Fedayin de l'Islam

Fadā'iyān-e Islam
Idéologie Islamisme chiite
Anticommunisme
Antioccidentalisme
Khomeinisme (1978-1979)
Positionnement politique Droite à Extrême droite
Statut Actif
Fondation
Date de formation 1946
Pays d'origine Drapeau de l'État impérial d'Iran État impérial d'Iran
Fondé par Navvab Safavi
Organisation
Chefs principaux Navvab Safavi
Mohammad-Mehdi Abdekhodaei
Révolution iranienne

Les Fadā'iyān-e Islam (persan : فدائیان اسلام, également orthographié comme Fedayeen-e Islam ou en français « Fedayins de l'islam » ou « Dévots de l'islam », littéralement les « auto-sacrificateurs de l'islam »[1] est un groupe fondamentaliste chiite, basé en Iran et qui est très politiquement orienté et actif[2],[3] fondé en 1946, et reconnu comme un parti politique depuis 1989. Il est fondé par un étudiant en théologie surnommé Navvab Safavi.

Safavi cherchait à purifier l'islam en Iran, en le débarrassant de la « corruption des individus » par le biais d'assassinats soigneusement planifiés de certaines grandes personnalités intellectuelles et politiques[4]. Navvab Safavi est aujourd’hui[Quand ?] considéré comme un martyr par le régime iranien.

Leur journal porte la mention «l’Islam est au-dessus de tout et rien n’est au-dessus de l’Islam ». Proche des thèses des frères musulmans égyptien, Navvab Safavi est leur invité à la conférence islamique de Jérusalem en 1953, puis au Caire en 1954[5].

Les Fédayin de l’Islam en Iran sont considérés comme des précurseurs emblématiques de la révolution et de l’État islamique iranien dans les années 1940- 1950, puis de l’école théologique Haqqâni[6].

Ce groupe armé ouvre la voie à la génération suivante de la frange radicale du clergé qui réussit finalement à renverser le régime du Shah et à établir une république Islamique en 1979[7].

Le groupe Fedayin de l'Islam est souvent considéré comme une organisation terroriste[8],[9],[10],[11].

Iran

Activisme politique des Fedayins de l’Islam : un Islam militant

Les Fedayins de l'Islam bénéficient dès leur création du soutien de l’institution religieuse iranienne et encouragé par le bazar, pilier traditionnel de l’économie et assise financière du clergé classique, apolitique et quiétiste les Fedayins de l’Islam se hissent au rang d’acteur politique après l’assassinat de l’écrivain réformateur Ahmad Kasravi[7].

Histoire

Issu d’une famille de la classe-moyenne du sud de Téhéran, Navvab Safavi étudie au German Technical College à Téhéran. Pendant la seconde guerre mondiale l’occupation de l’Iran par les troupes Britanniques et Soviétiques le mène à organiser des manifestations au collège pour dénoncer les difficultés économiques. Il travaille pendant un temps à la raffinerie d’Abadan, alors sous domination Britannique, où il organise une manifestation à la suite de la vision d’un de ses collègues battus par un employé britannique. En exil, il lit les essais anti-cléricaux d'Ahmad Kasravi qui sonnent comme des provocations auxquelles il faut répondre par la violence[7].

Fondation des Fadā'iyān-e Islam

La création du mouvement est annoncée dans une déclaration intitulée « Religion et Revanche » écrit par Navvab lui-même.

Assassinats notoires

Le premier assassinat de l’écrivain anti-clérical et réformateur Ahmad Kasravi en est le premier meurtre d’une longue série. Seyyed Hossein Imami et d’autres membres des Fadā'iyān-e Islam l’assassinent. Si les meurtriers sont arrêtés, sous la pression de autorités religieuses, ils sont acquittés et libérés.

Cet assassinat est en réalité le second essai de Navvad pour tuer l’écrivain. La première tentative échoue en 1945, il échappe à toute condamnation grâce à la pression des autorités religieuses[7]. C’est à la suite de cette première tentative que le mouvement des Fédayins se crée.

Navvab Safavi justifie ces meurtres en se référant aux demandes de l’ayatollah Rouhollah Khomeini dans son premier livre Kashf al-asrâr (Key to the Secrets) donnant l’ordre de tuer tous ceux qui critiqueraient l’Islam. L’auteur iranien Amir Taheri démontre que Khomeini est proche de Navvab Safavi et de ses idées[4]. En 1949, le groupe tue l’ancien premier ministre Abdolhossein Hajir.Le meurtrier Hossein Imami est excécuté cinq jours plus tard. En , le premier ministre Haj Ali Razmara est également assassiné à la suite de ses propos s’opposant à la nationalisation du pétrole iranien[12],[13].

Trois semaines plus tard le ministre de l’éducation et de la Culture Ahmad Zangeneh est aussi assassiné par le groupe. Le groupe aurait aussi échoué « de peu » à tuer le Shah Mohammad Reza Pahlavi[14].

Implication politique

Le groupe est connu pour avoir été très actif dans le processus de nationalisation pétrolière en 1954. À la suite de l’incident Kasravi, le groupe s’implique davantage en politique sous l’impulsion de l’Ayatollah Kashani qui est alors le seul membre proéminent du clergé iranien à croire dans l’unité du politique et de la religion. À partir de 1948, les activités politiques des Fadayins se résument à protester contre l’exil de l’Ayatollah Kashani, provoqué par son opposition à la colonisation Britannique, à mener une campagne contre les femmes autorisées à ne pas porter le voile islamique dans une mosquée à Téhéran [7] ou encore à attaquer des magasins autorisés à vendre de l’alcool[7].

En 1949, les Fadā'iyān-e Islam aidèrent Kashani à implanter l’Association des Moudjahidin.

À la fin de l’année 1949, des lois supposées renforcer la domination pétrolière Britanniques sont discutées au parlement. Les groupes d’opposition deviennent alors de plus en plus actifs. L’assassinat de l’ancien premier ministre Hajir par le groupe armée entraine en 1949 l’organisation de nouvelles élections pendant lesquelles le groupe soutient les candidatures des mouvances islamiques et celle notamment de l’Ayatollah Kashani. Des divergences apparaissent cependant entre les deux alliés pour des questions politiques et théologiques[7].

Navvab Safavi est l’invité des frères musulmans égyptiens à la conférence islamique de Jérusalem en 1953, puis au Caire en 1954.

Les archives de la CIA soulignent le rôle de ce groupe armé, de l’Ayatollah Kashani et des officiers militaires monarchistes dans l’organisation du coup d’état orchestré en aout 1953 contre Mohammad Mossadegh[5],[15]. Navvab Safavi choisit de ne pas travailler avec le nouveau gouvernement en place[7].

Jusqu’en 1955, les Fadā'iyān-e Islam continuent leurs activités sans aucune obstruction étatique.

Répression

Au milieu des années 1950, à la manière du mouvement de répression des frères musulmans en Égypte, l’Iran commençait la liquidation du mouvement des Fédayins.

Les arrestations d’une partie du mouvement font suite à la tentative d’assassinat en du premier ministre Hosayn Ala avant son départ pour l’Irak où il allait certifier de la participation de l’Iran dans le Pacte de Bagdad. En , les leaders du mouvement, y compris Navvab Safavi, sont jugés et condamnés à mort, et exécutés[16]. Le régime impérial pensait qu’avec la disparition de Nawab Safawi et la mort de l’Ayatollah Kachani, chef spirituel des Fedayins et leader islamique que la poussée islamique dans ce pays était enrayée et ses missionnaires décimés. Puis commença en Iran ce que le Chah appelle sa politique de « modernisation » et de « persification » de l’Iran[17].

Les membres du groupe restant vécurent dans la clandestinité jusqu’à la révolution islamique en 1979. Une lutte secrète continue.

Membres

Les membres des Fedayins de l’Islam appartenait majoritairement aux classes populaires de la société iranienne[7]. Dès son plus jeune âge et pour raison économique Safawi est lui-même élevé par son oncle, un charpentier sans qualification. Les Fada’iyans de l’Islam sont souvent éduqués dans des écoles religieuses.

  • Navab Safavi, chef des Fedayins de l’Islam.
  • Mozafar Zolghadr : originaire de la ville de Karasf. Il est né dans une famille rurale et religieuse. C’est lui qui est l’origine de la tentative d’assassinat Hossein Ala mais un dysfonctionnement de son arme l’empêche de tirer. Il est arrêté à la suite de cet événement et exécuté[18].
  • Khalil Tahmasebi (en), est le Fedayin qui assassina en [19] l'ancien premier ministre iranien.Il est exécuté en 1955[20].
  • Jafar Shojouni
  • Seyyed Mehdi Tabatabaei
  • Seyyed Hossein Imami

La Révolution et la République Islamique ( 1979)

Pendant la révolution islamique de 1979, le mouvement, parmi d’autres groupes armés, servi de bras armé pour Khomeini. Ainsi pendant les manifestations menées par l’Ayatollah Khomeini en 1963, certains survivants rejoignent les rangs d’Hey’-at-hai Mo’talefe-i Islami ou la coalition des groupes islamiques. S’ils échouent à se regrouper après la révolution, la plupart d’entre eux coopèrent avec le gouvernement Islamique. En outre, de nombreux partisans rejoignirent les groupes actuels les plus radicaux. Le groupe n’a jamais vraiment acquis de soutien populaire et les effectifs ont toujours été restreint.

De 1993 à 1999, une série de meurtres en Iran (en) de plus de 80 intellectuels, écrivains, chercheurs et des personnalités politiques critiques du régime islamique eut lieu.

En , une déclaration d’un groupe se revendiquant comme des héritiers des Fédayins de Mostafa Navvab (Fadayaan-e Islam-e Naab-e Mohammadi-ye Mostafa Navvab)[21] revendique les meurtres de certains d’entre eux : Dariush Forouhar, Parvaneh Eskandari, Mohammad Mokhtari and Mohammad Jafar Pouyandeh.

Après une série d’arrestations, une seconde déclaration est délivrée par ce groupuscule revendiquant la nature structurée de leur organisation et déclarant l’ouverture de fichiers recensant l’ensemble des « hypocrites » par lesquels ces arrestations ont été rendues possibles. L’ancien ministre des renseignements iranien dans le gouvernement d’Ali Fallahian Saeed Emami est désigné comme l’un des coupables de cette vague d’assassinats[7]. Il est arrêté et emprisonné en 1999 sans que le lien avec l’organisation des Fedayins soit fait.

Pakistan

Également, les Fedayeen al-Islam (également orthographié Fedayan-i-Islam, qu'on peut traduire comme « Commandos islamiques » or « Patriotes islamiques ») sont un groupe militant et terroriste pakistanais, principalement actifs à la fin des années 2000, dirigé par Hakimullah Mehsud, lieutenant de Baitullah Mehsud, chef des Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) jusqu'au décès du dirigeant[22]. Après la mort de Baitullah en 2009, Hakimullah repris la direction du TTP jusqu'à son propre décès en 2013.

Cette organisation fut suspectée d'être liée à l'attentat de l'Hôtel Marriott d'Islamabad en ainsi que de l'attentat de l'hôtel Pearl Continental de Peshawar, et revendiqua l'attentat de l'école de police de Lahore en , l'attentat du à Islamabad et de l'attentat du à Chakwal[22].

Références

  1. Richard Clements, « 3. Prime Minister and Cabinet », Law Trove,‎ (DOI 10.1093/he/9780198745259.003.0003, lire en ligne, consulté le )
  2. Guy Spitaels, La triple insurrection islamiste, Luc Pire Editions, , 526 p. (ISBN 978-2-87415-476-8, lire en ligne)
  3. Emmanuel Ravazi, La face cachée des Mollahs. Le livre noir de la République Islamique d'Iran, éd. du Cerf, 2024, p. 42 & suiv. (ISBN 9782204161244)
  4. a et b John C. Campbell et Amir Taheri, « The Spirit of Allah: Khomeini and the Islamic Revolution », Foreign Affairs, vol. 64, no 4,‎ , p. 88 (ISSN 0015-7120, DOI 10.2307/20042753, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b « Les Frères musulmans vivent dans le complot », sur Marianne, (consulté le )
  6. Ramin Parham, « Gardiens de l'ordre, l'ordre des Gardiens », Outre-Terre,‎ , pages 151 à 163 (lire en ligne)
  7. a b c d e f g h i et j (en) Seyed M Taghavi, The Flourishing of Islamic Reformism in Iran : Political Islamic Groups in Iran (1941-61), (Routledgecurzon Studies in Political Islam), , 192 p., p. 116
  8. FEDĀʾĪĀN-E ESLĀM (1999).
  9. « The terrorist group that Kermit Roosevelt and Donald Wilber mobilized was the Fadaian Islam », Web.mit.edu
  10. Ramin Jahanbegloo, Iran: between tradition and modernity.
  11. Afshon P. Ostovar, Guardians of the Islamic Revolution: Ideology, Politics, and the Development of Military Power in Iran (1979–2009) ([PDF]) (Ph.D.), université du Michigan, 2009, p. 35. « Les Fada'iyan-e Islam furent la première organisation islamiste chiite à employer le terrorisme comme méthode primaire d'activisme politique »
  12. Afshon Ostovar, « Exporting the Revolution », dans Vanguard of the Imam, Oxford University Press, (ISBN 9780199387892, lire en ligne), p. 102–120
  13. « Iran Mossadeq and Oil Nationalization - Flags, Maps, Economy, Geography, Climate, Natural Resources, Current Issues, International Agreements, Population, Social Statistics, Political System », sur www.workmall.com (consulté le )
  14. (en) Afshin Molavi, The Soul of Iran, a nation struggle for freedom, , p. 323
  15. (en) Masoud Kazemzadeh, The Day Democracy Died : The 50th Anniversary of the CIA Coup in Iran, Khaneh: Iranian Community Newspaper, , Vol. 3, no 34
  16. Farhad Kazemi, « State and Society in the Ideology of the Devotees of Islam », State, Culture, and Society, vol. 1, no 3,‎ , p. 118–135 (ISSN 0743-9245, lire en ligne, consulté le )
  17. Alain Roussillon et Mohga Machhour, La révolution iranienne dans la presse égyptienne, CEDEJ - Égypte/Soudan, , 110 p. (ISBN 978-2-905838-52-0, lire en ligne)
  18. « شبکه اطلاع رسانی راه دانا », sur www.dana.ir (consulté le )
  19. (en) « Premier of Iran Is Shot to Death In a Mosque by a Religious Fanatic; Premier of Iran Slain in Mosque Cabinet in Emergency Session Victim of Assassin », sur nytimes.com, Quotidien, (consulté le )
  20. (en) Sepehr Zabih, « Aspects of Terrorism in Iran », The Annals of the American Academy of Political and Social Science, vol. 463, no 1,‎ , p. 84–94 (ISSN 0002-7162 et 1552-3349, DOI 10.1177/0002716282463001007, lire en ligne, consulté le )
  21. (en) « A Review of Serial Murders by Nahid Mousavi - translated from Zanan [Women]; Social & Cultural Magazine (Monthly), décembre 1999, no 58 »,
  22. a et b « The slide downhill », The Economist,‎ (ISSN 0013-0613, lire en ligne, consulté le )

Liens externes