Conférence de Bandung

Conférence de Bandung
Image illustrative de l’article Conférence de Bandung
Carte des États participants.

Type Conférence diplomatique
Pays Drapeau de l'Indonésie Indonésie
Localisation Bandung
Coordonnées 6° 55′ 16″ sud, 107° 36′ 35″ est
Organisateur Groupe de Colombo
Date Du 18 au
Participant(s) Afghanistan
Arabie saoudite
Drapeau de l'Argentine Argentine
Bhoutan
Birmanie
Bolivie
Drapeau du Brésil Brésil
Cambodge
Ceylan
Drapeau du Chili Chili
Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Drapeau de la Colombie Colombie
Corée du Nord
Corée du Sud
Drapeau du Costa Rica Costa Rica
Côte-de-l'Or
Cuba
Drapeau de l'Égypte Égypte
Éthiopie
Équateur
Drapeau du Guatemala Guatemala
Haïti
Honduras
Drapeau de l'Inde Inde
Drapeau de l'Indonésie Indonésie
Irak
Iran
Drapeau du Japon Japon
Drapeau de la Jordanie Jordanie
Laos
Drapeau du Liban Liban
Drapeau du Libéria Liberia
Libye
Mexique
Mongolie
Népal
Drapeau du Nicaragua Nicaragua
Pakistan
Drapeau du Panama Panama
Paraguay
Drapeau du Pérou Pérou
Philippines
Drapeau de la République dominicaine République dominicaine
Drapeau du Salvador Salvador
Syrie
Soudan
Drapeau de la Thaïlande Thaïlande
Drapeau de la Turquie Turquie
Drapeau de l'Uruguay Uruguay
Venezuela
Viêt Nam du Nord
Viêt Nam du Sud
Yémen
Drapeau de la République fédérative socialiste de Yougoslavie Yougoslavie
Total : 54 pays

Géolocalisation sur la carte : Indonésie
(Voir situation sur carte : Indonésie)
Conférence de Bandung
Géolocalisation sur la carte : Asie
(Voir situation sur carte : Asie)
Conférence de Bandung

La conférence de Bandung (ou conférence de Bandoeng) s'est tenue du 18 au à Bandung, en Indonésie, réunissant pour la première fois les représentants de vingt-neuf pays africains et asiatiques dont Gamal Abdel Nasser (Égypte), Jawaharlal Nehru (Inde), Soekarno (Indonésie) et Zhou Enlai (Chine). Cette conférence marqua l'entrée sur la scène internationale des pays décolonisés du « tiers monde ». Ceux-ci ne souhaitant pas intégrer les deux blocs qui se font face, menés par les États-Unis et l'URSS, choisissent le non-alignement.

Contexte

Le Gedung Merdeka (en) où s'est tenue la majeure partie de la conférence (photo de 1955).
Le Gedung Merdeka en 2002.
Situation des colonies en 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale : la décolonisation s'opère avec l'effacement des anciennes métropoles au profit des deux superpuissances de la Guerre froide en devenir (États-Unis et Union soviétique), qui transfèrent leur opposition via leur influence sur ces nouveaux pays indépendants, nonobstant l'affirmation ultérieure d'un « troisième bloc » des non-alignés.

Dès les années 1930, on assiste au développement de mouvements nationalistes revendiquant l'indépendance de leur pays ; ils se renforcent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de la conférence de Genève qui, en 1954, met fin à la guerre d'Indochine, les nouvelles puissances asiatiques veulent accélérer le processus d'indépendance.

En 1955, une trentaine de pays asiatiques et africains ont acquis leur indépendance. Le monde est alors dans un contexte de guerre froide opposant le camp soviétique au bloc occidental. Conscients de leur force, ces pays nouvellement indépendants décident alors de tout mettre en œuvre pour aider les autres colonies à acquérir elles aussi leur indépendance. L'Asie a été le premier continent à voir se multiplier de nouveaux États ayant accédé à leur souveraineté aux dépens des puissances coloniales occidentales, ce qui explique la localisation de la conférence à Bandung. Les grands acteurs de cette rencontre sont l'Indien Nehru, l'Égyptien Gamal Abdel Nasser, et le Chinois Zhou Enlai.

Conférence de Bandung

Soekarno, celui-ci accueillit la conférence.

« Une Conférence des Nations afro-asiatiques convoquée par les gouvernements de Birmanie, de Ceylan, de l'Inde, d'Indonésie et du Pakistan s'est réunie à Bandung du 18 au 24 avril 1955 »[1].

Les cinq puissances invitantes de Bandung (avril 1955) – l'Inde, Ceylan (l'actuel Sri Lanka), le Pakistan, la Birmanie et l'Indonésie – s'étaient réunies à Colombo, du au , pour chercher les moyens d'accélérer la conclusion de la paix en Indochine. Les cinq prennent alors position contre les essais nucléaires, la politique des blocs et le colonialisme et se prononcent pour l'admission de la république populaire de Chine aux Nations unies.

Quelques mois plus tard, en décembre 1954, les cinq de Colombo se retrouvent à Bogor, localité proche de la capitale indonésienne Jakarta, pour décider des derniers préparatifs de la conférence, et, notamment, pour établir la liste des pays à inviter à prendre part à la création d'une zone de paix fondée sur les principes de la coexistence pacifique. 25 pays, dont la Chine et le Nord Viêt Nam communistes, sont invités, et, parmi eux, seule la Fédération d'Afrique centrale décline l'invitation.

Les Nations participantes

29 pays se rendent à la conférence : 23 d'Asie (Afghanistan, Arabie saoudite, Birmanie, Cambodge, Ceylan, république populaire de Chine, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Japon, Jordanie, Laos, Liban, Népal, Pakistan, Philippines, Syrie, Thaïlande, Turquie, Viêt Nam du Nord, Viêt Nam du Sud, Yémen), et 6 d'Afrique (Côte-de-l'Or, Éthiopie, Liberia, Libye, Égypte, Soudan) ce qui reflète le fait que la plus grande partie de ce continent est encore colonisée. Le Japon est le seul pays industrialisé à assister à la conférence. Pour l'Afrique, une délégation du FLN algérien est aussi présente ainsi que le Destour tunisien.

Vu le pluralisme des langues et des pays, la langue choisie pour les travaux, et la résolution finale, est l'anglais. Les dirigeants et les délégations s'expriment le plus souvent dans les langues nationales, mais déjà certains dirigeants comme Nasser ou Soekarno s'expriment en anglais. Les documents sont traduits et des interprètes sont présents.

Les personnalités participantes

Plus de 2000 personnalités sont présentes, et 400 journalistes[2]. Parmi les noms, les plus célèbres, on peut retenir ceux de :

Les personnalités invitées

Résolution finale

Nehru en 1949.

Le communiqué final[5] de la conférence de Bandung, inspiré par le Premier ministre Indien Nehru, est marqué par le neutralisme et les principes de la coexistence pacifique mais peine à déterminer une ligne commune face aux « Grands » : aux non-engagés (Inde et Égypte), s'opposent, d'un côté, les pro-occidentaux, les pays de l'OTAN (Turquie), de l'OTASE (Pakistan, Philippines, Thaïlande) et du pacte de Bagdad (Irak, Iran, Pakistan, Turquie), et de l'autre, les États socialistes pro-soviétiques (république populaire de Chine et Nord Viêt Nam).

La conférence condamne la colonisation et l'impérialisme en général, et en particulier l'apartheid en Afrique du Sud. Les pays signataires appellent les pays encore colonisés à lutter pour leur indépendance, tout en privilégiant la solution pacifique et la négociation au conflit armé. Le gouvernement français (Faure II) est notamment pressé de trouver une solution aux problèmes de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Ils rappellent également la volonté de ne pas appartenir à l'un ou l'autre des deux blocs en pleine guerre froide opposant les États-Unis et le bloc soviétique. En outre, la conférence déclare appuyer les droits du « peuple arabe de Palestine ».

Bien que l'historiographie aie considéré pendant longtemps Bandung comme la base du tiers-mondisme, cette hypothèse est fausse. En effet, le terme de « tiers monde » a été conçu en 1952 par Alfred Sauvy pour désigner les pays "sous-développés" marginalisés. Il dénonçait la vision bipolaire du monde en rappelant qu'un "tiers" (troisième) monde existait. Or, cette conférence s'est terminée avec diverses visions du monde, qui ne pouvaient être résumées par un positionnement commun de tous contre les deux blocs de la guerre froide[6].

Conséquences

Nasser au côté de Khrouchtchev en 1964.

La conférence contribue à l'accélération du processus de décolonisation et à l'émergence d'un nouveau groupe de pays qui forment le « tiers monde » entre le bloc communiste et le bloc occidental. Dans la continuité, la conférence de Belgrade réunit certains de ces pays en 1961 et pose les bases du mouvement des non-alignés. Cependant, la conférence a mis en lumière les divisions existantes entre les pays plutôt proches d'un des deux blocs ou préférant le non-alignement. Le « non-alignement » est la position de certains États qui refusent de se ranger dans l'un ou l'autre des deux blocs, celui de l'Ouest ou celui de l'Est.

Chronologie de la conférence de Bandung

Références

  1. « Communiqué final de la conférence Afro-Asiatique de Bandoeng - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le ).
  2. Voir David Van Reybrouck, Revolusi, L'Indonésie et la naissance du monde moderne, Actes Sud (voir le chapitre sur Bandoung, chap. 15).
  3. Voir Pierre Queuille, Histoire de l'Afro-Asiatisme jusqu'à Bandung, la naissance du Tiers Monde, Payot, 1965.
  4. Voir David Van Reybrouck, Revolusi, L'Indonésie et la naissance du monde moderne, Actes Sud, p. 468.
  5. Extraits : Communiqué final de la conférence de Bandung, avril 1955.
    Texte entier : Communiqué final de la conférence afro-asiatique de Bandung (24 avril 1955).
  6. Nicolas Beaupré, Histoire mondiale du XXe siècle, PUF, , 1152 p. (ISBN 978-2-130-83574-5)
  7. Carte de l'Indonésie.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes