Conférence de Puebla
La troisième Conférence générale de l'épiscopat latino-américain, dite Conférence de Puebla, est la troisième session du Conseil épiscopal latino-américain, qui a lieu du au dans la ville mexicaine de Puebla, plus précisément au séminaire Palafoxiano. Une des particularités de cette conférence est la présence durant deux jours du pape Jean-Paul II, qui réalise alors son premier voyage en Amérique latine. ContexteLa conférence de Puebla est la troisième session du Conseil épiscopal latino-américain, après les conférences de Rio de Janeiro en 1955 et de Medellín en 1968. Elle est suivie par celle de Saint-Domingue en 1990 et Aparecida en 2007[1]. Thématiques abordéesLa conférence de Puebla aborde des thèmes tels que les droits de l'homme, les problèmes sociaux, économiques et politiques, ainsi que la réalité d'un continent démographiquement très jeune. Le thème retenu est « L'évangélisation dans le présent et l'avenir de l'Amérique latine »[2]. Deux sensibilités sont présentes : l'une veut poursuivre dans la continuité réformatrice de la conférence de Medellín, l'autre a une vision plus conservatrice de la mission et de l'identité de l'Église[3]. Présence du papeLe nouveau pape Jean-Paul II, élu moins de cinq mois auparavant, est présent les 27 et . Il prononce le dimanche 28 un discours très remarqué par les évêques, où il fait notamment référence à l'hypothèque sociale qui grève toute propriété privée. Il encourage les évêques à repartir de la base posée à Medellín, qu'il juge positive, tout en mettant ses auditeurs en garde contre les « interprétations erronées qui sont parfois faites et qui nécessitent un discernement serein, une critique opportune et des positions claires »[3]. Décisions prisesLes conclusions des débats des évêques sont réunies dans un texte nommé par la suite Document de Puebla. Jean-Paul II, dans sa lettre du , estime que « ce document, fruit d'une prière assidue, d'une réflexion profonde et d'un zèle apostolique intense, offre un ensemble dense d'orientations pastorales et doctrinales sur des questions de la plus haute importance »[4]. Prises de position dans le domaine économiqueL'option préférentielle pour les pauvres est un principe déjà posé lors de la précédente conférence de Medellín. Elle est confirmée en 1979, avec une dénonciation claire de la pauvreté, qui « entrave les possibilités d'épanouissement [des enfants] en raison de déficiences mentales et corporelles irréparables », qui empêche les jeunes de trouver « leur place dans la société ; frustrés, surtout dans les zones rurales et urbaines marginales, par le manque de possibilités de formation et d'occupation ». Parallèlement, le choix des pauvres se justifie notamment car ce sont eux qui font croître l'Église[2]. Cette option pour les pauvres reflète la préoccupation du pape, mais surtout l'investissement du cardinal Aloísio Lorscheider, qui a beaucoup œuvré à préparer cette conférence[3]. Globalement, même si certains pays commencent à récolter les fruits économiques du deuxième choc pétrolier, notamment le Mexique (en) et surtout le Venezuela (en), la situation économique globale du continent est jugée mauvaise[5]. Prises de position dans le domaine politiquePar ailleurs, dans une période où l'Amérique latine connaît dans de nombreux pays des régimes autoritaires voire dictatoriaux — en Argentine, au Brésil, au Chili, au Paraguay et en Uruguay — la Conférence condamne catégoriquement la « doctrine de sécurité nationale », même dans le cas où elle s'appuie explicitement sur des « valeurs occidentales et chrétiennes »[3]. Prises de position dans le domaine social et religieuxLes communautés ecclésiales de base encouragées en 1968 sont jugées de manière extrêmement positives onze ans plus tard, et vivement encouragées, même si l'orientation de certaines communautés vers des positions plus politiques qu'ecclésiales suscite la méfiance et justifie une demande de discernement de la part des évêques[6]. ConséquencesLa conférence de Puebla est relue quarante ans plus tard, en 2019, par le pape François, qui la juge positivement et estime qu'elle a posé les bases de la conférence d'Aparecida en 2007[7]. Notes et références
Voir aussiBibliographie
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