Koyama est surtout connue pour un essai paru en 2000, « Le manifeste transféministe », qui a été republié dans de nombreuses anthologies et revues d'études trans. Elle est la fondatrice de l'Intersex Initiative, le groupe de défense des droits intersexes.
Activisme
En 2001, Koyama travaille en tant qu'assistante programmatrice pour l'Intersex Society of North America, avant de fonder son propre groupe de défense des droits intersexes, l'Intersex Initiative Portland (ipdx)[1]. L'organisation propose des cours, des ateliers et des conférencies pour discuter des problèmes sociaux, culturels et médicaux rencontrés par les personnes intersexes[2].
Koyama et sa collègue militante intersexe Betsy Driver ont également contribué à la création de la Journée de la visibilité intersexe en 2003, commémorant la première manifestation officielle de militants intersexués en Amérique du Nord[3],[4].
Koyama s'inscrit dans la troisième vague féministe et plus spécifiquement dans le mouvement transféministe. Son « Manifeste transféministe » (2000) est considéré l'une des premières utilisations du terme[5]. Tel qu'elle le définit, le transféminisme est « un mouvement par et pour les femmes trans qui considèrent leur libération comme intrinsèquement liée à la libération de toutes les femmes et au-delà »[6]. Avec Diana Courvant, membre du Survivor Project, Koyama a créé le site web transfeminism.org. Aujourd'hui disparu, le site web a été créé à l'origine pour promouvoir un projet d'anthologie du transféminisme, qui visait à créer la première anthologie centrée sur les perspectives intersexes et transféministes ; le site a finalement servi de forum pour les discussions transféministes dans le monde universitaire et l'activisme[7].
Koyama se bat pour la dépénalisation du travail du sexe. Elle est actuellement membre de la Coalition pour les droits et la sécurité des personnes travaillant dans le commerce du sexe située à Seattle[8],[9]. Koyama était auparavant également membre du conseil d'administration du Survival Project, une organisation aujourd'hui disparue au service des survivants intersexes et transgenres d'abus sexuels et de violence domestique[10].
En 2001, Koyama a contribué à la création du Third Wave Feminisms Interest Group [groupe d'intérêt sur les féminismes de la troisième vague] au sein de la National Women's Studies Association [NWSA, association états-unienne pour les études féministes][11],[12]. Le groupe visait à « faire avancer la discussion sur les féminismes de la troisième vague en éloignant l'attention de la politique générationnelle ou du groupe identitaire et en se concentrant sur les changements épistémologiques et ontologiques rendus possibles par l'adoption de l'étiquette troisième vague ».
Koyama a régulièrement participé en tant que conférencière à la NWSA, et elle a également été particulièrement critique à l'égard de l'organisation. En 2008, elle a publié un article de blog intitulé « Ceci n'est pas un hommage à Audre Lorde », critiquant le traitement qui lui était réservé ainsi qu'à d'autres femmes racisées au cours de la conférence[13].Depuis 2000, Koyama s'est prononcé contre la politique tristement célèbre des « femmes nées femmes » au Michigan Womyn's Music Festival. Son article « À qui appartient le féminisme de toute façon ? Le racisme tacite dans le débat sur l'inclusion des personnes trans » a critiqué les organisateurs du festival pour une politique qui « essentialise, polarise et dichotomise les genres »[14],[15].
Koyama a également participé à une table ronde en 2002 publiée dans le magazine Bitch axée sur le festival, écrivant que « les espaces réservés aux femmes ne sont pas aussi sûrs ou gratuits qu'ils croient l'être… ils regorgent du même vieux racisme, de classisme, de capacitisme et même d'un sexisme intériorisé exercé par les femmes contre d'autres femmes[16]. » Koyama a plutôt plaidé pour une politique de l'ambiguïté où l'expression « réservée aux femmes » n'institue ni n'impose une définition spécifique des femmes[17]. Le blog eminism.org de Koyama présente une archive qui résume le débat et compile les documents historiques liés au festival[18].
Vie privée
Koyama réside à Portland, Oregon avec ses deux chiens[19],[20]. Elle écrit sur les questions de justice sociale sur son blog, eminism.org, et possède une boutique en ligne où elle vend des boutons, des zines et des vêtements conçus par elle-même et par d'autres militantes[21].
Dans une interview accordée à Source Weekly en 2014, Koyama se décrit comme ayant été une « adolescente fugueuse ». À l'âge adulte, parallèlement à son parcours militant, elle s'est engagée dans le travail du sexe[22].
Koyama utilise les pronoms she/her (elle), mais ne s'identifie à aucun genre particulier, déclarant sur son blog qu'elle « pense qu'avoir une identité, en particulier une identité de genre, est un peu bizarre : la façon dont une personne se perçoit dépend des relations et des interactions humaines qui l'entourent, plutôt que de découler d'un sentiment intrinsèque de soi[23]. »
Koyama est bilingue et publie des articles en anglais et en japonais[24].
Bibliographie sélective
En français
« Le manifeste transféministe » [« (en) « The Transfeminist Manifesto », eminism.org, »], L'espace des Potates, (lire en ligne)
En anglais
(en) « Whose feminism is it anyway? The unspoken racism of the trans inclusion debate », dans The Transgender Studies Reader (Susan Stryker, dir.), New York, Routledge, (ISBN978-0-415-94709-1, lire en ligne)
(en) « Disloyal to feminism: Abuse of survivors within the domestic violence shelter system », dans The Color of Violence: INCITE! Anthology (A. Smith, B. E. Richie et J. Sudbury, dir.), Cambridge, Mass, South End Press, (ISBN978-0-8223-6295-1, lire en ligne)
(en) « A new fat-positive feminism: Why the old fat-positive feminism (often) sucks and how to re-invent it. », dans The Women's Movement Today: An Encyclopedia of Third-Wave Feminism (L. Heywood, dir.), Westport, CT, Greenwood Press, (ISBN978-0-313-33133-6, lire en ligne).
(en) « The transfeminist manifesto », dans Catching a Wave: Reclaiming Feminism for the 21st Century (Dicker R et Piepmeier A, dir.), Boston, Northeastern University Press, (ISBN978-1-55553-570-4, lire en ligne).
(en) « From social construction to social justice: Transforming how we teach about intersexuality » (co-authored with Lisa Weasel), Women's Studies Quarterly, vol. 30, nos 3/4, fall/winter 2002 (lire en ligne)
Références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Emi Koyama » (voir la liste des auteurs).