Famille de Grasse
La famille de Grasse est une famille subsistante de la noblesse française, d'extraction chevaleresque, originaire de Provence. Elle fut maintenue noble en 1668 sur preuves remontant à 1341. Elle a notamment été illustrée par le lieutenant-général des armées navales François Joseph Paul de Grasse (1722-1788), qui servit lors de la guerre d'indépendance des États-Unis. Certains auteurs la relient à la famille homonyme de Grasse-Cabris, agrégée à la noblesse au XVIe siècle et maintenue noble en 1667 sur preuves de 1560 et qui portait des armes différentes. Il ne subsiste plus qu'une branche, qui porte le nom « de Grasse des Princes d'Antibes ». HistoireHenri Jougla de Morenas écrit dans le Grand Armorial de France : « La Maison de Grasse prétend être d'origine souveraine et fait remonter sa filiation à Rodoald, prince ou comte d'Antibes, vivant en 930, allié à Alarde, fille du comte d'Arles. La vérité est que cette famille est originaire de Provence, qu'elle tire son nom de biens qu'elle possédait au XIVe siècle dans la ville de Grasse et que sa filiation n'est établie d'une façon certaine que depuis noble Bertrand du Bar, qui épousa d'abord en 1341 Catherine Exantrades (de Stendardo) puis Laure Albe »[1]. Il indique que les armes d'or au lion de sable armé, lampassé, couronné de gueules attribuées dans la première salle des Croisades à Foulques de Grasse, chevalier croisé en 1096, sont également portées par la famille de Grasse[1]. Sur la famille de Grasse-Cabris maintenue noble en 1667 sur preuves de 1560 et qui avait pour armes d'or à trois chevrons de gueules, Henri Jougla de Morenas écrit qu'elle s'est agrégée à la noblesse au XVIe siècle[1]. Selon Paul Sénéquier, historien local et auteur d'un ouvrage sur Grasse (1902), « quelques historiographes, peut-être trop complaisants », font remonter la famille de Grasse « jusqu'à Rodoard, comte ou prince d'Antibes au Xe siècle », mais l'origine est contestée[2]. « Ainsi on a prétendu qu'il [s'agissait] ici tout simplement d'une famille notable » de Grasse « qui [...] a laissé s'oublier son nom patronymique, pour ne porter que celui du lieu de son origine »[2]. La famille de Grasse semble néanmoins posséder « depuis des siècles le fief du Bar, érigé en comté par Henri III, en 1580 », mais Grasse ne fut à aucune époque un fief de cette famille[2]. Balthasar de Maynier (1639-1733), avocat au barreau d’Aix, auteur de Histoire de la principale noblesse de Provence (1719), écrit sur l'origine de cette famille : « Les vieux registres de la ville de Grasse prouvent que cette maison a pris son nom de ce qu'elle est originaire de cette ville et des droits qu'elle a sur les langues des bœufs qui sont tués à la boucherie ainsi que des grands domaines et de plusieurs fiefs qu'elle a possédé aux environs de Grasse. La maison de Grasse avait fait deux branches, celle des maisons de Moans et celle des seigneurs de Cabris, elles portaient des armes différentes. » Il ajoute : « Notradamus donne le nom de Grassa à Rodoal et Rampal d’Antibe et l’abbé Robert qui a suivi cette erreur dit que Guillaume comte d’Arles et de Provence fit don de la comté d’Antibe à Guillaume et à Aldebert d’Antibe, auxquels il donne le surnom de Grassa ; aucune charte ni acte authentique ne parle de ce don (…) l’erreur de Nostradamus et de l’abbé Robert vient d’une énonciation de ce don dans un simple cartulaire de l’abbaye de Saint Honoré de Lérins. »[3]. Nicolas Viton de Saint-Allais qui reprend en 1818 la filiation donnée par d'autres auteurs anciens avant lui écrit : « Une antique tradition, fondée sur des monuments historiques, porte que cette maison est issue des anciens seigneurs souverains d'Antibes, puînés des comtes de Provence de la première race; et cette illustre origine est encore justifiée par la possession de terre. »[4] Il fait remonter la filiation de cette famille à Rodoard, vivant en 993, dit dans les capitulaires de Lérins printeps Aniipolitanus ad domino Guillelmon secundo comités Arlatensis creutus. Il indique que les mêmes capitulaires nous apprennent le nom de sa femme Alajarde, fille de Guillaume, comte de Provence, qui lui donna en souveraineté Antibes, vers l'an 960, et la moitié des terres du diocèse, ainsi que le nom des enfants de Rodoard et d'Alajarde[4]. Cette ascendance n'est pas reprise par les auteurs contemporains. Le baron Scipion du Roure (1858-1924), généalogiste, dans Les maintenues de noblesse en Provence par Belleguise (1923), ne partage pas cet avis et écrit : « La ville de Grasse n'a jamais eu de seigneurs particuliers. Elle a toujours été du domaine des comtes de Provence et de nos rois (...) La famille de Grasse ne peut se flatter d'avoir eu ce nom de la seigneurie de cette ville. Je n'ai rien trouvé, nulle part, en aucuns actes, ni chartes, ni dons, ni concessions, même de l'antiquité la plus reculée, qui puisse insinuer rien d'approchant. Rodoard, à qui, selon notre auteur [Maynier] et les mémoires que lui avait fournis la famille de Grasse, Guillaume II comte d'Arles et de Provence, donna une partie de la principauté d'Antibes, ne portait pas le nom de Grasse, comme il suppose. Guillaume et Aldebert d'Antibes, qui ont possédé la principauté, après Rodoard, n'ont jamais été appelés Grasse. Ils ont fait don à l'abbaye de Lérins de la ville d'Antibes et de ses dépendances. Mais la charte de ce don ne leur donne pas le nom de Grasse. J'en ai trouvé une simple énonciation, dans un interligne du cartulaire de cette abbaye, où j'ai observé que ce nom de Grasse a été interligné dans ces derniers siècles. Isnard de Cabris, prévôt de l'église Saint Sauveur d'Aix, fut élu abbé de Lérins en 1477 et ensuite évêque de Grasse. Pendant qu'il a été abbé, il a fabriqué cet interligne, pour donner de l'ancienneté à la famille de Grasse, dont il était (...) Tout ce que Nostradamus a dit de cette famille est d'une lâche flatterie. Le nom de Grasse qu'il donne à Rodoard et Rampal d'Antibes est sans titre et sans fondement. L'interlignement du nom de Grasse, dans le cartulaire est évident. Les curieux et savants en antiquité ont traité les titres de cette famille, sur ce sujet, de vieilles pancartes, fabriquées au gré des Grasse, et les ont rejetées. »[5]. Scipion du Roure ajoute sur les différentes branches données à la famille de Grasse : « Il n'est pas prouvé, par aucune sorte de titres que la famille de Grasse-Cabris ait une même tige que celle de Grasse du Bar. Elles n'ont pas non plus les mêmes armes » et sur la branche de Grasse-Montauroux : « Il n'y a ni acte ni titre qui prouve aucune filiation, ni par mâles, ni par femelles (...) Leur véritable tige est Claude Grasse, potier d'étain, qui s'établit à Aix, en 1501. »[6]. Régis Valette, dans son Catalogue de la noblesse française (2007), indique que la famille de Grasse subsistante (avec 6 membres) est une famille d'extraction chevaleresque sur preuve de noblesse de 1341[7]. Il ne subsiste de cette famille que la branche dite de Grasse-Limermont [8], qui s'établit en Picardie vers 1708 suite du mariage d'Étienne de Grasse avec Louise-Étiennette d'Hallencourt de Dromenil, dame de Limermont[9]. Cette branche porte désormais le nom "de Grasse des Princes d'Antibes"[10], en référence aux seigneurs d'Antibes. GénéalogieLes auteurs contemporains ne reprennent pas les généalogie anciennes reprises en 1818 par Nicolas Viton de Saint-Alais. Henri Jougla de Morenas dans le Grand Armorial de France (1939) donne la généalogie suivante de la famille de Grasse [1] :
Personnalités
Armes, titres
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexes
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