Encre métallo-galliqueL’encre au gallo-tannate de fer est une encre noire à violette, fabriquée à partir de sels métalliques, surtout de sulfate ferreux mais parfois de sulfate de cuivre, et de divers tanins d’origine végétale. Encre noire emblématique du scriptorium monastique, elle est l’encre la plus utilisée en Europe entre les XIIe et XIXe siècles[1]. Cette encre tannique ou à base de tanins solubilisés est parfois dénommée encre ferrique, ferro-gallique ou métallo-gallique. Les dégradations irréversibles du papier dues à cette encre corrosive posent d'importants problèmes de conservation[2],[3]. HistoireCette encre est déjà utilisée par les Égyptiens 2500 ans av. J.-C. Elle apparaît peu après l’encre de Chine. Au Moyen Âge, sa fluidité permet l’usage de plumes d’oiseaux. ParticularitésLa particularité de cette encre réside dans son absence de pigment ou colorant : c’est l’action de sels métalliques (sulfate de fer ou de cuivre) qui, ajoutés à la matière tannique (la noix de galle mais aussi parfois de l’écorce d’arbre associée à de la lie de vin), donne la teinte noire, le plus souvent violet foncé avant vieillissement. Elle est plus fluide que l’encre de Chine, ce qui la rend très agréable pour le dessin à la plume, en particulier avec des plumes d’oiseau (oie, dinde). Mais elle convient aussi aux plumes végétales ou métalliques sauf aux stylos-plumes, qui ne peuvent pas être correctement nettoyés et pour lesquels l'encre peut causer une corrosion très rapide et irréversible. Dans le cas de plumes autres que les stylos-plumes, elles sont à nettoyer après utilisation pour éviter toute oxydation. Quant à sa pérennité, à moins d’une exposition prolongée en plein soleil, auquel cas elle virerait au rouge, elle est fiable : les manuscrits du Moyen Âge en témoignent. Son défaut est sa corrosivité, pour le papier aussi bien que pour la plume métallique. Pour limiter cet inconvénient, sa fabrication doit faire l’objet d’un bon vieillissement : une macération du tanin pendant 3 mois puis, après mélange au fer, une maturation d’au moins 2 mois, un an garantissant son apogée.[réf. nécessaire] Son noir, qui varie selon le papier, est un peu grisâtre : plus sombre et dense sur un papier acide ou sur parchemin que sur un papier au pH neutre ou pur chiffon. En revanche, grâce à sa fluidité, elle ne fuse pas sur papier poreux. Fabrication et usageIl existe pléthore de recettes différentes. Les trois constituants principaux sont :
On fait gonfler ce mélange dans de l'eau tiède pendant une journée. On peut y ajouter de l’acide salicylique ou phénique pour éviter le développement de micro-organismes. Il est hygroscopique (ralentit le séchage) et maintient les particules de l'encre en suspension et les empêche de précipiter (solution colloïdale). Au XVe siècle on utilisait pour ce faire de la résine de prunier, d’abricotier ou de cerisier). L'encre préparée en excédent pouvait être mise à sécher. Le séchage intégral était réalisé dans des vessies de porc.
Cette encre est plutôt violette pendant l’écriture. Elle noircira avec le temps en absorbant l’oxygène de l’air. L'oxydation irrémédiable, dans les flacons à l'air, d'une fraction des ions ferreux en ions ferriques provoque à la longue le dépôt de petits corps jaunes solides, c'est-à-dire de la copiapite. Recette classique
Encre pour archivesC'est l'« encre perpétuelle » du chimiste François Margival. On utilise des noix de galle : on les broie, on les recouvre d'eau et on les laisse reposer quelques jours (elles se recouvriront de moisissures). Puis on les fait bouillir et on les filtre.
Encre d’OrientLe noir de fumée lui donne un aspect velouté.
Encre au campêcheLe campêche est un bois originaire du Mexique. Il accélère le noircissement.
Recette de CanepariusRecette du professeur de médecine Caneparius de Venise (XVIIe siècle). L’encre contient trop de gomme et n'est pas aussi fluide que les autres. Mais elle vieillit bien[réf. nécessaire].
Recette du moine ThéophileTheophilus Presbyter (vers 1070 - 1125) dans De diversis artibus rappelle un savoir-faire très commun des officines monastiques :
Recette du Papyrus de LeydeCette recette est extraite du Papyrus V de Leyde : « 1 drachme de myrrhe, 4 drachmes de misy (alliage d'or et d'argent), 4 drachmes de vitriol [sulfate de cuivre], 2 drachmes de noix de galle, 3 drachmes de gomme. » Bibliographie
Ljubljana National and university library, 2006. (ISBN 9616551191). Notes et références
|