Dossier médical en droit françaisLe dossier médical est un ensemble de documents (physiques ou informatisés) qui retrace des épisodes ayant affecté la santé de cette personne : lettres, notes, compte rendu, résultats de laboratoire, film radiologique, etc. En droit français, le dossier médical doit être soigneusement conservé, pour la continuité des soins (le dossier médical doit donc pouvoir être transmis au successeur du médecin de famille, ou suivant le patient), pour répondre aux futures demandes d'accès des patients, voire pour apporter certaines preuves en cas de recherche de responsabilités. Le passage progressif à la fin du XXe siècle des dossiers papier aux dossiers numérisés, et l'évolution des pratiques d'archivage soulève des préoccupations en termes de technique (durée de vie et fiabilité du support numérique, sécurisation des informations) et d'éthique médicale : confidentialité, dossiers dont la gestion est en partie sous-traitée dans d'autres pays, ou par des entreprises privées, etc. Structure médicaleLe dossier médical peut contenir différents chapitres :
Ces chapitres varient souvent d'une spécialité médicale à une autre : psychiatrie, chirurgie, médecine du travail, anesthésie, etc. L’article R1112-2 du Code de la santé publique en spécifie les éléments minimums[1]. Dossier médical et outil informatiqueSous sa forme informatisée, le dossier médical peut se présenter de différentes façons :
Approche juridiqueLe dossier médical est créé et utilisé par les professionnels de santé. Il fait l'objet d'obligations et de protections prévues par la loi. Il faut à la fois respecter :
Dossier médical et citoyenLe dossier médical contient des informations personnelles et donc il est protégé par un certain nombre de lois : Propriété, Protection de la vie privée, etc. Réglementation en FranceEn France, l'article L1111-7 du code de la santé publique tel qu'il résulte de la loi du [6] autorise les patients à accéder directement aux informations les concernant qui sont détenues par un professionnel de santé (sauf, dans certains cas, en ce qui concerne les données recueillies lors d'une hospitalisation sans consentement) : « Toute personne a accès à l'ensemble des informations concernant sa santé détenues par des professionnels et établissements de santé, qui sont formalisées et ont contribué à l'élaboration et au suivi du diagnostic et du traitement ou d'une action de prévention, ou ont fait l'objet d'échanges écrits entre professionnels de santé, notamment des résultats d'examen, comptes rendus de consultation, d'intervention, d'exploration ou d'hospitalisation, des protocoles et prescriptions thérapeutiques mis en œuvre, feuilles de surveillance, correspondances entre professionnels de santé, à l'exception des informations mentionnant qu'elles ont été recueillies auprès de tiers n'intervenant pas dans la prise en charge thérapeutique ou concernant un tel tiers. » Le contenu du dossier est défini par le décret no 2002-637 du [7] ;
un dossier médical est constitué pour chaque patient hospitalisé dans un établissement de santé public ou privé.
Sont seules communicables les informations énumérées aux 1° et 2°. La notion d'« information formalisée » prête à controverse : on considérait traditionnellement qu'étaient exclues les notes manuscrites du médecin, mais dans un arrêt du [8], la Cour administrative d'appel de Paris a jugé que « les notes manuscrites du médecin traitant qui ont contribué à l'élaboration et au suivi du diagnostic et du traitement de l'intéressée au cours des années 1989 à 1995 et qui ont été conservées par l'hôpital font partie du dossier médical au sens des dispositions sus-rappelées du code de santé publique ; qu'il y a lieu d'enjoindre au centre hospitalier d'Orsay de communiquer à Mme G l'intégralité de son dossier médical. » D'après un article du journal Le Généraliste[9], la cour se serait inspirée de l'arrêté du [10], aux termes duquel « l'article L. 1111-7 du code de la santé publique donne à la personne accès aux informations de santé formalisées. Celles-ci doivent être comprises au plus simple : il s'agit des informations auxquelles est donné un support (écrit, photographie, enregistrement, etc.) avec l'intention de les conserver et sans lequel elles seraient objectivement inaccessibles. » Dans un conseil du (no 20041645-MNC, rapport 2003), la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA) avait estimé que les « documents manuscrits contenus dans [un] dossier médical […] sont des documents communicables de plein droit, au patient qu'ils concernent ou à ses ayants droit, en application de l'article L.1111-7, introduit dans le Code de la santé publique par la loi du , dans la mesure où ils ont contribué à l'établissement du diagnostic, même si les praticiens n'ont pas jugé utile de les formaliser davantage. » En raison du dualisme juridictionnel qui existe en France, le contentieux de la communication des informations à caractère médical est, selon le cas, porté devant le juge judiciaire ou le juge administratif (dans ce dernier cas, un recours préalable devant la CADA est obligatoire) : les deux ordres juridictionnels peuvent apporter des solutions divergentes à la question du caractère communicable de tel type de document. Le portail DMPLe portail DMP est un site sécurisé mis en place par le ministère des Affaires sociales et de la Santé permettant la consultation du dossier médical partagé. Le portail guide à la fois les patients et les professionnels de santé dans toutes les démarches concernant le DMP. Des vidéos expliquent l'utilité du DMP et présentent des parcours de santé (histoires de DMP). Portabilité des informations du DMPDans son rapport sur "La santé, un bien commun de la société numérique"[11], le Conseil national du numérique affirme qu'il faut renforcer la protection et la maîtrise par l’individu de ses propres données de santé. La montée en puissance des services numériques en santé, et l’exploitation massive des données qu’elle entraîne, soulève de véritables enjeux de contrôle des données par l’individu pour protéger sa vie privée et développer de nouveaux usages comme le partage de l’information à un tiers. Dans le cadre de la mise en œuvre du Règlement général de protection des données à caractère personnel, il est essentiel de garantir et d’outiller le consentement libre, éclairé et en continu des citoyens sur la collecte et l’utilisation de leurs données. Par exemple, des actions pourraient être mises en place pour renforcer le droit de regard des patients sur les traces fonctionnelles de son dossier médical ou activer le droit à la portabilité de ses données (soutien à des solutions de type Blue button pour la mise à disposition de l’historique personnel des individus, PIMS) ; Notes et références
Voir aussiBibliographie
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