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Claude Santelli meurt le , trois mois après un accident survenu sous le chapiteau du cirque Alexis Grüss. Il est inhumé à Esches (Oise).
Carrière audiovisuelle
Contrairement à d'autres de ses collègues, Claude Santelli, tout en se revendiquant ouvertement de gauche, n'était pas membre du Parti communiste français.
Il utilise surtout la télévision comme outil d'instruction. Le tour de France par deux enfants contient déjà une forte portée didactique. Le feuilleton est en effet muet, commenté par Jean Topart d'après des textes de Santelli lui-même. Le périple des deux enfants est en fait une longue leçon morale et pédagogique, sous la forme d'un voyage initiatique où on apprend beaucoup de choses sur l'histoire, la géographie, les valeurs... Livre mon ami est une autre émission éducative ayant pour objectif de présenter des livres aux plus jeunes. Mené par Claude Santelli et Colette Cotti, l'émission qui est un succès est programmée de 1958 à 1968.
Santelli revient à ses premières amours, le théâtre, par le biais d'une émission, Le Théâtre de la jeunesse (1960-1969). Il y supervise le choix des sujets[6], des comédiens, des auteurs (lorsqu'il n'écrit pas lui-même les adaptations). Son objectif est de faire une émission populaire. Dans cet objectif, il choisit des intrigues claires, privilégie l'action, auxquels s'ajoute une touche morale. Ainsi sont adaptés de grands auteurs : Cervantes, Dickens, Eugène Sue, Jules Verne, Herman Melville, Victor Hugo... Là encore, le succès est au rendez-vous et durant six années, la série passe de la case horaire du jeudi soir au dimanche après-midi, heure de plus grande écoute[réf. nécessaire].
Santelli aborde aussi la littérature avec Les Cent Livres des Hommes (1969-1973) en collaboration avec Françoise Verny. Dans la même veine que Jean-Claude Bringuier, mais dans un style différent, il propose aussi nombre de portraits de personnalités dont : André Malraux, (dans la série éponyme sous-titrée « la légende du siècle ») ou le pianiste Samson François. La réalisation de ces différents entretiens, comme aussi la série « La nuit écoute », s'efforce de faire transparaître comment un être, par son talent et ses qualités humaines, arrive à nous faire partager sa passion et son art.
De même, il s'intéresse à l'histoire, notamment à travers 1936 ou la mémoire d'un peuple où il évoque le Front populaire, et L'an quarante réalisé en 1983. Il réalise deux ans plus tard L'année terrible (1871).
« J'ai une forme de sensibilité qui me conduit au mouvement de caméra, je veux épouser avec le mouvement de caméra le moment d'une réplique, le moment d'un sentiment qui passe entre deux êtres. »[7]
Le style Santelli est donc d'abord marqué par le mouvement. La caméra suit les personnages, les accompagne au fil de l'histoire, de manière à recréer une atmosphère. De fait, le montage est très peu utilisé par le réalisateur, celui-ci préférant les plans-séquences. Ce style est notamment facilité par le fait que dans une dramatique tous les acteurs sont présents en même temps, et tous les décors sont entièrement mis en place. Pas besoin du traditionnel découpage en champ/contrechamp par exemple, suivant les disponibilités des acteurs. L'image conserve une forme de fluidité, de cohérence et de continuité, permise par un dispositif très télévisuel également, impliquant la mise en place de nombreux rails de travelling. Tout ce travail ne serait rien sans l'effort et le talent de toute une équipe qui compte le chef machiniste Jean-Claude Hagué, sans qui toute la logistique déployée pour les rails ne serait pas. Ce style est aussi en quelque sorte hérité du théâtre où tout a lieu dans la continuité.
Lorsqu'il s'investit dans l'adaptation littéraire avec Les Cent Livres des hommes, Santelli cherche une forme nouvelle, plus hétérogène. En effet il mêle scènes jouées, avec des témoignages sur le livre, ou des images d'actualités. L'idée est de reproduire l'ambiance de l'œuvre, son esprit, de manière à donner envie de la lire. De fait l'image ne remplace pas le texte comme dans une adaptation classique, mais l'encadre voire le complète. On a donc un propos pédagogique, mais qui se veut dynamique par le travail sur l'atmosphère. C'est dans l'une de ces émissions, consacrée à Marcel Proust, que débute Isabelle Huppert.
En outre, Claude Santelli évite souvent les reconstitutions coûteuses au profit de dispositifs plus ludiques, sollicitant l'éveil et l'imagination de son public. Par exemple, dans Le matelot de nulle part, fresque navale épique, Santelli choisit de représenter les combats, assauts, et autres tempêtes par le biais d'un montreur d'images.
De fait, même à travers son style, Santelli conçoit la télévision comme un outil qui doit enrichir celui qui la regarde et non l'abrutir.
Claude Santelli s'est toujours engagé pour une télévision privilégiant l'imagination, la créativité et l'éducation, face à une certaine uniformisation incarnée par l'avènement des grands groupes économiques. À la tête de la Société des auteurs et compositeurs dramatique (SACD) pendant une dizaine d'années, de 1982 à 1992, il y milite pour la création de quotas en faveur de la création audiovisuelle française. Il crée aussi l'association Beaumarchais avec Jean Matthyssens. Son objectif étant d'aider à déceler de nouveaux talents, de nouveaux auteurs, de futurs maîtres dans un panel de domaines allant du cinéma à l'opéra, en passant par le cirque, le théâtre, la radio, la télévision, etc. dans la perspective de leur attribuer des bourses d'écriture. L'association Beaumarchais, affiliée à la SACD, est aujourd'hui dirigée par Paul Tabet.
↑Ina, Claude Santelli sur le théâtre de la Jeunesse, 18 février 1962
↑Cette série, qui met en scène deux enfants orphelins de guerre à la recherche d'un oncle, était diffusée chaque dimanche à 17 heures, durant trente-neuf semaines. Elle remporta un franc succès.
↑Ina, Claude Santelli sur le théâtre de la Jeunesse, 17 septembre 1966
↑Cahiers de la production télévisée no 13, décembre 1976
Jean-Marc Doniak, Les fictions de la télévision française, Dixit, 1998
Raoul Sangla: Claude Santelli (1923-2001). Tombeau de Monsieur Claude Santelli, Hermès, n° 32-33, 2002 (en ligne sur irevues.inist.fr)
Paul Tabet ''L'ami Santelli, dialogue à une voix, coll. For intérieur, Paris, 2005. (en ligne)
Ina, Claude Santelli sur le théâtre de la Jeunesse, 18 février 1962 (en ligne)
Ina, Claude Santelli sur le théâtre de la Jeunesse, 17 septembre 1966 (en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
Propos de Claude Santelli recueillis par Anonyme, « C. Santelli. L'adaptation», Téléciné no 121-122 spécial Télévision et Cinéma, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), Paris, 1965, (ISSN0049-3287).
Propos de Claude Santelli recueillis par Michel Mortier et Gilbert Salachas, « Claude Santelli : La télévision sera personnelle ou ne sera pas », Téléciné no 141, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , p. 37-43, (ISSN0049-3287)
Propos de Claude Santelli recueillis Par Pierre Loubière et Gilbert Salachas, « Claude Santelli : si nous ne sommes pas des visionnaires, si nous ne proposons pas des visions, notre métier n'a aucun intérêt », Téléciné no 148, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , p. 36-41, (ISSN0049-3287)