akouemma hemisphaeria Organic Macrofossils Colony Hosting Biodiversity Assemblage on the Seafloor of Okondja Basin (Gabon) dated at 2.2 Ga », Journal of geology & Geophysics, (lire en ligne)
↑(en) A. Edou-Minko et al., « Growth, Duplication and Lateral Mutual Compressive Deformation of Akouemma hemisphaeria on the Seafloor of Okondja Basin at 2.2 Ga (Gabon) », International Journal of geosciences, , p. 20 (DOI10.4236/ijg.2017.89067)