Elle écoule elle-même ses gourmandises maison sur les champs de foire[H 2],[H 3] et marchés environnants qu'elle parcourt dans sa roulotte : Dunkerque, Calais, Saint-Omer, Béthune, Roubaix, Saint-Armand, Boulogne, Lille, Valenciennes, Condé, Montreuil, Hesdin…
Mariage
Le 22 janvier 1862, Clémence Clarisse épouse Pierre Joseph Lestienne.
Un fils naît de cette union.
Femme à barbe
Les clients s'arrêtent facilement devant l'étal de Mme Lestienne dont l'imposante barbe en fait une attraction[H 4],[H 6] et l'aide indéniablement à augmenter son chiffre d'affaires[H 1].
« Le 2 février 1919[note 5] mourut la doyenne des marchandes foraines, Madame Lestienne, âgée de quatre-vingt-cinq ans[note 7],[H 11] »
Elle repose au cimetière de L'Est de Boulogne-sur-Mer[H 9].
Sources
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Dr Edgar Bérillon (médecin psychiatre, psychothérapeute, directeur de publication), Dr Paul Farez (rédacteur en chef) et Dr Pierre Vachet (corédacteur en chef), Mme Lestienne, Paris, , 397 p., « Revue de psychothérapie et de psychologie appliquée », initialement intitulée « Revue de l'hypnotisme et de la psychologie physiologique » 1888-1910 (ISSN1958-4083) (BNF41079979) et « Revue de l'hypnotisme expérimental et thérapeutique » 1886-juin 1910 [I-XXIV] (BNF32857382), devenue « Revue de psychothérapie et psychologie appliquée » juillet 1910-1915 [XXV-XXIX] (ISSN1958-4105) (BNF41080433), (BNF32858017), puis « La psychologie appliquée. Psychothérapie, hypnologie, orthopédie mentale, psychiatrie » 1920-1921 [I-II] (BNF32845493) et enfin « Revue de psychothérapie et de psychologie appliquée » 1922-juin 1934 (OCLC21035839, BNF32858017, lire en ligne), « Les Femmes à barbe : étude psychologique et sociologique », p. 174-175
« Mme Lestienne est bien connue des habitants de la région du Nord ; née à Festubert, arrondissement de Béthune[H 2] (Pas-de-Calais), elle est âgée de soixante-cinq ans. Elle parcourt les foires de la région, se livrant à un fructueux commerce de pain d'épice[H 2]. Sa barbe est assurément pour beaucoup dans son succès. Attirés par le spectacle peu commun d'une femme à barbe[H 4],[H 6],[H 5],[H 7], les curieux s'approchent de sa boutique. Là, engagés par les manières avenantes de la marchande, ils se livrent à de sérieuses emplettes. Quand cela leur fait plaisir, elle leur donne son portrait. C'est vers l'âge de dix-huit ans qu'elle vit apparaître d'indiscrets poils follets auxquels elle faisait une guerre acharnée. Bientôt, ils envahirent la lèvre supérieure et le menton[H 2]. Pendant quarante ans, elle combattit ces signes visibles d'une fausse virilité, rasant, émondant, épilant. Tous ses efforts demeurèrent inutiles. Enfin, il y a quelques années, elle s'avoua vaincue. Depuis, son visage est orné d'une belle barbe et elle regrette vivement n'avoir pas pris plus tôt cette décision. Elle est obligée de reconnaître que la liberté laissée à la barbe a été le point de départ d'une excellente santé dont elle n'a cessé d'être douée depuis ce moment. Cette correspondance de la santé avec le port de la barbe a été fréquemment signalée chez les femmes à barbe. Quand elles tourmentent leur système pileux[H 13], elles éprouvent des malaises divers et des troubles nerveux qui ne cessent que lorsqu'elles se décident à le laisser croître librement. Sa mère et sa sœur étaient également agrémentées d'un système pileux assez développé. Mme Lestienne a donné le jour à deux fils[note 8] auxquels elle a fait donner une excellente éducation. Ses goûts sont toujours portés aux travaux de son sexe. Elle a toujours fait preuve d'une coquetterie de bon aloi, réunissant en elle toutes les qualités de la femme et de la mère de famille. »
— Dr Edgar Bérillon, Revue de psychothérapie et de psychologie appliquée, 1906
Dr Anatole-Félix Le Double et Dr François Houssay (ill. Louis Danty-Collas), Les velus : contribution à l'étude des variations par excès du système pileux[H 13] de l'homme, Paris, Vigot frères, , 501 p. (OCLC8792240, BNF32363391, présentation en ligne, lire en ligne), « Mme Lestienne, de Boulogne-sur-Mer », p. 55-56, 481
« Mme Lestienne laissa pousser une large barbe, actuellement poivre et sel, qu'admirent tous les baigneurs. Elle n'était pas la seule de sa famille à jouir de ce privilège, si c'en est un, car sa mère et sa tante maternelle le possédaient[H 13]... »
« A Burmese family with congenital hypertrichosis lanuginosa had an eventful history in the nineteenth century. The earlier members of this family were employed at the court of Ava, but the later ones spent their lives in show business, being widely exhibited for money in the 1880s. Their extraordinary hairiness attracted much curiosity, and they were photographed several times. The hairy Burmese are the only example of a four-generation pedigree of congenital hypertrichosis lanuginosa, which is consistent with an autosomal dominant mode of inheritance. »
« [...] Elle présente ses phénomènes dont la plus populaire à Boulogne[H 6],[H 4],[H 7] est sans conteste la « femme à barbe[H 4],[H 6],[H 7] » : Mme Lestienne qui tient un magasin rue de Lille[note 4] (elle décède en 1919). »
Dr Léopold Lévi et Dr Henri de Rothschild, Endocrinologie : nouvelles études sur la physiopathologie du corps thyroïde et des autres glandes endocrines (2e série), Paris, O. Doin et fils, , 558 p., LXIV, 558 S., 18 planches : Tafn, Abb. (OCLC601626990, BNF31251611, présentation en ligne), « Système pileux[H 13] à glande thyroïde, observation LV : jeune fille à barbe, sans troubles des glandes à sécrétion interne », p. 194
« C'est l'invité le plus inattendu des Gastronomades 2010. Le professeur Jean-Philippe Derenne a nourri sa femme malade, à l'hôpital, avec des recettes à la bouilloire. Il a été élu personnalité de l'année. Le Pr Jean-Philippe Derenne a dispensé sa leçon de cuisine à la bouilloire le dimanche 28 novembre 2010 à 10h30 à l'espace Franquin. »
« Une fame à barbe », Journal d'Annonay et de l'arrondissement de Tournon, Mémoire et actualité en Rhône-Alpes, , p. 2 (lire en ligne [PDF])
Actualité Boulogne, « Baptiser les ronds-points », La Voix du Nord, Lille « Échos » « Tiens donc ! », (ISSN0999-2189, lire en ligne)
« Quel fut donc notre étonnement de ne pas recevoir, parmi les centaines de propositions de noms de rues boulonnaises au féminin envoyées par nos lecteurs [...], le nom d'une incroyable boulonnaise : Madame Lestienne, dont on voit toujours le portrait quand on rentre à La Matelote. Cette marchande de pain d'épices devenue « femme à barbe » parcourut pourtant pendant un demi-siècle tous les champs de foire de la région »
« Les femmes à barbe sont rarement montrées habillées en hommes. En effet, c'est l'opposition entre sexe et genre qui est recherchée. Ainsi, le préparateur de l'école de médecine qui naturalise un buste de femme à barbe vers 1881 l'habille avec un col de dentelle blanche (ce buste est conservé au musée Orphila, Paris). « Pour la conscience populaire, la femme à barbe est un être équivoque. Elle appartient à la fois au règne animal et à l'espèce humaine. Elle est à la fois homme et femme. Son existence manifeste l'instabilité des lois biologiques et de ce fait semble inquiéter l'homme sur son propre statut d'être humain […] particularité d'être un féminin masculinisé », écrit un journaliste de Paris-Soir le 21 avril 1939 […]. Mais qu'est-ce qu'un « féminin masculinisé » ? Quelque chose de fascinant, sans doute, comme en témoignent les […] cartes postales […]. À la même époque, d'autres cartes postales montrent des femmes barbues[H 4],[H 6],[H 5] : la mère Mardié d'Orléans, Mme Lestienne de Boulogne-sur-Mer[H 6],[H 5],[H 4]. »
Professeur Jean Normand (conservateur du Musée d'histoire de la médecine et de la pharmacie de Lyon), « Alexandre Lacassagne, un pédagogue original », millénaire3 : Centre ressources prospectives du Grand Lyon, DPDP : Direction de la prospective et du dialogue public « Personnages », (résumé, lire en ligne [PDF])
« Le 2 février 1919[note 5] mourut la doyenne des marchandes foraines, Madame Lestienne, âgée de quatre-vingt-cinq ans[note 7] »
Le Rire : journal humoristique, vol. 25, éditions Félix Juven, (réimpr. 25 février 1922 (OCLC420899940), 14 décembre 1929 (OCLC420953549)), texte imprimé, périodique, v. ill. (some col.) 31 cm puis 24 cm ; variante historique du titre : Le Rire rouge – nov. 1914-1918 ; numérotation : no 1 (1894, 10 novembre) – 9e année, no 430 (1903, 31 janvier) ; n.s., no 1 (1903, 7 février) – no 600 (1914, 1er août) ; édition de guerre, no 1 (1914, 21 novembre) – no 215 (1918, 28 décembre) ; 25e année, no 1 (1919, 4 janvier) – 46e année, no 1070/1071 (1940, 1er juin) ; n.s., no 1 (1946, janvier) – no 49 (1949, Noël) ; n.s., no 1 (1951, octobre) – no 235 (1971, avril) [?] ; supplément conjointement publié : Almanach du Rire (Paris) (ISSN1154-7553) de 1901? à 1913? ; numérisation effectuée le 6 avril 2010 à partir d'un exemplaire original de 1919 provenant des archives de l'université de Princeton (OCLC1642652, BNF34432899, présentation en ligne, lire en ligne)
« Bien qu'ayant été la grande attraction de la fête du Neuilly, la femme à barbe vient de partir sans tambours ni trompettes. Mme Lestienne a succombé à l'âge de 85 ans[note 7] : autrement dit, c'était une vieille barbe de 48[note 9]. Cette excellente dame s'était refusée à suivre la mode masculine... »
Véronique Tonnel (service de l'architecture et du patrimoine) et Daniel Tintillier, « Laissez-vous conter le cimetière de l'Est », villes et pays d'art et d'histoire, ville de Boulogne-sur-Mer, , p. 7 (lire en ligne [PDF])
« Clémence Lestienne, dite « La femme à barbe » (1834[note 6]-1919), tombe D 28 : connue pour son fameux pain d'épices[H 3] et ses confiseries, mais encore pour son impressionnante… barbe, elle mourut dans sa roulotte, sur le champ de foire du boulevard Mariette. »
Généalogie
Données généalogiques :
Naissance : le 15 mars 1839[note 2] à Festubert[H 1] 62330, Nord-Pas-de-Calais, France
Parents : Auguste Louis Joseph Clarisse (1809-1898) et Elise Joseph Quéniart (1812-1899)
Frères et sœurs : Celine Angelique Clarisse (1837-1906), Cyr Louis Joseph Clarisse (1846-), Célénie Augustine Clarisse (1849-), Marie Clarisse (1853-), Emile Louis Joseph Clarisse (1855-1873)
Profession : marchande de pains d'épice, 17 rue de Lille[note 4] à Boulogne
Particularité : femme à barbe
Mariage :
Contrat de mariage : établi le 20 janvier 1862 à Frémicourt, 62353, Pas de Calais, Nord-Pas-de-Calais, France
Enfant : un fils – Jules Louis Félix Lestienne – né entre 1868 et 1869 (date de décès inconnue)
Petits-enfanfs : deux petits-fils, Jean Lestienne (1907-1990) et Michel Lestienne (1908-1985) – [carte postale]
Épitaphe :
Décès : le 14 février 1919 [carte postale] à Boulogne-sur-Mer, 62160, Pas de Calais, France, à l'âge de 79 ans
Notes
↑ abcd et eDans l'acte de naissance, le patronyme « Clarisse » est également orthographié « Claris ».
↑ abc et dLa date de naissance de Clémence Lestienne est consignée in extenso dans l'acte de mariage du 22 janvier 1862 où l'on peut lire, en bas de première page, cf. 6e et 5e avant-dernières lignes : « … Mademoiselle Clémence Henriette Clarisse[note 1] […] née à Festurbert[H 1] le quinze mars mille huit cent trente-neuf … » → [acte de mariage].
↑ a et bLa légende du dessin portrait de Clémence Lestienne — figurant en page 175 de la « Revue de psychothérapie et de psychologie appliquée[H 1] » et spécifiant l'âge de 60 ans en 1900 [voir la page] — corrobore les données stipulées dans l'acte de naissance.
↑ ab et cL'adresse sise au 17 rue de Lille à Boulogne-sur-Mer est celle qui figure en légende d'une carte postale de l'époque représentant Clémence Lestienne entourée de ses deux petits-fils Jean et Michel Lestienne : → [carte postale].
↑ a et bLa date décès du 2 février indiquée par le professeur Alexandre Lacassagne est ici partiellement erronée, à 12 jours près, puisque Clémence Lestienne est morte le 14 février 1919.
↑ abc et dL'année évoquée, 1834 — inadéquatement consignée dans le quotidien « Nord Éclair[H 2] » et, en outre, dans une brochure informative dédiée[H 9] —, se départ singulièrement de celle figurant dans l'acte de naissance dont la teneur établit la date du 15 mars 1839.
↑ abcd et eDans cette référence, l'estimation numérique de l'état-civil se base sur une année erronée : 1834[note 6], au lieu de 1839. À cette époque, Clémence Lestienne n'est donc pas âgée de « 85 » (sic), mais 79 ans[note 2],[note 3].
↑Si l'on se base sur les sources d'état civil disponibles, il appert que Clémence Lestienne n'a eu qu'un seul fils, Jules Louis Félix Lestienne, puis deux petits-fils, Jean et Michel Lestienne ; ces derniers figurent sur la photo de la carte postale d'époque, aux côtés de leur aïeule : → [carte postale].
↑Pour être plus conforme à la réalité, l'expression aurait davantage dû être : « C'était une vieille de barbe de 42 ». En effet, les calculs effectués par le journal « Le Rire[H 10] » ou par le professeur Alexandre Lacassagne dans « La verte vieillesse[H 11] » se basent tous deux sur une année de naissance erronée, en l'occurrence 1834[note 6], alors que Clémence Clarisse est née en 1839.