Entretien professionnelUn entretien professionnel vise à recenser les besoins de formation d'un salarié, rendre le salarié acteur de son évolution professionnelle. Il fut instauré par l'Accord National Interprofessionnel du 5 décembre 2003 en amont de la formation par de nouveaux outils de gestion des compétences. Cet entretien professionnel ne doit pas être confondu avec celui réalisé annuellement et individuellement dans la fonction publique en vue d’évaluer la valeur professionnelle des fonctionnaires de l’État[1]. Les propositions en matière d’actions de formation professionnelle qui seraient faites lors de ces entretiens peuvent être, avec l'accord du salarié, portées dans une annexe à son passeport formation. L'entretien professionnel doit se différencier de l’Entretien annuel ou l'Entretien d'évaluation qui vise, notamment à :
Les deux entretiens distincts doivent faire l'objet d'un compte rendu écrit. Les deux entretiens, distincts, peuvent avoir lieu le même jour[2]. Régime de l’entretien professionnelComme le prévoit l’article 1-1-1 de l’avenant du 8 juillet 2004 : « Pour lui permettre d’être acteur dans son évolution professionnelle, tout salarié ayant au moins deux années d’activité dans une même entreprise bénéficie, au minimum tous les deux ans, d’un entretien professionnel réalisé par l’entreprise, conformément aux dispositions d’un accord de branche ou d’entreprise conclu en la matière ou, à défaut, dans les conditions définies par le chef d’entreprise. » La loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale l'a rendu obligatoire, avec une périodicité de deux ans maximum, ou après certaines interruptions de travail (retour de congé maternité, arrêt maladie de longue durée, etc.). De plus, tous les six ans, cet entretien devient entretien bilan pour vérifier que le salarié a :
Un compte-rendu est rédigé et une copie remise au salarié. Si au moins deux de ses trois obligations ne sont pas respectées, l'employeur doit abonder le compte personnel de formation du salarié de 100 heures s'il travaille à temps plein,ou 130 heures s'il travaille à temps partiel. Ces heures sont fiscalisées, elles donnent lieu au versement à l'organisme paritaire collecteur agréé de l'entreprise d'un forfait horaire de 30 €, soit respectivement 3000 € ou 3900 €. L'entretien professionnel a lieu à l’initiative du salarié, celle de l'employeur ou de son représentant et, si l'employeur le souhaite, avec un concours technique extérieur. L'entretien professionnel, sauf disposition conventionnelle contraire, doit avoir lieu sur le temps de travail. L'entretien professionnel doit permettre à chaque salarié d'élaborer son projet professionnel à partir de ses souhaits d'évolution dans l'entreprise, de ses aptitudes et en fonction de la situation de l'entreprise. Les objectifs peuvent être différents selon que l'on se place du côté de l'employeur ou du salarié : Pour l’entreprise
Pour le salarié
Dès lors, il apparaît clairement que l’entretien professionnel ainsi que le Passeport formation participeront à terme à la gestion des compétences (GPEC). En effet, de multiples intérêts peuvent être mis en avant :
Selon l’avenant du , un accord de branche devra définir les modalités de préparation et de mise en œuvre de l’entretien professionnel. Proposition de mise en œuvre de l’entretien professionnelCadre de l’entretien professionnelAfin de pérenniser la mise en place de l’entretien professionnel, il serait intéressant que l'entreprise se dote :
À cet effet, l'entreprise pourrait délimiter les règles de structuration de cet entretien professionnel : voici une liste non exhaustive de questions que l’entreprise pourrait se poser.
Voici quelques propositions de réponse :
Préparation de l’entretien professionnelL'entretien se doit d'être soigneusement préparé, tant par celui qui conduit l’entretien que par le collaborateur. Il devrait être précédé d’une communication efficace, afin d’être compris et accepté par tous. Ainsi, l’encadrant se devra d'être vigilant et de respecter un certain nombre de points :
La conduite de l'entretien professionnelL'entretien doit être fondé sur des décisions concertées ou négociées afin d’éviter tout conflit potentiel et faciliter la mise en place de plans d’actions. Pour cela, il peut être important de :
L’entretien professionnel pourrait être structuré en différents temps :
NB : Ce bilan pourrait servir à compléter le passeport formation du salarié.
NB : À ce jour, l'entretien professionnel n'a pas de valeur contractuelle. Conclusion de l’entretien professionnelIl conviendra de s’assurer de la bonne compréhension des échanges et des négociations opérés avec le salarié (reformuler les points clés). Avant de mettre fin à l'entretien, il conviendrait de faire le point sur ce qui a été constructif lors de la réunion et sur ce qui l'était moins : il faudra valider la participation du salarié par une signature sur le document support[3]. Suivi de l’entretien professionnelUn entretien non suivi d'effet ne peut que ternir l'image du dispositif auprès des salariés. Quelques mesures permettraient d'éviter cela :
La réforme de 2014Maintenir l’employabilité des salariés, tel est l'objectif de l'entretien professionnel qui prend une dimension supérieure avec la réforme 2014 de la formation professionnelle (Loi no 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale). L'entretien professionnel qui doit être porté à la connaissance de l'employé à son embauche est obligatoire d'un point de vue légal, il a lieu tous les 2 ans ou après une absence du salarié (congé de maternité, sabbatique, arrêt maladie de plus de six mois...) et au pourra donner lieu à un abondement du compte personnel de formation, s'il n'a pas été réalisé comme il se doit, en application de la loi sur la formation professionnelle. Un bilan est prévu tous les 6 ans avec pour objectif de faire le point et notamment de déterminer si l'employé a bien été convié aux entretiens professionnels obligatoires et participé à une action de formation, obtenu une certification professionnelle et fait l'objet d'une progression en terme salarial ou professionnel. Dans le cas contraire, les entreprises d’au moins 50 salariés s'exposent à des sanctions qui prennent la forme d'une somme forfaitaire à verser à un OPCA. Toutes ces actions à destination du salarié pour qu'il soit un véritable acteur de son évolution professionnelle et qu'il dispose des moyens nécessaires à l'amélioration de ses compétences sont formalisées par l'établissement d'un compte-rendu écrit[4]. Ce dernier pouvant être réalisé sur la base d'un modèle mis à disposition par l'OPCA. La loi sur la formation professionnelle a été adoptée le par l'Assemblée nationale (Texte no 317) et le par le Sénat (Texte no 91), rendant ainsi l'entretien professionnel obligatoire, à ne pas confondre avec l'entretien d'évaluation. L'entretien professionnel portant exclusivement sur l'évolution de la carrière au sein de l'entreprise. Tous les salariés sont concernés par l'entretien professionnel, peu importe le type de leur contrat de travail : contrat à durée indéterminée, déterminée, contrat aidé, contrat unique d’insertion, contrat de professionnalisation ou autres[5]. Les impacts sociaux et économiques de l’entretien professionnelL’entretien professionnel joue un rôle clé dans l’amélioration du climat social au sein de l’entreprise. En offrant un cadre d’échange structuré, il valorise les aspirations et besoins des collaborateurs, ce qui renforce leur engagement et leur sentiment d’appartenance. Les salariés se sentent écoutés et soutenus dans leurs projets professionnels (mobilité interne, reconversion…), ce qui contribue directement à leur motivation. D’un point de vue économique, l’entretien professionnel permet à l’entreprise d’optimiser la gestion de ses ressources humaines. En identifiant précisément les besoins en compétences et en formation, il contribue à adapter les équipes aux évolutions du marché et aux stratégies de l’entreprise. Cette gestion proactive des compétences limite les coûts liés au recrutement externe en favorisant la mobilité interne. De plus, en réduisant le turnover et les départs non anticipés, l’entretien professionnel minimise les coûts indirects liés à la désorganisation des équipes et à la perte de savoir-faire. En synthèse, l’entretien professionnel n’est pas seulement une obligation légale : il représente un véritable levier RH stratégique. En conciliant attentes des salariés et objectifs de l’organisation, il renforce à la fois la cohésion interne et la performance globale. Voir aussiRéférence
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