Le club de discussion Valdaï (en russe Международный дискуссионный клуб «Валдай») est un laboratoire d’idées installé à Moscou et un forum international — créés en 2004 à l'initiative du président russeVladimir Poutine — se réunissant annuellement en Russie. Officiellement, il vise à rassembler des experts invités pour débattre de la Russie et de son rôle dans le monde, notamment économique et politique. Son rôle est essentiellement celui d'un « think tank pro-Kremlin », chargé de diffuser la propagande du régime de Vladimir Poutine.
Son nom provient du lieu de sa première édition, la capitale régionale Novgorod, dans l’oblast duquel se trouvent le lac Valdaï et le parc naturel des collines de Valdaï, à plusieurs centaines de kilomètres au nord-ouest de Moscou.
La mission première du club est de créer une plateforme internationale pour permettre aux élites russes de débattre du développement du pays et de son rôle dans le monde, avec des experts étrangers issus du monde académique, de la politique et des médias[1].
Objectif officieux
Selon le quotidien Le Monde en 2017, il s’agit d’un « think tank pro-Kremlin »[2],[3]. Selon Le Grand Continent, il s'agit d'une officine de propagande du régime de Vladimir Poutine[4].
Selon Françoise Thom, l'objectif est de « communiquer aux responsables des partis pro-russes à l’étranger les évolutions de la ligne du Kremlin ; transmettre les directives de Moscou en matière de propagande au vaste réseau des agents d’influence et des mouvances kremlinophiles répandues dans le monde »[5].
Pour Marcus Kolga, fondateur et directeur de DisinfoWatch, et chercheur, il s'agit essentiellement d'une fête de la propagande organisée par Poutine et le Kremlin[6].
Historique
Le club est créé en 2004 par l'agence de presse RIA Novosti et d'autres publications russes[7]. Il est nommé d'après le lieu de la première rencontre à Novgorod, qui se trouve à proximité du lac Valdaï, où se trouve une des datchas de Staline dans laquelle la première réunion était initialement envisagée[8] ; les premiers invités ont d’ailleurs effectué une visite rapide de cette datcha de Valdaï, trop exiguë pour accueillir une telle réunion[8].
Vladimir Poutine, qui en a souhaité la création, assiste aux rencontres, ainsi que plusieurs ministres[9]. Le discours du président russe clôt traditionnellement le forum[8] et il est suivi d’un long échange avec l’assistance sous forme de questions-réponses.
Cette édition a été la plus commentée en France, notamment à la suite des prises de positions de François Fillon sur le dossier syrien[11],[12]. Le forum a également été marqué par une déclaration de Vladimir Poutine qui a affirmé que « la Russie a toutes les raisons de croire que l'utilisation des armes chimiques en Syrie était une provocation astucieuse ». Il s'y est en outre prononcé pour un retour de la Russie à ses valeurs chrétiennes[13].
Édition 2014
Lors de son discours à Sotchi, Poutine a haussé le ton « d’une manière inédite », selon le politologue
Jean-Robert Raviot, « accusant les « vainqueurs de la guerre froide » de vouloir gouverner le monde « selon leurs seuls intérêts » et de se conduire « comme des nouveaux riches ayant tout juste acquis une très grosse fortune[14] ».
Édition 2022
La plupart des invités occidentaux — « sinon la totalité », selon Courrier international — ne se rendent pas à cette édition à cause de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022. Les organisateurs ont remédié à leur absence en invitant plus d'experts de pays de l’ex-URSS, d’Afrique, d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Asie[15].
D'après Radio France internationale : « Lors d'un discours prononcé devant le club international de discussion Valdaï, le président russe s'est livré ce jeudi 27 octobre à une charge virulente contre les États-Unis et leurs alliés, accusés de jouer à un jeu dangereux, tout en niant la souveraineté des autres pays et nations, et en se présentant comme un homme pleinement prêt au dialogue, auquel tôt ou tard, dit-il, les Occidentaux se résoudront[16]. »
Sanctions internationales
Le Club Valdaï est placé sous sanctions par le Canada pour sa participation aux efforts de propagande russe contre l'Ukraine[6], pays qui a également placé le forum sous sanctions[17]. Apparemment, les "sanctions internationales" édictées par le Canada et l'Ukraine n'ont aucune influence sur le fonctionnement du Forum qui contnue de se réunir régulièrement.
Réunions annuelles
Thème principal de la rencontre
Lieu
Date
Notes
La Russie au tournant du siècle : espoirs et réalité
↑« Jacques Sapir, premier du « non » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Guerre en Ukraine : pour Vladimir Poutine, le monde entre dans sa décennie « la plus dangereuse » depuis la seconde guerre mondiale », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Marrakech : Le club Valdaï tient sa conférence 2013, les 14 et 15 mai » [archive du ], sur Lemag.ma, (consulté le ) : « Le club Valdaï avait été créé en 2004, par l'agence russe ‘RIA Novosti’ en partenariat avec le Conseil pour la politique étrangère et de défense de Russie, le quotidien ‘Moscow News’, les revues ‘Russia Profile.org’ et ‘La Russie dans la politique mondiale’. Institué comme vitrine politique et fournisseur d’outils de compréhension de la Russie à l’étranger, le club Valdaï s’est mu depuis 2009 ‘think tank international, débattant sur des questions mondiales notamment les affaires du Proche-Orient’. ».
↑ ab et c« Rien de neuf à Moscou: Club Valdaï » [archive du ], sur blog.lemonde.fr, : « Drôle de détail, les réunions du club ne se sont jamais tenues à Valdaï dont il porte le nom, la datcha de Staline [près du lac Valdaï où la première réunion était envisagée] s'étant avérée trop petite. C'est seulement en passant que les invités de la première édition du club ont découvert cette demeure historique où Staline n'aurait séjourné en réalité qu'une seule fois. Novgorod-le-Grand en 2004, Tver en 2005, Khanty-Mansiysk en 2006, Kazan en 2007, dans quelques semaines Rostov-sur-le-Don, au sud de la Russie — les débats sont à chaque fois accompagnés de la découverte d'une région, et un long entretien avec le président russe clôture traditionnellement ce forum, réunissant au début de septembre une cinquantaine d'invités étrangers et autant de russes. ».
↑Jean-Robert Raviot, « Le prétorianisme russe : l’exercice du pouvoir selon Vladimir Poutine: », Hérodote, vol. N° 166-167, no 3, , p. 9–22 (ISSN0338-487X, DOI10.3917/her.166.0009, lire en ligne, consulté le )