Les matchs Metz-Strasbourg, ou Strasbourg-Metz suivant l'équipe qui reçoit, est une rivalité footballistique également connue sous le nom de Derby de l'Est. Les deux clubs sont respectivement ceux des villes de Metz, le Football Club de Metz créé en 1919, et de Strasbourg, le Racing Club de Strasbourg créé en 1906. Ils sont basés dans les anciens chefs-lieux de la région Lorraine et de la région Alsace, deux villes voisines distantes de 130 km et qui partagent une histoire commune au sein de l'Alsace-Lorraine au cours des XIXe et XXe siècles. La rivalité entre les deux équipes est renforcée par leur parcours sportif, assez similaire depuis 1919.
Sur les 114 derbys comptabilisés en compétition officielle à l'issue de la saison 2010-2011, dont 92 en première division (nommée Division 1 puis Ligue 1), les Mosellans totalisent 48 victoires et les Alsaciens 32. De nombreux joueurs et plusieurs entraîneurs ont l'occasion de porter le maillot du FC Metz et du RC Strasbourg au cours de leur carrière professionnelle. Les plus grandes affluences sont dénombrées au stade de la Meinau à Strasbourg, avec notamment 36 229 spectateurs lors de la demi-finale de la Coupe de France 1994-1995 et 33 518 spectateurs au cours du championnat de France 1978-1979 remporté par le Racing.
Historique
Le Racing Club de Strasbourg est créé en 1906 sous la dénomination FC Neudorf, alors que le Football Club de Metz est fondé plus tard en 1919 en tant que Cercle athlétique messin. Ces deux clubs deviennent rapidement les plus importantes associations de football de leur ville respective, Strasbourg et Metz, qui partagent une histoire commune au sein de l'Alsace-Lorraine au cours des XIXe et XXe siècles.
La rivalité entre les deux équipes est renforcée par leur parcours sportif, assez similaire de 1919 à 2010. Les deux clubs évoluent dans les années 1920 dans des championnats différents, jouant les premiers rôles dans les compétitions de la Ligue lorraine de football et dans celles de la Ligue d'Alsace. En 1927, Metz, sous la dénomination Cercle athlétique messin, et Strasbourg se rencontrent pour l'attribution du titre de champion de France amateur. Le premier derby en championnat a lieu lors de la première édition de la Division 2 en 1933-1934. À partir de 1935 et à l'exception de la période de la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle ils sont affectés à des championnats différents - la Gauliga Westmark et la Gauliga Elsass -, les clubs mosellan et alsacien se rencontrent régulièrement en Division 1, renommée Ligue 1 en 2002. Depuis le déclin sportif conjugué des deux clubs à la fin des années 2000, le derby a eu lieu plusieurs fois en Ligue 2.
Lors du championnat de Division 1 1978-1979, le derby RC Strasbourg - FC Metz a lieu à la sixième journée et oppose les deux premiers au classement. Après avoir battu deux favoris au titre, le FC Nantes et l'AS Monaco, le Racing est en tête du championnat pour la première fois depuis 1934[1]. Le rival lorrain est deuxième au classement à égalité de points. Malgré les vacances estivales, 33 518 spectateurs se rendent au stade de la Meinau. Ceci constitue un nouveau record d'affluence pour Strasbourg après les 33 209 spectateurs du match contre Saint-Étienne en . Les Messins jouent depuis le début de saison un football de qualité avec notamment Wim Suurbier, récent finaliste de la Coupe du monde avec l'équipe des Pays-Bas, l'international polonaisHenryk Kasperczak et de jeunes joueurs talentueux comme le défenseur Patrick Battiston. L'équipe strasbourgeoise, qualifiée ce soir-là d'impressionnante par les médias, parvient néanmoins à prendre le dessus pour remporter un large succès 3-0 sur des buts de Roland Wagner, Albert Gemmrich et Jean-Jacques Marx[1]. Le match retour à Metz est également remporté par les Alsaciens 2-1 qui gagnent finalement le titre de champion de France 1979.
En , le 96e derby en championnat est une rencontre au sommet de la Ligue 2. À deux jours de la fin de la compétition, le FC Metz est en effet déjà assuré de la remontée en Ligue 1 et du titre, alors que Strasbourg a encore besoin d'une victoire pour également regagner sa place en division supérieure, un an après l'avoir quittée[2],[3]. La rencontre se joue à guichet fermé dans un stade de la Meinau plein. Renaud Cohade ouvre le score en début de match d'un tir croisé de 25 mètres qui finit sa course dans le petit filet du but messin. Les Lorrains égalisent à 1-1 six minutes plus tard par Sébastien Bassong à la suite d'un coup franc. À la 21e minute de jeu, c'est Éric Mouloungui qui redonne un avantage définitif au Racing 2-1 en trompant le gardien de but messin Christophe Marichez sur une passe d'Hervé Tum. Cette victoire dans le derby permet au Racing de suivre les grenats messins en Ligue 1[4],[5].
Deux ans plus tard, les deux clubs se retrouvent à la Meinau pour le compte de la 33e journée de Ligue 2 2008-2009. La rencontre est importante pour la remontée en Ligue 1 : respectivement deuxième et troisième, Metz et Strasbourg sont directement sous la menace de l'US Boulogne Côte d'Opale, du Tours Football Club et de Montpellier Hérault[6],[7]. Aucune équipe ne parvient à prendre l'avantage et le derby se termine sur le score de 0-0. Les trois poursuivants remportent eux leur match respectif et Strasbourg est éjecté du podium[8]. En fin de saison, Strasbourgeois et Messins doivent se contenter des quatrième et cinquième places au classement, les privant d'une remontée en Ligue 1.
En 2009-2010, le dernier derby en date voit deux clubs dans des situations opposées s'affronter. Le FC Metz vise la remontée en Ligue 1, tandis que le Racing lutte contre la relégation[9]. En cas de victoire messine, le club grenat, alors troisième, ferait un pas supplémentaire vers la Ligue 1. En cas de victoire strasbourgeoise, le club ciel-et-blanc s'éloignerait des risques de relégation[9]. Le défenseur strasbourgeois Milovan Sikimic déclare alors « les Messins veulent monter ? Nous allons les en empêcher »[9]. La confrontation, globalement dominée par le FC Metz, voit pourtant le RCS prendre l'avantage dès la 31e minute grâce à un but de Basile De Carvalho. Les Messins égalisent à la 55e minute par Victor Mendy[10]. Ainsi, le FC Metz reste sur le podium, et le RC Strasbourg reste à 5 points du premier relégable[10]. Finalement, si le RC Strasbourg est relégué en National pour la première fois de son histoire, le FC Metz termine quatrième et ne monte pas en Ligue 1[11].
Liste des rencontres
Le tableau suivant liste les résultats des différents derbys en championnat entre le FC Metz et le RC Strasbourg.
Liste des rencontres officielles en championnat par saison[12]
La première confrontation entre les deux clubs a lieu lors de la première édition du championnat de France amateur en 1926-1927. Les Lorrains, alors nommés Cercle athlétique messin, se qualifient pour la compétition en tant que champion 1927 de la Ligue de Lorraine de football[15]. Les Alsaciens y participent après leur titre de champion 1927 de la Ligue d'Alsace de football[16]. La compétition est divisée en trois niveaux, soit la Division d'excellence, la Division d'honneur et la Division promotion. Les deux clubs sont affectés à la Division d'honneur qui se joue sous forme de championnat. La rencontre entre le CA messin et le RC Strasbourg est remporté par les Messins, alors que l'AS Valentigney remporte la division[17].
Au match aller du huitième de finale de Coupe de France 1968-1969, le FC Metz prend l'avantage 2-0 sur le RC Strasbourg grâce à Jacky Lemée et Jean-Marie Marcellin[m 113]. Au retour, Jacky Lemée entretient l'espoir d'une qualification pour Metz en égalisant à 1-1 à la 17e minute de jeu. En fin de match, les Racingmen Philippe Piat et Emilio Salaber offrent la qualification 4-1 à Strasbourg[m 114], qui est éliminé au tour suivant en match d'appui face au CS Sedan-Ardennes[20].
Le tableau suivant récapitule les rencontres officielles entre Metz et Strasbourg hors championnat. L'équipe indiquée en premier joue à domicile, sauf pour les rencontres de Coupe de France du et du disputées au stade Marcel-Picot dans la proche banlieue de Nancy[m 115],[m 116], le lieu du match du championnat de France amateur 1926-1927 n'étant lui pas connu.
A noter que la confrontation entre les 2 clubs en Coupe Intertoto 1995-96 est aussi le premier duel franco-français de l'histoire des Coupes d'Europe.
Liste chronologique des rencontres officielles hors championnat[12]
À l'issue de la saison 2010-2011, les statistiques dans les rencontres officielles sont favorables au FC Metz, qui totalise 48 victoires en 114 matchs (42 %), contre 32 victoires pour le RC Strasbourg (28 %) et 34 matchs nul (30 %). Sur les 92 rencontres de Division 1 / Ligue 1, Metz en gagne 39 (42 %) et Strasbourg 25 (27 %). Les deux clubs sont présents ensemble 46 saisons au premier échelon footballistique français, c'est-à-dire en Division 1 ou en Ligue 1, et 5 saisons au deuxième échelon, c'est-à-dire en Division 2 ou en Ligue 2[12].
La rencontre la plus profilique en buts est le match retour de Division 1 1947-1948, le RC Strasbourg l'emportant à domicile 8-4. La victoire la plus nette au niveau du score est l'œuvre du FC Metz qui bat son rival 5-0 lors de la Division 1 1975-1976[12].
Le tableau suivant dresse le bilan des confrontations officielles entre Lorrains et Alsaciens. Dans les rencontres à élimination directe, les tirs au but ne sont pas pris en compte et la rencontre est comptabilisée comme match nul.
Confrontations FC Metz - RC Strasbourg en compétition officielle[12],[23]
Les palmarès des deux clubs sont comparables. Néanmoins, celui du RC Strasbourg est plus garni, le club ayant gagné le Championnat de France de football une fois, en 1979, et le FC Metz n'ayant réussi qu'à décrocher la deuxième place, en 1998, et un titre en Intertoto, compétition jamais gagnée par le FC Metz. De plus, dans les autres compétitions, à l'exception de la Division 2, où les clubs ont autant de titres, le RC Strasbourg a toujours un titre de plus que son rival lorrain.
Comparaison du palmarès du FC Metz et du RC Strasbourg
Émile Veinante, né à Metz et également joueur au FC Metz dans les années 1920, est le premier à avoir entraîné à la fois le club alsacien et le club lorrain. Après une première expérience sur le banc au Racing Club de Paris, il prend en charge le RC Strasbourg de 1945 à 1947. Après une première saison moyenne, le Racing se classant douzième en championnat, le club retrouve les sommets du football français grâce à Veinante en 1946-1947 : à la clé, une place sur le podium de la Division 1 derrière le Club olympique Roubaix-Tourcoing et le Stade de Reims et une finale de Coupe de France, la deuxième après celle de 1937, perdue face au Lille Olympique Sporting Club[24]. Il est à nouveau sur le banc strasbourgeois en 1948-1949, puis devient en 1950 l'espace d'une saison entraîneur du FC Metz avant de terminer sa carrière à Strasbourg en 1960-1961[25].
Gilbert Gress, né à Strasbourg et également joueur au RC Strasbourg et international dans les années 1960 et 1970, commence sa carrière d'entraîneur à Strasbourg en 1977[27]. Il y obtient le titre de champion de France 1979[27] puis, lors d'un deuxième passage de 1991 à 1994[28], une remontée en Division 1 en 1992. En 2002 il est appelé au chevet du FC Metz, mal en point en championnat, mais ne peut empêcher la relégation des Lorrains en Division 2[29].
Le plus récent entraîneur à avoir officié dans les deux clubs est Yvon Pouliquen. Ancien joueur de Strasbourg de 1991 à 1996, il y commence sa carrière d'entraîneur en cours de saison 2000-2001[30]. Les Alsaciens sont finalement relégués en Division 2 mais, paradoxalement, remportent la Coupe de France 2000-2001 sous la coupe de Pouliquen. Quelques saisons plus tard, il prend la succession de Francis De Taddeo sur le banc du FC Metz en . Il ne parvient pas à sauver le club de la relégation en Ligue 2 mais réalise cette saison-là à nouveau un bon parcours en Coupe de France en atteignant les quarts de finale.
À l'intersaison 2009, le nouveau président du RC Strasbourg Léonard Specht est à la recherche d'un « homme à poigne » pour faire remonter le club en Ligue 1[31] et propose le poste à Joël Muller, personnalité emblématique du FC Metz. Celui-ci est en effet au service du club messin tout d'abord comme joueur de 1971 à 1978, puis comme directeur du centre de formation dans les années 1980 et enfin comme entraîneur de 1989 à 2000 puis lors de la saison 2005-2006. Directeur sportif au FC Metz depuis 2006, Muller refuse l'offre de Specht[32], qui choisit finalement Gilbert Gress pour diriger l'équipe strasbourgeoise[33].
De nombreux joueurs ont porté les couleurs des deux clubs et joué pour l'équipe professionnelle du FC Metz et du RC Strasbourg. Parmi eux, on compte notamment Johnny Schuth, international avec Strasbourg, dont le père était gardien au FC Metz en 1938, et dont le fils, Philippe Schuth, fut gardien au RC Strasbourg[36] de 1984 à 1987, puis au FC Metz de 1990 à 1992[37].
Les matchs regroupent souvent un nombre de spectateurs supérieurs à la moyenne dans les tribunes, à l’instar du dernier derby en date, qui rassemble 16 817 spectateurs[38] à la Meinau, contre 11 328 habituellement cette saison[39].
Les deux stades réguliers sont le Stade Saint-Symphorien de Metz et le Stade de la Meinau de Strasbourg. Ce sont deux grands stades, dans la mesure où ils sont classés respectivement 14e et 13e stades de l'Hexagone, avec une capacité de 26 700 et 29 000 spectateurs. Toutefois, le derby a déjà été disputé dans d'autres stades, Marcel-Picot par exemple en 1976[40].
La plus grosse affluence au Stade de la Meinau date de 1995 : près de 36 229 spectateurs s'étaient déplacés pour assister à un match de coupe de France remporté par Strasbourg 1 à 0. Au Stade Saint-Symphorien, c'est en l'an 2000, lors d'un match de Division 1, où près de 21 660 spectateurs étaient allés voir les deux clubs jouer. Lors de cette rencontre, aucun des deux clubs ne s'imposa[41].
En 2008-2009, le derby constitue la meilleure affluence du RC Strasbourg[42].
Incidents
En 1995, un supporter alsacien meurt accidentellement alors qu'il se rendait à la finale de la coupe de France jouée au Parc des Princes entre Strasbourg et le Paris SG. À la suite de cet incident les Messins affichent une banderole particulièrement déplacée, qui transforme la rivalité en véritable haine entre les deux clubs[43]
Lors du derby Strasbourg-Metz du , le club alsacien mène à domicile 1-0 sur un but de Danijel Ljuboja lorsque, à la 67e minute de jeu, l'arbitre assistante Nelly Viennot est blessée au tympan par un pétard jeté depuis une tribune affectée aux supporters strasbourgeois[44],[45]. La rencontre est alors interrompue. Le match est rejoué quatre mois plus tard le et un huis clos est imposé par la Ligue de football professionnel (LFP). Dans un stade de la Meinau désert, le FC Metz remporte la rencontre sur le score de 1-0[46],[45] mais c'est finalement le RC Strasbourg qui obtient le gain du match sur tapis vert en raison de la présence dans le but messin de Faryd Mondragón, reconnu ensuite coupable de jouer avec un faux passeport grec dans le cadre de l'affaire des faux passeports[47].
Le , les deux clubs déposent plusieurs plaintes à la suite d'incidents. En 2006, la LFP porte plainte[48]. En 2007, des supporters messins mécontents lancent des projectiles et tentent d'envahir la tribune des visiteurs. Les CRS sont obligés d'intervenir et le match est arrêté à deux reprises[49] durant six minutes[50]. Quelques jours plus tard, le dossier est mis en instruction[49].
La réalité de ce derby est controversée. À la suite de la chute du RC Strasbourg en National puis en championnat amateur, et à l'enlisement du FC Metz en Ligue 2 et National, les médias auraient créé un derby de toutes pièces entre AS Nancy-Lorraine et FC Sochaux-Montbéliard[53]. Ils lui auraient alors donné la dénomination Derby de l'Est, bien que celle-ci fasse référence pour les supporters au match FC Metz-RC Strasbourg[53]. À l'opposée, le journal Le Pays écrit qu'il y a « rivalité historique entre les clubs et leurs supporters » et « haine réciproque »[54]. Le FC Sochaux, sur son site officiel, utilise la dénomination Derby de l'Est[55].
Depuis 1947, les deux clubs se sont affrontés 87 fois, en Division 1 / Ligne 1, en Coupe de la Ligue, et en coupe de France[56]. Sochaux a remporté 34 confrontations, contre 27 pour Nancy, et 26 matchs nuls.
↑ a et b« Echos Gueugnon : décision aujourd’hui », Dernières Nouvelles d'Alsace, , Sports (lire en ligne)
↑Régis Schneider, « Strasbourg : la Coupe jusqu'à la lie ? », l'Humanité, , sports (lire en ligne)
↑Pierre Lagrue, « Sport - L'année 2001 - 4. Football : des terrains aux tribunaux », dans Encyclopædia Universalis, Paris, , édition numérique (lire en ligne)