Fièvre et grossesse

La fièvre (définie par une température rectale supérieure ou égale à 38 °C) est un symptôme courant au cours de la grossesse, concernant près de 15 % des cas. Bien que souvent bénigne, elle doit toujours faire consulter un médecin en raison des risques qu'elle fait courir à la mère, à la grossesse, et à l'enfant[1],[2],[3]. Car chez la femme une hyperthermie de plus de 1,5 °C durant 24 h durant les 3 premiers mois de la gestation augmente de façon significative le risque d'anomalies de fermeture du tube neural[4].

Ces risques sont rarement menaçants pour la mère, mais dépendent de la cause de la fièvre. Le risque fœtal[5],[6],[7] est triple : l'infection materno-fœtale avec infection néo-natale, la menace d'accouchement prématuré[8], et les embryofœtopathies[9],[10].

Conduite à tenir

À l'interrogatoire

  • Affirmer la fièvre : prise de la température rectale,
  • Se renseigner sur son ancienneté, son intensité, son évolution,
  • Consulter le carnet de santé et rechercher les vaccinations, le statut sérologique (rubéole, toxoplasmose, syphilis, sida, etc),
  • Suivi de la grossesse, dernières consultations,
  • Notion de contact avec un proche infecté, de voyage récent (en particulier en zone palustre),
  • Prises médicamenteuses récentes,
  • Et bien sûr les signes fonctionnels ressentis

Les signes qui doivent alerter tout particulièrement sont : une rupture de la poche des eaux, la diminution ou la disparition des mouvements actifs du fœtus, et l'apparition de contractions utérines.

À l'examen

  • Prise des constantes vitales (pression artérielle, pouls, poids)
  • Hauteur utérine, rythme cardiaque fœtal, échographie fœtale au moindre doute
  • Examen au spéculum : recherche d'un écoulement de liquide et de signes de chorio-amniotite
  • Toucher vaginal à la recherche de douleurs provoquées et de modifications cervicales évoquant une menace d'accouchement prématuré.
  • Enregistrement du rythme cardiaque fœtal.

Examens biologiques

Étiologie

Chorioamniotite

C'est une infection du placenta et du liquide amniotique favorisée par la rupture prématurée de la poche des eaux (infection ascendante). Les principaux facteurs de risque sont le tabac et un antécédent d'accouchement prématuré. Le tableau clinique est dominé par une fièvre, des douleurs abdominales provoquées par les contractions utérines, des leucorrhées plus ou moins sales. Il y a souvent une anomalie de l'enregistrement du rythme cardiaque fœtale signant une souffrance fœtale, le risque d'infection néo-natale est majeur. La fièvre ne se fait pas obligatoirement ressentir chez la femme enceinte. Le germe responsable n'est pas toujours retrouvé au cours des examens.

La tocolyse est formellement contre-indiquée. Le traitement repose sur l'extraction fœtale urgente par césarienne, associée à une antibiothérapie intraveineuse pour la mère.

Les principales complications sont le décès périnatal et la leucomalacie périventriculaire.

Infection à Listeria monocytogenes

voir Listériose.

Association d'une néphropathie microbienne, d'une pyélite et d'une infection urinaire est la cause la plus fréquente, suspectée devant des douleurs lombaires et un ECBU positif.

Fréquente et de diagnostic plus difficile : l'ascension de l'appendice provoqué par le développement de l'utérus donne des douleurs du flanc, parfois même de l'hypochondre droit. Le traitement est chirurgical, sous cœlioscopie.

Autres causes

etc.

Traitement

Garder à l'esprit que toute fièvre au cours de la grossesse est, jusqu'à preuve du contraire, une listériose. Pour cela, le bilan initial comprendra obligatoirement des hémocultures avec recherche spécifique de listéria, puis est débuté, en dehors d'une cause évidente autre, un traitement antibiotique par amoxicilline (ou érythromycine en cas d'allergie aux pénicillines), en attendant le résultat des examens complémentaires. En dehors d'une menace d'accouchement prématuré, le traitement est ambulatoire. On lui ajoute des antipyrétiques (type paracétamol), et une bonne hydratation (boire 2 litres d'eau par jour).

Références

  1. Bénédicte Girard et Michel Dreyfus, « Fièvre et grossesse », Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, vol. 37,‎ , p. 41–48 (DOI 10.1016/S0368-2315(08)70503-9, lire en ligne, consulté le )
  2. « Principales complications de la grossesse: Fièvre et grossesse », La Revue du praticien, vol. 52, no 1,‎ , p. 85-90 (ISSN 0035-2640, lire en ligne, consulté le )
  3. Arena, Francesca, « Des maladies genrées au XVIIIe siècle ? La fièvre de lait et les maladies lactées », Cahiers du genre, no 60,‎ (ISSN 1165-3558, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Marshall J. Edwards, « Review: Hyperthermia and fever during pregnancy », Birth Defects Research Part A: Clinical and Molecular Teratology, vol. 76, no 7,‎ , p. 507–516 (ISSN 1542-0760, DOI 10.1002/bdra.20277, lire en ligne, consulté le )
  5. Anne-Marie Nybo Andersen, Pernille Vastrup, Jan Wohlfahrt et Per Kragh Andersen, « Fever in pregnancy and risk of fetal death: a cohort study », The Lancet, vol. 360, no 9345,‎ , p. 1552–1556 (DOI 10.1016/S0140-6736(02)11518-2, lire en ligne, consulté le )
  6. rédaction Les Parents, « Fièvre et grossesse : risqué pour Bébé ? », www.parents.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « La fièvre pendant la grossesse augmenterait le risque d'autisme », consoGlobe,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Célia Basurko, Gabriel Carles, Mohamed Youssef et Wael E. L. Guindi, « Maternal and foetal consequences of dengue fever during pregnancy », European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, vol. 147, no 1,‎ , p. 29–32 (DOI 10.1016/j.ejogrb.2009.06.028, lire en ligne, consulté le )
  9. Agnès Le Gouez, Alexandra Benachi et Frédéric J. Mercier, « Fever and pregnancy », Anaesthesia Critical Care & Pain Medicine, vol. 35,‎ , S5–S12 (DOI 10.1016/j.accpm.2016.06.007, lire en ligne, consulté le )
  10. « Fever in Pregnancy - Infectious Disease and Antimicrobial Agents », sur www.antimicrobe.org (consulté le )