Aujourd'hui, une partie de ce réseau a été reconvertie en ligne touristique. D'anciens trains à traction vapeur ou diesel circulent sur cette ligne à voie étroite de 0,70 m et d'une longueur de 6,1 km, qui serpente dans la vallée de la Sarre rouge[1].
Les trains circulent d'avril à octobre en service régulier ou supplémentaire ; des manifestations sont ponctuellement organisées. Toutes les informations sont disponibles sur le site officiel de l'Association du chemin de fer forestier d'Abreschviller (ACFA).
L'origine de la ligne remonte à l'année 1884, lorsque l'administration forestière allemande de l'époque construit un premier tronçon de 5 km longeant le ruisseau d'Abreschviller, et fait le choix d'un écartement de 0,70 m utilisé par les chemins de fer militaires de la Prusse. La ligne, qui fait 13 km en 1888, va connaître un développement rapide. À cette époque, la traction animale est utilisée pour la remonte des wagons vides qui descendent, chargés, par gravité. La ligne à voie normale reliant Abreschviller à Sarrebourg est ouverte le 1892. Le de la même année, une forte tempête dévaste le massif forestier ; l'administration allemande réagit rapidement puisqu'elle construit en 4 mois environ 35 km de ligne (sans compter les voies de garage et d’évitement) et complète ce réseau par des infrastructures de maintenance à Abreschviller. Le , les premières locomotives à vapeur circulent sur la ligne en remplacement de la traction animale.
En 1898, le réseau possède 3 locomotives à vapeur, 130 wagonnets, 4 wagons à boggies et 7 wagonnets pour le transport du personnel.
Le chemin de fer forestier (« Waldeisenbahn ») connaît un premier déclin lorsqu'à la fin de l'exploitation du bois de la tempête, une partie de la voie est démontée et le surplus de matériel ferroviaire vendu, mais en 1902 une nouvelle tempête incite l'administration forestière à reprendre l'extension du réseau. De 50 km en 1918, il atteint un linéaire de 73 km (dont 9 km de voies de garage et d'évitement) à son apogée en 1939. Après la Seconde Guerre mondiale, le chemin de fer va décliner du fait de l'extension du réseau routier et de l'apparition d'un matériel d'exploitation routier performant. En 1960, le réseau a déjà perdu une quinzaine de kilomètres pour, le démontage se poursuivant, ne plus compter que 40 km en 1964 ; finalement, en 1966, avec l'arrêt de l'exploitation du bois, le chemin de fer cessera de fonctionner, 75 ans après sa création.
Exploitation touristique
L'origine de la circulation de trains touristiques revient à l'administration forestière française l'ONF. Avant la fin de l'exploitation du bois, au début des années 1960, elle répond à la demande de groupes en organisant des promenades en train certains week-ends. Cette première circulation touristique donna l'idée de conserver une portion du réseau du chemin de fer forestier avant sa totale disparition.
Le projet prend la forme d'un Comité qui regroupe : le syndicat d'initiative d'Abreschviller, l'administration forestière (ONF), et la FACS par l'intermédiaire du Docteur Singer président de la section de Strasbourg. Après avoir étudié différentes options, le Comité arrête son choix sur un parcours de 6,1 km entre Abreschviller et le Grand Soldat.
L'Association du chemin de fer forestier d'Abreschviller (ACFA) prend alors la suite du Comité. En juin 1968, un service régulier est assuré les fins de semaine avec un locotracteurdiesel et trois voitures ouvertes. Plus de 10 000 passagers sont transportés pendant cette première année. Fort de ce succès, l'association se met au travail, aménage la ligne et achète et rénove du matériel ferroviaire. Le 1969 a lieu l'inauguration du « Chemin de fer forestier d'Abreschviller » en présence de Pierre Messmer, ministre des Armées.
Les 22 et 1985, plusieurs spectacles et manifestations sont organisés pour célébrer les 100 ans du chemin de fer d'Abreschviller. La SNCF s'associe à l'évènement en faisant circuler un autorail entre Sarrebourg et Abreschviller.
Association du Chemin de fer forestier d'Abreschviller
L'Association du chemin de fer forestier d'Abreschviller (ACFA) est une association à but non lucratif (loi de 1908). Elle est dirigée par un conseil d'administration de cinq membres, qui sont statutairement :
Acquise avec un tender de la série d'origine en 1970 : C'est une machine type Heeresfeldbahn HF 110 construite en grande série par JUNG et HENSCHEL pour l'armée allemande (front de Russie) : châssis extérieur, cette machine est à écartement variable (60-76 cm). Elle avait été acquise après la Seconde Guerre mondiale par l'Autriche. Elle circulait sur la ligne Preding-Wieselsdorf-Stainz de la Steiermärkirsche Landesbahn pour la traction de wagons à voie normale, sur trucks porteurs à voie de 76. Révisée en 1975-76 et 2005 (n° d'usine no 10120).
10,18 m, 14,5 t (17 t en ordre de marche), vitesse maximum : 30 km/h (110 ch).
1 fourgon et pour les trains de bois « historiques »
8 trucks à bois avec l'équipement nécessaire au chargement des grumes (palans-treuils)[16].
2 wagonnets à outils,
3 wagons à benne,
Infrastructures ferroviaires
Abreschviller : gare de départ et d'arrivée
La gare de départ (à ne pas confondre avec l'ancienne gare d'Abreschviller de la ligne à voie normale Sarrebourg - Abreschviller) et le dépôt se trouvent à l'est de la scierie d'Abreschviller. L'association loue à la commune d'anciens bâtiments tels qu'un atelier d'entretien, diverses remises et une halle. Un pavillon en bois fait office de guichet pour l'achat des billets.
Grand-Soldat : halte terminus
L'arrivée dans le hameau de Grand-Soldat (alt. 350 m) se situe au km 5,3. Le terminus se trouve 300 m plus loin, au milieu d'une forêt de sapins. La halte comporte un petit bâtiment en bois avec un guichet souvenir, un château d'eau et une voie d'évitement. Les touristes peuvent visiter une scierie à haut-fer, avec une roue à aubes, reconstituée par l'association.
Le dépôt à Abreschviller.
Gare de départ à Abreschviller.
Ravitaillement en eau à Grand-Soldat.
Notes et références
↑Le site officiel de l'association gestionnaire est la principale source de cette page, site
↑Matériel d'origine : « Machine arrivée en pièces détachées et monté par l'atelier de l'ONF, a roulé jusqu'en 1966. Révisé en 1968, le moteur Willème d'origine a été remplacé en 1976 par un moteur Perkins neuf. La boîte Hydraulique VOITH a été révisée en 1973 et en 2004. »
↑Matériel d'origine : « Construction libre, son nom vient de son moteur. »
↑Matériel d'origine : « Ce sont d'anciens tombereaux provenant du chemin de fer militaire du Donon (1914) et servant au transport de munitions. Durant l'exploitation forestière, ces voitures servaient au transport de matériel ou de bois (bûches), et occasionnellement au transport de touristes. Trois de ces voitures ont été aménagées en 1967-68 par l'Association du Chemin de Fer Forestier d'Abreschviller en vue de la reprise touristique (pose de bancs + ridelles et toit sur les plates-formes), la quatrième est pratiquement restée à l'état d'origine. »
↑« par SIG Neuhausen pour le Wengenalp Bahn (WAB) en Suisse (ligne Lauterbrunnen-Wengen-Kleine Scheidegg-Grindelwald). Elles ont été achetées en 1969. La transformation d'écartement de 80 à 70 s'est faite dans les ateliers d’Interlaken, puis l'adaptation complémentaire de ces voitures à l'origine poussées sur une ligne à crémaillère a été faite dans les ateliers de l'association (modification des freins, modification de la cabine de tête, etc.). En 1999 quatre autres voitures fermées ont été achetées à ce même réseau. Leur construction est identique SIG Neuhausen 1930 mais la WAB les modernisa dans les années 1950 en supprimant les portières latérales au profit d’un couloir. »
↑« pour les Floralies d'Orléans (ligne à voie de 60). Achetées en 1970, elles ont été mises à voie de 70 dans les ateliers de l'association »
↑« Elles ont été construites en 1970 par les Ets Diebolt à Marmoutier sur des boggies du réseau, d'après des plans conçus par l'Association du Chemin de Fer Forestier d'Abreschviller. »
↑Matériel d'origine : « Restaurés, servant au transport des ouvriers ils servaient occasionnellement (avec la Decauville) ».
↑Matériel d'origine : « était utilisée comme voiture « grand confort » durant l'exploitation forestière (un poêle à charbon permet le chauffage). »
« Chemin de fer forestier d'Abreschviller », revue des Chemins de Fer Régionaux et Urbains (CFRU), no 73, 1966-I
« Association du chemin de fer forestier d'Abreschviller », revue des Chemins de Fer Régionaux et Urbains (CFRU), no 76, 1966-IV
« Le chemin de fer forestier d'Abreschviller », actualité, La Vie du Rail, n°1064,
Jérôme Camand, « Le chemin de fer forestier d'Abreschviller », dans Petits trains de France, Sélection du Reader's Digest, 2002 (ISBN2-7098-1324-6), pp. 168-171
André Linard, Sarrebourg parle de sa gare : Sarrebourg, Moselle, Sarrebourg : Société d'histoire et d'archéologie de Lorraine, impr. 2008, coll. « Documents / Société d'histoire et d'archéologie de Lorraine », 1998 [mis à jour en 2007], 191 p. (ISBN9782909433424)