Cornel Ronald West[2] est le petit-fils du révérend Clifton L. West, Sr. pasteurbaptiste de Tulsa[3], et le fils de d'Irene Bias West, une institutrice et de Clifton L. West, Jr., un cadre civil de l'United States Air Force[4].
En 1984, l'école professionnelle Divinity School de l'université Yale l'engage pour enseigner l'histoire américaine[12]. Alors qu'il enseigne dans cette université, il manifeste sur le campus contre l'Apartheid en Afrique du Sud, ce qui lui vaut d'être emprisonné. L'administration annule ses cours pendant le printemps 1987, ce qui l'oblige à modifier ses projets et à aller enseigner à l'université de Paris-VIII qui lui avait fait une offre[12].
Par après, il retourne à l'Union Theological Seminary avant de se retrouver à Princeton, où il devient professeur de religion et directeur du programme d'études sur les Noirs américains. En collaboration avec différents partenaires, notamment l'écrivaine afro-américaineToni Morrison[13],[14], il revitalise ce programme.
Il publie la collection d'essais Race Matters en 1993, laquelle fait fureur aux États-Unis. La même année, il quitte Princeton pour se joindre au département des African-American studies de Harvard[15]. Bien que son livre soit un succès, son prestige n'est pas universel. Quelques critiques, dont Leon Wieseltier(en), éditeur littéraire de la revue The New Republic, l'accusent d'opportunisme, d'avoir le sens de la mise en scène et de manquer de rigueur académique[16].
À côté de ce best-seller, il publie, toujours en 1993, Keeping Faith: Philosophy and Race in America une compilation plus académiques d'essais où il commence par se définir en revendiquant plusieurs étiquettes, et dans laquelle il cherche à résoudre les contradictions affectant les Afro-américains dans de nombreux domaines (la philosophie, la politique avec le libéralisme et le mouvement des études juridiques critiques, etc.). Il tente d'y trouver une solution de synthèse, qui se révèle être une « critique prophétique », ou encore un « pragmatisme prophétique », lequel passe par une théologie de la libération[17],[18].
En 1998, il est finalement nommé au prestigieux poste de University Professor (les titulaires de ce poste, peu nombreux, rendent directement compte de leurs travaux au président d'Harvard).
En 2001, Cornel West est au centre d'une polémique avec le nouveau président d'Harvard, Lawrence Summers[19],[20], ce dernier l'accuse de trop s'occuper de politique et pas assez d'activités académiques, car West a créé un disque de hip-hop intitulé Sketches of my Culture[21],[22]. À la suite de ces disputes, en 2002, il quitte Harvard[23] pour retourner à Princeton[24].
En 2004, il apparaît comme l'un des conseillers dans la trilogie Matrix[25],[26]. Dans le coffret DVD Matrix, il enregistre des commentaires sur la philosophie.
En novembre 2007, il appuie la campagne de Barack Obama à la présidence en faisant l'éloge de son jugement et de sa personnalité[27]. Sept ans plus tard, il fait une critique féroce de cet homme qui « s'était présenté comme un progressiste et s'est révélé une fraude. Nous nous sommes retrouvés avec une présidence Wall Street, une présidence de drones[28] ».
Il se définit comme « socialiste non marxiste »[29].
En 2023, il considère que l'invasion de l'Ukraine par la Russie est criminelle mais y voit le résultat d'une provocation par l'OTAN, et propose que l'Ukraine fasse des concessions territoriales à la Russie pour apaiser le conflit[30].
En , Cornel West annonce sa candidature à l'élection présidentielle de 2024 pour le compte du People's Party(en). Toutefois, en raison du droit électoral de chacun des États américains, le parti ne peut présenter de candidat dans la plupart des États. La semaine suivante, West candidate à la primaire du Parti vert dont le candidat peut apparaitre dans les bureaux de votes de plus d'États. Ses thèmes de campagne sont l'assurance santé, les salaires, le logement, la démocratie, l'environnement et les droits reproductifs[31]. En octobre, West abandonne la primaire du Parti vert, parlant des complexités internes du parti, et continue sa campagne présidentielle comme candidat indépendant[32]. En avril 2024, Cornel West nomme Melina Abdullah comme vice-présidente de son choix dans le cadre de sa campagne présidentielle[33]. En août 2024, Cornel West et sa colistière Melina Abdullah sont tous deux disqualifiés et se voient refuser l'entrée sur le bulletin de vote de l'élection présidentielle de 2024 dans le Michigan en raison d'un formulaire notarié incorrectement[34].
En 1977, il épouse Hilda Holloman ; le couple a un fils Clifton Louis West. En 1981, après son divorce, il épouse Ramona Santiago, une catholique d'origine porto-ricaine, de 10 ans sa cadette. Lorsqu'il est nommé à Harvard, celle-ci refuse de le suivre, ne souhaitant pas quitter le Bronx, et leurs relations se distendent, jusqu'au divorce[36],[1]. Puis il épouse en troisièmes noces Elleni Gebre Amlak, une Éthiopienne orthodoxe[36],[37].
Publications (sélection)
(en) Prophesy Deliverance ! : An Afro-American Revolutionary Christianity, Westminster John Knox Press, (réimpr. 2002), 188 p. (ISBN0-664-22343-5, lire en ligne)
(en) The American Evasion of Philosophy : A Genealogy of Pragmatism, Madison (Wis.), University of Wisconsin Press, , 292 p. (ISBN0-299-11964-5)
↑(en) « Cornel West Facts », sur biography.yourdictionary.com (consulté le ).
↑(en) Cornel West, « The Professor and the Prophet: », Transition, No. 52, (lire en ligne).
↑(en) Leslie A. Muray, « Reviewed Work: The Ethical Dimensions of Marxist Thought by Cornel West », American Journal of Theology & Philosophy, vol. 16, no 2, , p. 221-225 (lire en ligne).
↑(en) Toni Morrison et Cornel West, « ‘We Better Do Something’: Toni Morrison and Cornel West in Conversation », The Nation, (ISSN0027-8378, lire en ligne, consulté le ).
↑Leon Wieseltier, « All and Nothing at All », The New Republic, (ISSN0028-6583, lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Brad Elliott Stone, « Prophetic Pragmatism and the Practices of Freedom: On Cornel West's Foucauldian Methodology », Foucault Studies, no 11, , p. 92-105
↑(en) Jacques Steinberg, « At Odds With Harvard President, Black-Studies Stars Eye Princeton », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Cornel West, « Why I Left Harvard University », The Journal of Blacks in Higher Education, No. 47, , p. 64-68 (lire en ligne).
↑(en) Katharine Q. Seelye, « Cornel West Will Return to Teach at Harvard », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Jessie Carney Smith, Encyclopedia of African American Popular Culture, États-Unis, ABC-CLIO, , p. 1484.
↑(en) « Cornel R. West », sur hds.harvard.edu (consulté le ).
↑(en) Stacy Parker Le Melle, « Obama, Race, and the Right Side of History », Huffington Post, (lire en ligne)
↑(en) Thomas Frank, « Cornel West: "He posed as a progressive and turned out to be counterfeit. We ended up with a Wall Street presidency, a drone presidency" », Salon, (lire en ligne)
↑ a et bCornel West et David Ritz, Brother West : Living and Loving Out Loud, a Memoir, RHYW, , p. 158-185 ; 223.
↑(en) Jervis Anderson, « THE PUBLIC INTELLECTUAL », Thr New Yorker, (ISSN0028-792X, lire en ligne, consulté le ).
Annexes
Bibliographie
Anglophone
Articles issus de revues américaines :
(en) Anders Stephanson, « Interview with Cornel West », Social Text, no 21, , p. 269-286 (lire en ligne)
(en) Rickard Donovan, « Cornel West's New Pragmatism », CrossCurrents, vol. 41, no 1, , p. 98-106 (lire en ligne)
(en) William Hart, « Cornel West : Between Rorty's Rock and Hauerwas's Place's », American Journal of Theology & Philosophy, vol. 19, no 2, , p. 151-172 (lire en ligne)
(en) Clarence Sholé Johnson, « Review: Cornel West on Social Justice », The Journal of African American History, vol. 89, no 1, , p. 75-79 (lire en ligne)
(en) « The Singular Attraction of Professor Cornel West », The Journal of Blacks in Higher Education, no 43, , p. 12-13 (lire en ligne)
(en) Clarence Sholé Johnson, « Review: Cornel West on Social Justice », The Journal of African American History,, vol. 89, no 1, , p. 75-79 (lire en ligne)
(en) Gary Dorrien, « IMAGINING SOCIAL JUSTICE: Cornel West's Prophetic Public Intellectualism », CrossCurrents,, vol. 58, no 1, , p. 6-42 (lire en ligne)
(en) Thomas Dumm et David Lenson, « A Conversation with Cornel West », The Massachusetts Review, vol. 50, nos 1/2, , p. 55-67 (lire en ligne)
(en) Jane Duran, « Gender and the Thought of Cornel West », Philosophia Africana: Analysis of Philosophy and Issues in Africa and the Black Diaspora, vol. 13, no 1, , p. 23-33 (lire en ligne)
(en) Miriam Strube, « Pragmatism's Tragicomic Jazzman: A Talk with Cornel West », Amerikastudien / American Studies,, vol. 58, no 2, , p. 291-301 (lire en ligne)
(en) Eduardo Mendieta, « “What it means to be human!”: A Conversation with Cornel West », Critical Philosophy of Race, vol. 5, no 2, , p. 137-170 (lire en ligne)
Francophone
Fred Poché, Une éthique du vivre-ensemble : La philosophie sociale de Cornel West, Lyon, Chronique Sociale, .
Mahamadou Lamine Sagna, Violences, racisme & religions en Amérique : Cornel West, une pensée rebelle, Karan, .