Feuilles d'herbe

Feuilles d’herbe
Image illustrative de l’article Feuilles d'herbe
Walt Whitman à 37 ans, frontispice du recueil Leaves of Grass, Fulton St., Brooklyn, N.Y., gravure de Samuel Hollyer inspirée d'un daguerréotype non conservé de Gabriel Harrison

Auteur Walt Whitman
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Recueil de poèmes
Version originale
Langue Anglais
Titre Leaves of Grass
Lieu de parution New York
Date de parution 1855
Version française
Traducteur Léon Balzagette
Date de parution 1909

Feuilles d'herbe (Leaves of Grass en anglais) est un recueil de poèmes de Walt Whitman. Le poème Song of Myself (Chanson de moi-même) en est le plus connu. Les autres poèmes n'en démontrent pas moins les talents poétiques de Whitman, comme I Sing the Body Electric (Je chante le corps électrique), Out of the Cradle Endlessly Rocking (Hors du berceau balancé sans fin) et O Captain! My Captain! (Ô Capitaine ! Mon Capitaine !), composé en hommage au président des États-Unis Abraham Lincoln, assassiné le 14 avril 1865.

Analyse

Le recueil est remarquable pour son apologie de la sensualité. Alors que la plupart des poèmes antérieurs, anglais en particulier, reposent sur le symbolisme, l'allégorie et la méditation religieuse et spirituelle, Leaves of Grass (et plus particulièrement la première édition) exalte le corps et le monde matériel (on dirait la chair par opposition à l'esprit). Sous l'influence du mouvement transcendantaliste, lui-même rejeton du romantisme (allemand notamment), la poésie de Whitman loue la Nature et le rôle qu'y tient l'être humain (en tant qu'individu). Au demeurant, Whitman n'en déprécie pas pour autant l'esprit et la raison ; bien plutôt, il exhausse l'esprit de l'Homme et l'être humain, deeming both worthy of poetic praise.

Il n'existe pas d'édition définitive des Feuilles d'herbe. La première édition, publiée le à Brooklyn (New York), se démarquait par son originalité ; au lecteur d'aujourd'hui, habitué à des styles de poésie très divers (on pense à Emily Dickinson et à Allen Ginsberg), il est ardu de se rendre compte combien le verbe de Whitman se distinguait absolument de la poésie de cette époque. Jusqu'à l'édition des années 1891-1892 dite édition du lit de mort (Death-Bed Edition), Whitman n'eut de cesse d'augmenter, d'amender et parfois de réviser sans appel cette œuvre. Whitman publia à compte d'auteur la première édition, dont il réalisa la plus grande part de la mise en page et qui fut finalement publiée dans un anonymat presque total. Allant à l'encontre de l'usage, un portrait de l'auteur apparaissait sur le fronton du livre.

En 1882, Whitman fut confronté à l'éventualité d'un procès contre les Leaves of Grass pour atteinte aux bonnes mœurs (de la même manière que Les Fleurs du mal, Madame Bovary de Flaubert ou bien encore le roman Ulysse de James Joyce). Par une certaine ironie du sort, la publicité que provoqua la plainte contre Leaves of Grass en accrut les ventes.

Le recueil de poèmes est divisé en sections, dont :

  • Inscriptions ;
  • Children of Adam ;
  • Calamus ;
  • Birds of Passage ;
  • Sea-Drift ;
  • By the Roadside ;
  • Drum-Taps ;
  • Memories of President Lincoln ;
  • Autumn Rivulets ;
  • Whispers of Heavenly Death ;
  • From Noon to Starry Night ;
  • Songs of Parting ;
  • Sands at Seventy.

Et encore :

  • Good-bye My Fancy (Second Annex) ;
  • Old Age Echoes (posthume).

La section intitulée 'Drum-Taps' fut incluse en 1865, à la suite du meurtre d'Abraham Lincoln.

En 1890, le critique et intellectuel gay John Addington Symonds suggéra une interprétation homosexuelle des poèmes Calamus. Whitman, indigné, réfuta ce qu'il considérait sans doute comme une accusation d'immoralité[1]. L'oeuvre est néanmoins considérée comme faisant partie du canon de la littérature gay[2], notamment parce que Whitman est ouvertement gay et inspire Oscar Wilde[1].

Extrait : I Sing The Body Electric

I SING the Body electric;
The armies of those I love engirth me, and I engirth them;
They will not let me off till I go with them, respond to them,
And discorrupt them, and charge them full with the charge of the Soul.
   
Was it doubted that those who corrupt their own bodies conceal themselves;
And if those who defile the living are as bad as they who defile the dead?
And if the body does not do as much as the Soul?
And if the body were not the Soul, what is the Soul?

JE CHANTE le corps électrique,
Ceint des foules de ceux que j'aime comme je les ceins,
Qui n'ont de cesse que je les suive, que je leur réponde,
Que je les décorrompe, que je les charge à plein de la charge de l'âme.

Qui doutera que ceux qui corrompent leurs corps se masquent à eux-mêmes ?
Qui doutera que ceux qui souillent le vivant ne valent pas mieux que ceux qui souillent les morts ?
Qui doutera que le corps agisse aussi pleinement que l'âme ?
Le corps ne serait pas l'âme ? Dans ce cas, l'âme quelle est-elle ?

Chronologie

  • 1855 : Première édition (anonyme).
  • 1856 : Seconde édition (signée). Ajout de Crossing Brooklyn Ferry.
  • 1860 : Troisième édition. Ajout de Out of the Cradle Endlessly Rocking.
  • 1867 : Quatrième édition. Ajout de When Lilacs Last in the Dooryard Bloom?d.
  • 1871 : Cinquième édition. Ajout de Passage to India.
  • 1875 : Édition centennale.
  • 1881 : Septième édition.
  • 1889 : Huitième édition.
  • 1891 : Neuvième édition (parfois dite Authorized ou Death-Bed, ie édition « autorisée », « du lit de mort », « de ses dernières heures »)[3]

En 1868, une sélection sévère de Leaves of Grass, intitulée Poèmes de Walt Whitman, fut publiée par William Rosetti en Angleterre.

Traductions en français

  • Feuilles d’herbe, 1855, traduction de Gilles Mourier, Jean-Paul Rocher éditeur. Parution :
  • Feuilles d'herbe (première édition), traduit de l'américain par Éric Athenot, Paris, José Corti, 2008.
  • Feuilles d'herbe, traduit de l'américain par Jacques Darras, Paris, Gallimard, coll. Poésie n° 372, 2002.
  • Feuilles d'herbe, introduction et traduction de Roger Asselineau, Paris, Aubier, 1989 ; rééd. Les Belles Lettres, Paris, coll. "Poésie magique", 416 p., 2021 (ISBN 978-2251452012)
  • Feuilles d'herbe, traduit par Jules Laforgue in Œuvres choisies de Walt Whitman, collectif, Paris, Edition de la NRF, 1918.
  • Feuilles d'herbe, traduit par Léon Balzagette, 1909.

Références dans la culture populaire

En 1925, le compositeur Ralph Vaughan Williams (1872-1958) dans "3 Poems By Walt Whitman", a écrit trois mélodies intitulées "Nocturne", "A Clear Midnight" et "Joy, Shipmate, Joy!" sur des poèmes de Walt Whitman extraits du recueil Leaves of Grass.

En 1992, le compositeur américain Robert Strassburg (1915-2003) a écrit la symphonie chorale Les Feuilles d'herbe: une symphonie chorale aux poèmes de Walt Whitman[4],[5],[6].

Ce titre de poèmes Leaves of Grass est repris dans le film du même nom avec en tête d'affiche Edward Norton.

Ce recueil de poèmes apparaît également dans la série Breaking Bad, c'est grâce à ce livre que Hank Schrader, le propre beau-frère de Walter White, découvre que ce dernier est le Heisenberg qu'il recherche depuis un an.

Une référence aux Feuilles d'herbe est aussi faite dans le livre La Face cachée de Margo (Paper Towns ), écrit par John Green, et publié en octobre 2008. L'adaptation cinématographique de celui-ci, réalisée par Jake Schreier (sortie en France le 12 août 2015), conserve cette référence même s'il la développe moins.

Un extrait de Leaves of Grass est cité par le personnage Raymond Tusk dans le douzième épisode de la première saison de la série House of Cards.

La chanteuse et auteure américaine Lana Del Rey a écrit une chanson nommée Body Electric pour son album Born To Die en 2012 où elle chante Whitman is my daddy (Whitman est mon père) et I sing the body electric (Je chante le corps électrique).

Le livre apparaît également dans le clip Bad Kingdom du groupe Moderat en 2013.

Les poèmes de Walt Whitman sont souvent repris dans les films avec Robin Williams comme Le Cercle des poètes disparus ou Patch Adams.

Lisa Simpson cite quelques vers de ce poème à Tahiti Bob dans l'épisode L'Homme qui en voulait trop dans la série Les Simpson.

Dans le roman L'Infinie comédie de David Foster Wallace, l'un des personnages, Lyle, lisait le recueil de poèmes Feuilles d'herbe.

Dans l'une des séquences du MV Nxde du groupe de K-Pop (G)I-DLE, la rappeuse Soyeon lis le recueil de poème Leaves of Grass. Elle se qualifie alors de « self-made woman » et fait référence au goût pour la littérature et la philosophie de Marilyn Monroe.

Dans le film Down by Law de Jim Jarmusch (1986), le personnage de Bob interprété par Roberto Benigni récite des vers de Leaves of Grass en italien. Robert Frost, un autre poète naturaliste et à contre courant de son époque est aussi cité comme important pour Bob, au grand dam de ses 2 compagnons de route Jack et Zack.

Le groupe Nightwish rend hommage à l'œuvre de Whitman en pastichant son style dans un morceau de l'album Imaginaerum reprenant le titre d'un des textes de Leaves of Grass, « Song of Myself ».

Notes et références

  1. a et b Woods 1998, p. 178.
  2. Woods 1998, p. 153-154.
  3. « Feuilles d'herbe », sur World Digital Library, (consulté le )
  4. (en) The New York Times, 20 juillet 1997, p. H26
  5. (en) « Strassburg, Robert », sur Milken Archive of Jewish Music (consulté le ).
  6. (en) worldcat.org

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • (en-GB) Gregory Woods, A History of Gay Literature : The Male Tradition, New Haven et Londres, Yale University Press, , 472 p. (ISBN 9780300072013, lire en ligne Inscription nécessaire). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes