On distingue plusieurs types de dyspnées avec 3 caractéristiques principales :
la difficulté à inspirer de l'air (ou faire entrer de l'air dans ses poumons), ou dyspnée inspiratoire ;
et la difficulté à expirer de l'air (ou faire sortir de l'air de ses poumons), ou dyspnée expiratoire ;
la dyspnée aux 2 temps, inspiratoire et expiratoire.
Cette difficulté à respirer comporte une composante subjective, représentée par la gêne éprouvée par le patient, et une composante objective.
Signes cliniques aperçus
Une respiration trop lente (bradypnée) ou trop rapide (tachypnée).
Des signes de lutte respiratoire, non obligatoire, et plutôt évocateur d'une détresse respiratoire que d'une dyspnée simple, par mise en œuvre des muscles respiratoires accessoires non utilisés habituellement :
L'analyse des différents types de dyspnée dépend de l'allongement du temps respiratoire impliqué.
Dyspnée expiratoire
On observe un allongement de la durée de l'expiration (normalement d'une durée du double de l'inspiration).
Elle est le signe d'une atteinte plutôt des voies aériennes basses ou des poumons.
L'asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) provoque typiquement une dyspnée expiratoire avec frein expiratoire, sibilants et respiration à lèvre pincée.
Dyspnée inspiratoire
Le cornage (à ne pas confondre avec le stridor) est le signe de la dyspnée inspiratoire, bruit caractéristique produit à l'inspiration ressemblant à un souffle dans une corne
Il traduit une obstruction des voies aériennes hautes (larynx).
Il peut être accompagné de signe de lutte.
La dyspnée inspiratoire se rencontre :
en présence de corps étrangers dans les voies respiratoires supérieurs (inhalation de corps étranger) ;
Elle représente une gêne à l'inspiration et l'expiration, et traduit une obstruction au niveau de la trachée.
On la retrouve dans l'inhalation de corps étrangers bloqués au niveau trachéal ou lors de compressions de la trachée (intrinsèque par néoplasie ORL ou extrinsèque par compression externe par l'œsophage).
La dyspnée de Kussmaul est un type de dyspnée particulière rencontrée lors des problèmes métaboliques, notamment l'acido-cétose diabétique.
Elle présente une respiration d'amplitude grandissante jusqu'à une pause respiratoire plus ou moins prolongée, puis la reprise successive de phases identiques[2].
Dyspnée de Cheyne-Stokes
Respiration cyclique, avec mouvements respiratoires dont l'amplitude et la fréquence augmentent progressivement, puis décroissent jusqu'à une pause respiratoire. Observée classiquement au cours de l'acidose urémique et certains comas neurologiques[2],[3].
Causes
Les circonstances d'apparition de la dyspnée permettent une orientation diagnostique. Soit elle s'installe très rapidement (c'est une dyspnée aiguë), soit elle existe depuis longtemps (c'est une dyspnée chronique).
Toute pathologie de l'appareil respiratoire ou cardiaque peut donner une sensation de dyspnée, mais également les problèmes métaboliques (acidose métabolique), neurologique (par atteinte des centres commandant la respiration), l'anémie (par diminution de l'apport d'oxygène aux cellules par diminution du nombre de globules rouges transportant cet oxygène).
Les causes psychogènes de dyspnée restent un diagnostic d'élimination après avoir éliminé les autres causes.
Il existe deux façons reconnues d'évaluer la dyspnée : l'échelle de la New York Heart Association[5](utilisée pour le suivi de la dyspnée de l'insuffisance cardiaque), et celle du British Medical Council.
Échelle de la NYHA
NYHA 1 = Asymptomatique
NYHA 2 = Limitation minime de la capacité d'effort : un effort inhabituel provoque la dyspnée.
NYHA 3 = Limitation évidente de la capacité d'effort : la dyspnée est provoquée au moindre effort.
NYHA 4 = Le patient est dyspnéique au repos.
Échelle du BMC
BMC 1 = Le patient est essoufflé à l'effort intense.
BMC 2 = Il est essoufflé lorsqu'il marche vite ou sur une pente légère.
BMC 3 = Il marche plus lentement que les individus de son âge ou arrête pour reprendre son souffle lorsqu'il marche sur une surface plane.
BMC 4 = Il arrête pour reprendre son souffle après avoir marché 100 m.
BMC 5 = Trop essoufflé pour quitter la maison ou s'essouffle lorsqu'il s'habille, prend sa douche, etc.
Autres dysfonctionnements de la respiration
polypnée, respiration trop rapide (fréquence respiratoire supérieure à 15-20 par minute), avec un volume courant inférieur à la normale (500 mL)
tachypnée : respiration trop rapide, mais avec un volume courant normal.
orthopnée, ou dyspnée de décubitus, respiration difficile en position allongée et facilitée en position assise ou debout, retrouvée fréquemment dans les cas d'insuffisance cardiaque gauche et d'œdème aigu du poumon.
↑(du latindyspnoea, du grec anciendyspnoia de dyspnoos – court d'haleine)
↑ a et bPneumologie: soins infirmiers - Par Philippe Godard, Jean-Louis Pujol, Arnaud Bourdin, William Jacot. Elsevier Masson, 2005. (ISBN2-294-01925-3), 9782294019258, 253 pages. Dyspnée p36-38
↑Cardiologie - Par François Jan. Elsevier Masson, 2005. (ISBN2-294-01467-7), 9782294014673. 509 pages. p146-147
↑collège des enseignants de pneumologie, « dyspnée aiguë ou chronique », Item 199 ECN,