En mathématiques, la notion de limite est au cœur de nombreux phénomènes et donne lieu à une théorie appelée topologie :
(1) Si E et F sont des espaces topologiques, f une fonction de E dans F et a un point de E, on dit que « f(x) tend vers une limite ℓ ∈ F lorsque x tend vers a » si pour tout voisinageV de ℓ dans F, il existe un voisinage U de a dans E tel que f(U) ⊂ V.
(2) Si A est une partie non vide de la droite réelle achevéeℝ et a ≠ –∞ est un point adhérent à A, on appelle limite à gauche de f au point a, relativement à A, une quantité ℓ ∈ F telle que pour tout voisinage V de ℓ dans F, il existe un voisinage U de a dans ℝ tel que f(U ∩ A ∩ ]–∞, a[) ⊂ V ; lorsque F est séparé, une telle quantité ℓ est unique et notée .
dans le cas (1) ci-dessus, pour que f(x) tende vers une limite ℓ ∈ F lorsque x tend vers a, il faut et il suffit que pour toute suite (xn) de E convergeant vers a, la suite (f(xn)) converge vers ℓ dans F ;
dans le cas (2), pour que ℓ ∈ F soit limite à gauche de F au point a, relativement à A, il faut et il suffit que pour toute suite (xn) de A ∩ ]–∞, a[ convergeant vers a, la suite (f(xn)) converge vers ℓ dans F.
La caractérisation des limites au moyen de suites devient impossible lorsque les points de E n'admettent pas un système fondamental dénombrable de voisinages. C'est le cas, par exemple, si E est un espace localement convexelimite inductive stricte d'une suite strictement croissante d'espaces de Fréchet. De tels exemples se rencontrent en théorie des distributions. On peut alors remplacer les suites par des suites généralisées (ou « suites de Moore-Smith » ou filets[4]). Mais selon Bourbaki[5],
« L'introduction des filtres par H. Cartan, tout en apportant un instrument très précieux en vue de toutes sortes d'applications (où il se substitue avantageusement à la « notion de convergence à la Moore-Smith »), est venue, grâce à la théorie des ultrafiltres, achever d'éclaircir et de simplifier la théorie. »
« Filters have many other uses — in set theory, logic, algebra, etc. — but filters can also be used to study convergences. In fact, nets and filters yield essentially the same results about convergences. Some mathematicians prefer nets or prefer filters, and use only one system or the other. It is this author's opinion that the ideas of nets and filters complement each other; they should not be viewed as two separate systems of ideas. »
Les filets permettent de traiter les problèmes classiques de topologie (ceux ayant trait aux questions de convergence) au même titre que les filtres[7], tandis que les filtres s'avèrent, sinon nécessaires, du moins mieux adaptés, pour des problèmes de topologie plus exotiques[8].
Définition
Étant donné un ensemble E, on appelle filtre sur E toute partie ℱ de P(E) (ensemble des parties de E) telle que[9] :
toute partie de Eincluant un élément de ℱ appartient à ℱ ;
l'axiome 2 est équivalent à la conjonction des deux axiomes suivants :
2a. l'intersection de deux éléments de ℱ appartient à ℱ,
2.b. E (l'intersection de la famille vide[10]) appartient à ℱ ;
les axiomes 2.b et 3 montrent qu'il n'y a pas de filtre sur l'ensemble vide ;
en présence de l'axiome 1 :
l'axiome 2.b équivaut à : ℱ est non vide ;
l'axiome 3 équivaut à : ℱ ≠ P(E).
Exemples
Soit A un sous-ensemble non vide d'un ensemble E. L'ensemble est un filtre, qu'on dit être un filtre principal. Le filtre principal () est souvent noté .
Soit E un espace topologique et x un élément de E. L'ensemble des voisinages de x est un filtre sur E appelé filtre des voisinages de x[11]. Dans le cas particulier où la topologie de E est discrète, on retombe sur un filtre principal puisque pour la topologie discrète, une partie de E est un voisinage de x si et seulement si elle contient x.
Soit A un sous-ensemble de E et ℱ un filtre sur E. La trace ℱA de ℱ sur A est un filtre sur A si et seulement si tout élément de ℱ rencontre A. Cette trace ℱA est alors appelée le filtre induit par ℱ sur A[12].
Soit une famille non vide de filtres sur un ensemble E. L'ensemble est un filtre sur E, appelé filtre intersection de la famille .
Bases de filtre
Définition
Soit E un ensemble. Une partie ℬ de P(E) est une base de filtre si l'ensemble ℱ = inclut un élément de ℬ est un filtre[13]. On dit alors que ℬ est une base du filtre ℱ ou encore que ℱ est le filtre engendré par ℬ.
Condition
Pour que ℬ soit une base de filtre, il faut et il suffit qu'il possède les trois propriétés suivantes[14] :
ℬ est non vide,
ℬ ne contient pas l'ensemble vide,
L'intersection de deux éléments de ℬ inclut un élément de ℬ.
Démonstration
De la définition de ℱ à partir de ℬ, on déduit que :
;
;
ℱ vérifie toujours la propriété (3) de la définition des filtres ;
donc si ℱ vérifie la propriété (4) alors en particulier , ce qui est une reformulation de la troisième condition ci-dessus ;
réciproquement, si alors ℱ vérifie (4) car pour tout couple (A,B) d'éléments de ℱ, A∩B contient un élément de ℱ donc — comme ℱ vérifie (3) — A∩B est lui-même un élément de ℱ.
Noter qu'une base de filtre ℬ, collection d'ensembles quelconques satisfaisant aux trois conditions ci-dessus, est ainsi définie indépendamment de tout filtre particulier, et même de tout ensemble englobant E. Pour tout ensemble E surensemble de tous les éléments de ℬ, il existe un filtre ℱ et un seul sur E dont ℬ est base.
Remarque[14],[15] : étant donné un filtre ℱ, un sous-ensemble ℬ de ℱ en est une base si et seulement si tout élément de ℱ contient un élément de ℬ.
Une prébase de filtre sur E est un ensemble non vide 𝒫 de parties de E dont toute intersection finie est non vide. Ces intersections finies forment alors une base du plus petit filtre contenant 𝒫[16], et l'on dit que 𝒫 est une prébase de ce filtre.
est une base du filtre des voisinages de 0 dans ℝ ; en est une autre ; en est encore une autre (cette dernière a l'avantage d'être dénombrable).
Plus généralement, soit E un espace métrique et x un point de E, l'ensemble des boules ouvertes (ou fermées) de centre x et de rayon r > 0 est une base du filtre des voisinages de x.
Dans ℝ, est une base du filtre des voisinages épointés de 0, permettant de définir la limite épointée (ou limite par valeurs différentes) d'une fonction en 0.
Dans ℝ, est une base du filtre des voisinages à droite de 0 (épointés), permettant de définir la limite à droite en 0 (ou limite par valeurs strictement supérieures).
Dans ℝN, l'ensemble des complémentaires des boules de centre 0 est une base du filtre des parties de complémentaire borné. Il permet de définir la notion de limite à l'infini d'une fonction définie sur ℝN.
Soient ℱ1 et ℱ2 deux filtres sur un ensemble E. On dit que ℱ2 est plus fin que ℱ1 — ou que ℱ1 est plus grossier que ℱ2 — si ℱ1 ⊂ ℱ2. Supposons que ℱ1 (resp. ℱ2) ait pour base ℬ1 (resp. ℬ2). Pour que ℱ2 soit plus fin que ℱ1, il faut et il suffit que tout élément de ℬ1 inclue un élément de ℬ2.
Propriétés
Le filtre intersection d'une famille non vide de filtres sur E est moins fin que chaque filtre de cette famille[1].
La réunion de toute chaîne non vide de filtres sur E est un filtre sur E. C'est le plus grossier des filtres sur E plus fins que chaque filtre de cette chaîne[1].
Pour qu'il existe un filtre sur E plus fin que ℱ1 et que ℱ2, il faut et il suffit que l'intersection d'un élément de ℱ1 et d'un élément de ℱ2 ne soit jamais vide[1].
Ultrafiltre
Un ultrafiltre est un filtre maximal pour l'inclusion. En d'autres termes, ℱ est un ultrafiltre si et seulement si ℱ est le seul filtre plus fin que ℱ.
Les filtres principaux du type (cf. exemples ci-dessus) sont des ultrafiltres (souvent aussi appelés ultrafiltres triviaux).
Tout filtre est inclus dans un ultrafiltre ; autrement dit, pour tout filtre ℱ, il existe un ultrafiltre plus fin que ℱ. C'est une conséquence classique de l'axiome du choix ou de son équivalent le lemme de Zorn ; mais, réciproquement, l'axiome du choix s'avère nécessaire pour pouvoir construire des ultrafiltres non principaux (il y a des modèles de ZF dans lesquels il n'en existe pas sur les entiers, par exemple).
En revanche l'énoncé UF = « tout filtre peut être prolongé en un ultrafiltre » est strictement plus faible que l'axiome du choix, c'est-à-dire que (si ZF est consistante) alors il existe des modèles de ZF+UF dans lesquels AC est faux[17].
On notera qu'un filtre sur un ensemble E est un ultrafiltre si et seulement si toute partie A de E possède la propriété suivante: ou .
Dans l'énoncé précédent, est le complémentaire de A dans E et la disjonction est nécessairement exclusive.
Démonstration
Il est immédiat qu'un filtre sur E présentant la propriété est un ultrafiltre, les éléments de ne lui appartenant pas ayant nécessairement une intersection vide avec l'un de ses éléments. La réciproque se démontre par l'absurde sur la propriété suivante: soit filtre sur E, et A, partie de E telle que ne soit pas élément de , alors, nécessairement, l'intersection de A avec tout élément de est non vide (sinon le complémentaire de A contiendrait un élément de et serait donc élément de ). Donc est prébase d'un filtre contenant et dont A est élément.
Filtre convergent, point adhérent à un filtre
Soient E un espace topologique et x un élément de E.
On dit que
un filtre sur Econverge vers x s'il est plus fin que le filtre des voisinages de x ; on exprime cela aussi en disant que x est une limite du filtre
une base de filtre sur E converge vers x si le filtre qu'elle engendre converge vers x.
x est adhérent à un filtre ℱ (sur E) si tout voisinage V de x et tout élément F de ℱ se rencontrent. Autrement dit il existe un filtre ℱ ' qui contient à la fois ℱ et ou encore il existe un filtre ℱ ' plus fin que ℱ qui converge vers x.
L'ensemble des points adhérents à un filtre ℱ est un fermé : c'est .
Si un filtre ℱ converge vers x alors x est adhérent à ℱ. La réciproque est vraie si ℱ est un ultrafiltre.
L'espace E est séparé si, et seulement si tout filtre sur E ne peut avoir plus d'une limite.
Filtre image, limite d'une fonction
Soit E et F deux ensembles, f une fonction de E dans F et ℱ un filtre sur E. Le filtre image de ℱ par f est par définition l'ensemble des parties de F dont l'image réciproque par f appartient au filtre ℱ. Une base de ce filtre est l'ensemble f(ℱ) des images directes des éléments de ℱ.
Lorsque F est un espace topologique et y un élément de F, on dit que f converge vers y suivant ℱ, et on écrit , si f(ℱ) converge vers y. Cela généralise la notion habituelle de limite : lorsque E est également un espace topologique, a est un point de E et ℱ est le filtre des voisinages de a, on dit, lorsque f converge vers y suivant ℱ, que f(x) tend vers y lorsque x tend vers a ; si A est un sous-espace de E, a est un point adhérent à A et ℱ est la trace sur A du filtre des voisinages de a, on dit, lorsque f converge vers y suivant ℱ, que y est limite de f au point a, relativement au sous-espace A. On écrit dans le premier cas, dans le second. On dit que f est continue au point si .
(1) Si f est continue au point a et est un filtre de E convergeant vers a, alors converge vers .
(2) Inversement, f est continue au point a si l'une des conditions équivalentes suivantes est vérifiée :
(a) Pour tout filtre de E convergeant vers a, converge vers .
(b) Pour tout ultrafiltre de E convergeant vers a, converge vers .
Démonstration
(1) Si f est continue au point a, pour tout voisinage V de dans F, il existe un voisinage U de a dans E tel que . Alors si est un filtre de E convergeant vers a, on a , donc , et donc converge vers .
(2) Étant donné un filtre de E convergeant vers a, il existe un ultrafiltre plus fin que lui, donc convergeant vers a. Puisque tout ultrafiltre est un filtre, les conditions (a) et (b) sont équivalentes. Supposons la condition (a) vérifiée. Soit le filtre des voisinages de a dans E. Puisque converge vers , tout voisinage de dans F appartient à , donc il existe un voisinage U de a dans E tel que , ce qui montre que f est continue au point a.
Filtre élémentaire
Soit une suite généralisée (ou filet) dans un ensemble E et, pour tout , . L'ensemble est une base de filtre de E, appelé base du filtre élémentaire associé au filet . Ce filtre élémentaire est l'image du filtre de Fréchet de I par la fonction de I dans E.
Réciproquement, soit un filtre sur un ensemble E, une base de , filtrante pour l'inclusion. Pour tout , soit . Le filet est dit associé à (il n'y a pas unicité d'un filet associé à un filtre).
On dit qu'un filet d'un ensemble E converge vers un point a de E si pour tout voisinage U de a, il existe tel que pour tout .
Lemme — Soit E un espace topologique, un filet de E, le filtre élémentaire associé, et . Les conditions suivantes sont équivalentes :
(a) converge vers a.
(b) converge vers a.
Démonstration
Supposons (a) vérifié et soit V un voisinage de a. Il existe donc tel que , donc pour tout , et (b) est vérifié. La réciproque se montre de la même manière.
Théorème — Un filtre sur un ensemble E est le filtre intersection des filtres élémentaires plus fins que lui.
Démonstration
Soit un filtre sur E et une base de . Soit l'ensemble des parties finies de I et, pour tout , . Alors est une base de et si (), alors . Soit pour tout . Le filtre élémentaire associé au filet est plus fin que , donc le filtre , intersection des filtres élémentaires plus fins que , existe. Ce filtre est évidemment plus fin que . Supposons qu'il soit strictement plus fin. Il existerait alors un ensemble tel que pour tout . Soit pour tout . Le filtre élémentaire associé au filet serait plus fin que et M n'appartiendrait pas à ce filtre, contrairement à la définition de
Corollaire — Soit un filtre sur un espace topologique E et . Les conditions suivantes sont équivalentes :
(a) converge vers a.
(b) Tout filtre élémentaire plus fin que converge vers a.
(c) Tout filet associé à converge vers a.
Démonstration
Il est clair que (b) équivaut à (c) et que (a) implique (b). Réciproquement, si la condition (b) est vérifiée, le filtre intersection des filtres élémentaires plus fins que , c'est-à-dire d'après le théorème, converge vers (a), donc la condition (a) est vérifiée.
De même :
Corollaire — Soit un filtre sur un espace topologique E et . Les conditions suivantes sont équivalentes :
(a) a est un point adhérent au filtre .
(b) Il existe un filtre élémentaire plus fin que , convergeant vers a.
(c) Il existe un filet associé à , convergeant vers a.
Démonstration
On a vu plus haut que (a) équivaut à (b). D'autre part, (b) équivaut à (c) d'après le lemme.
Théorème : Un espace topologique séparé E est compact si et seulement si tout filtre de E admet un point adhérent, ou encore si et seulement si tout ultrafiltre de E converge.
Par définition, un espace topologique est compact s'il est séparé et quasi-compact, et un espace E est quasi-compact si de toute famille de fermés de E d'intersection vide on peut extraire une famille finie d'intersection vide. On prouve ici l'équivalence[19] :
E est quasi-compact si et seulement si tout filtre sur E admet un point adhérent.
Soient E quasi-compact et ℱ un filtre sur E. Pour toute partie finie J de ℱ, ∩A∈JA ≠ ∅ (puisque ℱ est un filtre) et a fortiori ∩A∈JA ≠ ∅ donc (par quasi-compacité) ∩A∈ℱA ≠ ∅, c'est-à-dire que ℱ a des points adhérents.
On suppose que tout filtre sur E admet un point adhérent. Soit (Fi)i∈I une famille de fermés de E pour laquelle il est impossible d'extraire une famille finie d'intersection vide : pour toute partie finie J de I, l'ensemble FJ défini par FJ = ∩i∈JFi est non vide. Alors la famille des FJ (indexée par les parties finies J de I) est non vide (car elle comprend au moins F∅, égal à E par convention), elle est constituée d'ensembles non vides, et FJ∩FK = FJ∪K. C'est donc une base de filtre, et le filtre ℱ sur E qu'elle engendre admet par hypothèse un point adhérent : ∅ ≠ ∩A∈ℱA ⊂ ∩i∈IFi = ∩i∈IFi. On a prouvé que toute famille de fermés dont les intersections finies sont non vides est d'intersection non vide, ce qui exprime la quasi-compacité de E.
Filtre de Cauchy
Espace métrique
Dans un espace métrique, une suite est dite de Cauchy si pour tout réel r strictement positif, il existe un rang à partir duquel les termes de la suite sont tous distants les uns des autres de moins de r.
Cette notion se généralise aux filtres en définissant : dans un espace métrique, un filtre est de Cauchy si pour tout réel strictement positif, il existe un élément du filtre de diamètre inférieur ou égal à ce réel.
On vérifie qu'une suite est de Cauchy si et seulement si le filtre associé (le filtre image par la suite du filtre de Fréchet sur ℕ) est lui aussi de Cauchy.
Un espace métrique est dit complet si toute suite de Cauchy y converge. On montre que cela équivaut à dire que tout filtre de Cauchy y converge.
Par contre, dans un espace métrique quelconque, un filtre convergent, tout comme une suite convergente, est toujours de Cauchy.
Dans un espace uniforme, une suite de Cauchy est définie par le fait que pour tout entourage, il existe un rang à partir duquel tous les couples de termes de la suite appartiennent à l'entourage. Un filtre de Cauchy est défini par le fait que pour tout entourage, il existe un élément du filtre dont le carré cartésien est sous-ensemble de cet entourage.
Si l'espace uniforme est associé à un espace métrique, ces deux définitions équivalent aux définitions correspondantes données ci-dessus pour les espaces métriques.
Dans un espace uniforme, la notion de complétude ne peut plus être définie de façon indifférente par la convergence des filtres de Cauchy ou des suites de Cauchy. Il existe ainsi dans un espace uniforme deux notions de complétude : on dit que l'espace uniforme est
complet si tout filtre de Cauchy y converge,
séquentiellement complet si toute suite de Cauchy y converge.
La complétude tout court entraîne la complétude séquentielle ; la réciproque est vraie si l'espace uniforme peut être associé à une métrique, mais pas en général.
Dans un espace uniforme, comme dans un espace métrique, les suites et les filtres convergents sont toujours de Cauchy.
En particulier, si est un filet de E et est le filtre élémentaire associé, ce filtre est borné si, et seulement s'il existe tel que est un sous-ensemble borné de E. C'est le cas si est une suite de Cauchy (avec .
Soit E un espace localement convexe. Les conditions suivantes sont équivalentes :
(a) Toute partie bornée et fermée de E est complète (pour la structure uniforme induite par celle de E).
(b) Tout filtre de Cauchy borné de E est convergent.
L'espace localement convexe E est dit quasi complet si l'une des conditions équivalentes ci-dessus est satisfaite.
Démonstration des équivalences : Supposons (a) satisfaite, soit un filtre de Cauchy borné de E et une partie bornée de E. La trace sur A de est un filtre de Cauchy sur l'adhérence A de A qui est une partie fermée et bornée de E. Donc converge, et par suite converge puisque ; donc (b) est satisfaite. Réciproquement, supposons (b) satisfaite, soit A une partie fermée bornée de A et un filtre de Cauchy de A. Ce filtre est un filtre borné de E, donc converge, et (a) est donc satisfaite.
↑C'est cette caractérisation qui est choisie comme définition d'une base de filtre dans Claude Wagschal, Topologie et analyse fonctionnelle, Hermann, coll. « Méthodes », (ISBN978-2-7056-6243-1), p. 76.
↑(en) James D. Halpern et Azriel Levy, The Boolean prime ideal theorem does not imply the axiom of choice, vol. XIII, t. 1, American Mathematical Society, coll. « Proceedings of symposia in pure mathematics », (DOIhttp://dx.doi.org/10.1090/pspum/013.1), p. 83-134
↑Bourbaki, p. I.59 et Wagschal 1995, p. 167-168 prennent la caractérisation par les filtres comme définition de la compacité, mais démontrent aussitôt l'équivalence avec la propriété de Borel-Lebesgue. La preuve présentée ici est essentiellement la même.