D'ascendance polonaise — son grand-père, industriel dans le plastique, a disparu en déportation au cours de la Seconde Guerre mondiale —, Françoise Abraham est éduquée dans une culture mélomane, en particulier grâce à son père, ingénieur en électronique pratiquant le violon. Elle s'oriente vers la danse dès sa jeune enfance et est remarquée par Daniel Franck qui l'invite régulièrement à venir la pratiquer au Studio Wacker où elle côtoie Patrick Dupond, Noëlla Pontois, Roland Petit et Zizi Jeanmaire[1].
Depuis 1973 jusqu'à son obtention du baccalauréat, ses études au lycée Racine de Paris demeurent étroitement liées à la danse. Elle délaisse cependant le classique et s'oriente vers la danse contemporaine à partir de 1978, d'abord chez Peter Goss puis avec Redha, Régine Chopinot, Michel Casertat, les Ballets Jazz de Paris[1].
Glissant de la danse à la conception des costumes, à l'élaboration des décors, au design, enfin à la sculpture, c'est auprès de Maurizio Toffoletti qu'elle commence l'apprentissage de la taille du marbre. Elle délaisse totalement la danse pour se consacrer à la sculpture en 1994, se familiarisant avec les techniques du marbre en séjournant en Italie dans un atelier de sculpture de Pietrasanta. Mettant au point ensuite elle-même sa propre technique de la résine en couleur, elle restitue : « la danse était pour moi vitale, mais, en visitant les musées et en voyant les sculptures exposées, j'ai eu un vrai déclic et ai ressenti le besoin de la taille du marbre. Danse et sculpture sont deux disciplines très proches où l'on travaille la matière et le corps dans l'espace »[1].
Le magazine Maison et Jardin se demande si Françoise Abraham incarne la folie consumériste à elle seule ou si, au contraire, elle la dénonce : « d'un bout à l'autre de la planète, les Femmes sculptées dans l'énergie de l'instant par Françoise Abraham captent le regard, attirent par leur frivolité et enseignent une double lecture »[2].
La femme pressée, résine monumentale 230x195x82cm (hall B) et Femmes callipyges, bronzes et résines (hall A), aéroport de Bordeaux-Mérignac (partenariat Chambre de commerce et d'industrie et la Galerie rouge, Bordeaux), juin-septembre 2007[3].
8e Salon automnal de peinture et de sculpture, salle Corentin-Ansquer, Rouxmesnil-Bouteilles (Françoise Abraham, invitée d'honneur), novembre 2016[22].
Elles - Femmes artistes : Katazyna Kot-Bach, Dganit Blechner, Françoise Abraham, Centre culturel de rencontre de l'abbaye de Neumünster, Luxembourg, avril 2019[28].
Salon des grandes signatures, chapelle Saint-Jacques, Vendôme, avril 2019[29].
« J'essaie d'avoir une certaine dérision dans mon travail. L'humour est le moteur de mon existence. Ce que je recherche le plus, c'est de pouvoir saisir le mouvement qui concentre l'action que j'ai choisie. J'aime que ce mouvement soit exagéré comme si le geste ne suffisait pas. Je ne suis jamais à bout d'outrance. La sculpture doit être le résultat d'une énergie qui est capable de libérer une forme révélatrice et de dévoiler d'un coup le visible et l'invisible. » - Françoise Abraham[1]
« Je sculpte la féminité au sens large. La difformité de mes corps représente le poids des choses. » - Françoise Abraham[2]
Réception critique
« Les disproportions que Françoise Abraham impose à ses personnages les propulsent vers le ciel, comme s'ils étaient aspirés par quelques courants ascendants. C'est toute une panoplie de figurines qui défilent devant nous dans une danse sensuelle et ininterrompue. Les femmes attachantes de Françoise Abraham courent, s'allongent, portent leurs enfants, font des courses dans des impulsions venant du cœur. Elles respirent le monde avec tendresse et humour, aspirent à s'échapper de la pesanteur et tentent de se libérer de l'attraction terrestre pour mieux atteindre leurs rêves. » - Patrice de La Perrière[34]
« Contorsions et ruptures volumiques se superposent au service de la représentation d'un seul et unique corps. Celui-ci est au centre des préoccupations de l'artiste. Autrefois danseuse classique, elle connaît mieux que quiconque le pouvoir esthétique de l'équilibre du corps en mouvement, en particulier lorsqu'il associe force, sensualité et légèreté. En ce sens on peut dire que, plus encore que l'étude des volumes et de leurs mouvements, c'est cette symbiose qui est au cœur de la pratique sculpturale de Françoise Abraham. » - Thibaud Josset[5]