Eudes de CheritonEudes de Cheriton (Odon de Cheriton, Odo of Cheriton) est un fabuliste et prédicateur anglais originaire de Cheriton dans le Kent. Il a vécu entre 1185 et 1246/1247[1]. Il descendait d'une famille probablement venue de Normandie après la victoire de Guillaume le Conquérant. Il était le fils de William of Cheriton, qui s'était vu attribuer par le roi un fief dans le nord du comté de Kent en 1205[2]. Eudes a visité Paris, où il a sans doute étudié la théologie. De retour en Angleterre, il est entré dans un ordre religieux, peut-être les cisterciens ou, à tout le moins, un ordre de frères prêcheurs[3]. ŒuvreFablesEudes a composé un bon nombre de fables, qui ont été colligées dans divers manuscrits. Le manuscrit 441 du Corpus Christi de Cambridge comporte 81 titres, qui correspondent en fait à 112 fables, le copiste ayant parfois regroupé sous un même titre diverses fables ayant une même portée morale[4]. Hervieux estime qu'elles ont été composées vers 1220. On retrouve parmi celles-ci 26 fables fables ésopiques bien connues, telles La cigogne et le loup, Le Rat de ville et le Rat des champs, Le Loup et l'Agneau, Le Renard et le Chat, etc. D'autres sont empruntées à Ovide, Juvénal, Sénèque, Jacques de Vitry, Étienne de Bourbon et la Bible. En bon prédicateur, Eudes utilise la fable pour sa portée moralisante, et donne souvent à la morale un développement plus important qu'à l'histoire elle-même[5]. Épris de pureté morale et cherchant à améliorer les mœurs de l'Église, il critique dans la morale de ses fables les abus du haut et du bas clergé ainsi que les vices des ordres monastiques[6]. Ainsi, la fable de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf (annonçant celle de La Fontaine) se termine par cet avertissement :
Il fustige aussi les puissants[3] :
Parfois aussi, la morale illustre crûment les rapports sociaux en vigueur à son époque. À titre d'exemple, la fable « La cigogne et le loup » se termine par :
ParabolesOutre des fables, Eudes a composé des recueils de sermons dans lesquels il introduit des paraboles. Celles-ci sont au nombre de 195 dans l'édition de Hervieux. La conception qu'il se fait de la parabole est « qu'elle a tout à fait la même forme et le même objet que la fable. Comme elle, elle consiste dans une fiction dans laquelle figurent des personnages pris tantôt dans l'espèce humaine, tantôt en dehors, et qui doit servir à la justification d'une thèse déterminée[10]. » La seule différence avec les fables à proprement parler est que ces paraboles sont exclusivement employées dans un but d'enseignement religieux. Eudes introduit aussi dans ses sermons des proverbes et des exempla, petits récits « qui se bornent à faire mention des habitudes d'une catégorie d'êtres quelconques ». Traductions et dérivésLes fables d'Eudes ont fait l'objet de plusieurs traductions :
Une cinquantaine de ces fables se retrouvent sous une forme beaucoup plus concise dans le recueil de sermons de John Sheppey (en), évêque anglais décédé en 1360[13]. Source
Notes
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