Christian Lapointe est né le 10 juillet dans la région de Québec. Il est un metteur en scène, dramaturge, directeur artistique, comédien et pédagogue québécois[1],[2]. D'abord connu pour avoir mis en scène plusieurs textes de l'écrivain irlandais William Butler Yeats, Lapointe est aussi connu comme étant l'auteur d'un cycle de pièces regroupées sous le nom du Cycle de la Disparition[3],[4].
Biographie
Né dans la région de Québec, Christian Lapointe est admis comme étudiant en interprétation au Conservatoire d'art dramatique de Québec puis se forme à la mise en scène à l'École nationale de théâtre du Canada, d'où il gradue en 2005[5],[6]. À l'automne 2001, il dirige un premier triptyque de courtes pièces de William Butler Yeats[7]. À la suite d'une coproduction avec une institution théâtrale à Hanoï et à la mise en scène d'une seconde pièce du poète irlandais Yeats, il entre, en 2003, au perfectionnement de mise en scène de l'École nationale de théâtre du Canada.
Il est le fondateur du théâtre Péril et directeur artistique de Carte Blanche[8],[9]. Au Festival TransAmériques 2015, il donne à voir et joue lui-même une représentation d'une durée de près de trois jours et deux nuits autour de l'œuvre d'Antonin Artaud[8],[10].
Il est interprète dans la pièce Le 20 novembre, sous la direction de Brigitte Haentjens[11]. Sa performance lui vaudra une nomination au prix de l'Association québécoise des critiques de théâtre[11]. Il travaille également aux côtés de Larry Tremblay pour la pièce L'Enfant matière pour la mise en scène[11].
Au fil du temps, il s'impose comme une figure atypique du paysage théâtral[7]. Dans Sepsis, dernier opus du Cycle de la Disparition, six comédiens philosophent sur leur existence depuis une morgue[12]. D'ailleurs, la mort est un thème récurrent dans les oeuvres de Lapointe, car le fait d'être dans un corps qui a une durée de vie limitée est une idée qui l'obsède[13]. Alors qu’il était cracheur de feu à 19 ans, il a été victime, en direct à la télé lors du premier anniversaire de l’émission Le point J de l’animatrice Julie Snyder, d'un accident qui a nécessité des greffes de peau sur son cou et son torse ; cet événement a remis son rapport à la mort en perspective[2].
Héritier du mouvement symboliste, l’écriture de ses spectacles emprunte à l'art de la performance, se conçoit à partir et autour de dispositifs scéniques et flirte avec l'installation vidéo[14]. Pédagogue à la démarche portant autour de notions observables de l’art du jeu au théâtre, il est l’idéateur d’une méthodologie pédagogique axée sur l’épaississement de la présence en scène par la modulation des positionnements scéniques dans le cadre d’une pratique théâtrale actorale[15]. Ainsi, texte et gestes sont intrinsèquement liés lors de ses représentations et peuvent varier selon l'énergie et l'attention du public[15]. Une attention particulière est portée à la relation entre la scène et la salle et la réalité et la fiction[15]. Son Petit guide de l’apparition à l’usage de ceux qu’on ne voit pas et Les Jours gris témoignent de cette démarche[14].
En 2013, il met en scène le classique de langue allemande[16]Outrage au public (Publikumsbeschimpfung) de Peter Handke. L’originalité de sa conception réside dans la soustraction des interprètes pour ne laisser que des voix de synthèse dire le texte, le tout enchâssé dans une installation de cinéma-direct donnant à voir le public à lui-même, activant à mi-chemin de la représentation un rejeu à rebours de sa présence[17].
Ses œuvres furent présentées dans de nombreuses institutions québécoises mais aussi au In Avignon, au Royal court theatre à Londres, à la Schaubühne à Berlin ainsi qu’à plusieurs reprises au Centre national des Arts du Canada à Ottawa, au Carrefour international de théâtre de Québec et au Festival TransAmériques à Montréal[18],[8] et ce, sans compter d’autres diffusions notamment en Europe, en Asie et en Australie.
Après y avoir enseigné pendant près de huit ans, le , il commence une résidence artistique à titre d’artiste et pédagogue à l'École nationale de théâtre[2]. Ensuite, il sera professeur d’interprétation à l’École supérieure de théâtre jusqu’en 2021.
En 2019, il lance Constituons!, en partenariat avec l’Institut du Nouveau Monde, un processus qui propose de doter le Québec d’une constitution entièrement écrite par des citoyens sélectionnés par tirage au sort et représentatifs de la démographie de la société québécoise et ce, dans le cadre d’une mise à l’épreuve du théâtre comme agora populaire[19]. Il est appuyé dans cette démarche par plus d’une douzaine d’institutions théâtrales partout sur le territoire québécois en plus de disposer d’un soutien important du monde académique québécois. La Constitution citoyenne du Québec qui émergea de ce processus fut déposée officiellement à l’Assemblée nationale du Québec le 29 mai 2019 par la député indépendante Catherine Fournier[20]. S’ensuit la présentation de la pièce documentaire Constituons ! dans de nombreuses régions du Québec.
En juin 2022, il met en scène, à titre d’interprète de sa pièce Not One Of These People, l’auteur britannique Martin Crimp qui foule ainsi les planches pour la première fois en carrière. Pour cette représentation, Lapointe imagine et conçoit un dispositif d’hypertrucage (deepfake) en direct qui anime, par reconnaissance faciale, des avatars générés par GAN - Generative adversarial network[21].
En 2024, il continue de marquer son intérêt pour l’utilisation de l’hypertrucage en art contemporain par la création d’un film expérimental, fait entièrement avec ce procédé, adapté du livre Head in flames de l’auteur Américain Lance Olsen. Il « ressuscite » donc le cinéaste Theo van Gogh ainsi que le peintre Vincent van Gogh et ajoute la figure du meurtrier du cinéaste pour former un « oratorio » cinématographique à trois voix, tel que cela se décline dans le livre de Olsen. Cet objet hybride est, de l’aveu de l’artiste, une entreprise de commémoration du meurtre de Theo van Gogh survenu le 2 novembre 2004 à Amsterdam[22].
Il est aussi le compositeur musical du groupe LiY[23]au côté de la créatrice montréalaise Laurence Dauphinais (voix et ligne mélodique des paroles) et du dramaturge britannique Simon Stephens (paroles).
Œuvres
Théâtre
Trans(e), Montréal, Les Herbes Rouges, coll. « Scène_s », 2010, 76 p. (ISBN9782894193037).
Anky ou La fuite/Opéra du désordre, suivi de Petit guide de l'apparition à l'usage de ceux qu'on ne voit pas, Montréal, Les Herbes rouges, coll. « Scène_s », 2011, 117 p. (ISBN9782894193228).
C.H.S, suivi de Sepsis, Montréal, Les Herbes rouges, coll. « Scène_s », 2014, 114 p. (ISBN9782894193938).
Constituons!, Montréal, Les Herbes rouges, coll. « Scène_s », 2019, 152 p. (ISBN9782894197196).
Les jours gris, illustré par Vincent Giard (d’après Lionel Arnould), Montréal, Les Herbes Rouges, coll. « Scène_s », 2021, 84 p. (ISBN9782894197462).
Mises en scène
2001 : Le Chien de Culann (d'après Au puits de l'épervier / L'unique rivale d'Emer / La mort de Cuchulainn) de William Butler Yeats[14]
2011 : en nomination Prix de la critique de l'Association québécoise des critiques de théâtre, catégorie meilleure interprétation masculine pour Le 20 novembre[11]
2013 : lauréat de la Bourse Jean-Pierre Ronfard du Théâtre du Nouveau Monde[11]
2014 : lauréat du Prix de la critique de l'Association québécoise des critiques de théâtre pour Oxygène[8]
2015 : lauréat du Prix de la critique de l'Association québécoise des critiques de théâtre pour Tout Artaud?![8]
↑ a et bLarry Tremblay, « 10 fragments d’un Christian Lapointe explosé », Jeu : revue de théâtre, no 167, , p. 26–30 (ISSN0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
↑Jacqueline Bouchard, « Le prophète virulent et la spirale / Limbes, d’après Calvaire, Résurrection et Purgatoire de William Butler Yeats. Mise en scène, traduction, adaptation et réécriture de Christian Lapointe. Production : Théâtre Péril; coproduction : Théâtre français du Centre national des Arts; codiffusion : les Productions Recto-Verso; à la salle Multi du Complexe Méduse à Québec, du 3 au 7 novembre 2009 », Spirale : arts • lettres • sciences humaines, no 231, , p. 57–60 (ISSN0225-9044 et 1923-3213, lire en ligne, consulté le )
↑ ab et cMichelle Chanonat, « Une folie dans les yeux », Jeu : revue de théâtre, no 167, , p. 50–54 (ISSN0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bYves Doyon, « Des extrémismes et de la cruauté / Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit / Limbes / La Réforme Pinocchio », Jeu : revue de théâtre, no 135, , p. 16–20 (ISSN0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
↑Hervé Guay, « De souvenir et d’oubli / Sepsis, Texte, mise en scène et musique de Christian Lapointe, production du Théâtre Péril et de Recto-Verso, au Théâtre La Chapelle du 17 au 21 janvier 2012 / Moi, dans les ruines rouges du siècle, Texte et mise en scène d’Olivier Kemeid, production des Trois Tristes Tigres, au Théâtre d’Aujourd’hui du 10 janvier au 4 février 2012 », Spirale : arts • lettres • sciences humaines, no 240, , p. 86–88 (ISSN0225-9044 et 1923-3213, lire en ligne, consulté le )
↑ abcd et eSylvio Arriola, « Les rapports d’immédiateté dans le théâtre de Christian Lapointe », Jeu : revue de théâtre, no 167, , p. 36–40 (ISSN0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
↑ abc et dMichelle Chanonat, « Dans la tête de Christian Lapointe : présentation », Jeu : revue de théâtre, no 167, , p. 12–13 (ISSN0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bJulie-Michèle Morin, « L’image comme terrain de jeu », Jeu : revue de théâtre, no 167, , p. 31–35 (ISSN0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
↑Marie-Hélène Constant, « Dans l’espace, you’re a firework / Christan Lapointe, Dans la République du bonheur, Trident, 2015 », Liberté, no 308, , p. 62–63 (ISSN0024-2020 et 1923-0915, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bAndréane Roy, « La fiction et son double », Jeu : revue de théâtre, no 167, , p. 14–19 (ISSN0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
↑Ralph Elawani, « La grâce du foreman de maisons de couvertes », Jeu : revue de théâtre, no 167, , p. 46–49 (ISSN0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
↑« Prix John-Hirsch », sur Conseil des arts du Canada (consulté le )