Marie-Guillaume Charles Le Roux, dit Charles Le Roux, né le à Nantes et mort dans la même ville le , est un peintre paysagiste et homme politique français.
Biographie
D'une famille de marchand-tanneurs, Charles Le Roux est le fils de Marie Joseph Charles Leroux, avocat nantais, et d'Agathe Dessaulx (fille d'un négociant-armateur, qui a contribué avec Jean-Joseph-Louis Graslin à la création du quartier Graslin)[1].
Reçu avocat en 1830, un goût marqué pour la peinture lui fait abandonner la carrière du barreau. Élève de Corot, il expose à la plupart des salons depuis 1834, et reçoit une troisième médaille (1840) puis une seconde (1846) pour des paysages assez remarqués.
Il investit toute sa vie dans la réalisation de peintures de bords de Loire et dans ses activités d'homme politique local. Homme complet et brillant, il anime une activité artistique dans les environs de Nantes en invitant régulièrement ses amis Théodore Rousseau, Camille Corot, Gustave Doré, Louis Cabat, etc. dans ses propriétés du Soullier à Combrand (Deux-Sèvres) et du Pasquiaud à Corsept près de Paimbœuf (Loire-Atlantique). Marié en 1844 à une jeune Créole, Maria Affilé, fille d'un médecin, il a trois enfants : Charles, Joseph et Laurence.
Riche propriétaire, il s'occupe en même temps d'améliorations agricoles ; il est maire de Corsept (1853-1861), lorsqu'il se fixe dans les Deux-Sèvres, où il est nommé maire de Cérizay (1861-1870) et conseiller général pour le canton de Châtillon-sur-Sèvre (1859-1871). Vice-président du Conseil général des Deux-Sèvres, il se présente à la députation avec l'appui officiel, dans la 3e circonscription des Deux-Sèvres, vacante par le décès de Camille Chauvin de Lénardière. De 1860 à 1870, il est ainsi élu trois fois successivement député des Deux-Sèvres. Durant ces législatures, il fait partie de plusieurs commissions, avait appuyé la construction des chemins de fer de Bressuire à la Roche-sur-Yon. Il vote pour la guerre contre la Prusse, et quitte le parlement à la chute de l'Empire. Il essaye d'y rentrer, aux élections législatives du 20 février 1876, et pose sa candidature bonapartiste dans l'arrondissement de Bressuire, mais échoue face à Julien de La Rochejaquelein.
Charles le Roux est un paysagiste proche de l'École de Barbizon, il est un habitué des Salons parisiens et c'est également un homme agricole qui s'attache à la modernisation de l'agriculture.
Jules Verne au salon de 1857 : « Nous nous sommes arrêtés avec plaisir, devant deux tableaux de M. Charles Leroux; Les Bords de la Loire au moment de la pleine mer est une œuvre d'un talent incontestable; les effets de la nature, scrupuleusement étudiés, y sont scrupuleusement rendus; ce ciel, où se forme un orage, est peint avec hardiesse et vérité; les eaux de la Loire sont grises et opaques; elles reflètent à peine ces barques de pêcheurs à voiles rouges qui les sillonnent rapidement. M. Leroux est un de nos bons paysagistes, qui produit suffisamment, mais qui ne se produit pas assez.»[3]
Edmond About au salon de 1855 : « La couleur de M. Charles Le Roux est aussi belle que celle de M. Rousseau, et à moins de frais.»[4]
Théophile Gautier : « Quoiqu’il soit élève de Corot et maître lui-même, M. Charles Le Roux semble avoir, en dehors de toute imitation, une parenté de tempérament avec Théodore Rousseau. Il voit la nature en coloriste. Son exécution risquée, fougueuse, brutale en apparence, cache beaucoup de finesse et une rare recherche de ton ; il ne s’inquiète pas que le vrai soit vraisemblable et il prend ses sites à des saisons bizarres et sous des incidences singulières. Il ne craint pas de faire couler à pleins bords une rivière dans sa toile et de poser, sans intermédiaire, le ciel gris sur l’eau grise ; l’hiver ne l’effraie pas avec ses arbres décharnés et, par les brumes de l’automne, il entre dans les marais comme un chasseur de bécassines, parmi les joncs, les roseaux, les nénuphars et les larges plantes aquatiques glacées de vert de gris et safranées de rouille. Il ne voyage pas, il traduit avec amour les aspects de sa terre natale, de sa chère Bretagne.»[5]
Charles Baudelaire au Salon de 1846 : « (...) Il arrive même, en ces cas-là, qu'un élève inattendu, comme M. Charles Le Roux, pousse encore plus loin la sécurité et l'audace; car il n'est qu'une chose inimitable, qui est la bonhomie.»[6]
1834 : "Souvenir de Fontainebleau, paysage d'automne" no 1266
1846 : "Une Lande" no 1193, "Paysage, souvenir du Haut-Poitou" no 1194
1847 : "Souvenir de la forêt du Gâvre" no 1074, "La prairie des Ormeaux, au Soulier (Haut-Poitou)" no 1075
1848 : "Les Dunes d'Escoublac" no 2937, "Un Ruisseau" no 2938, "Chemin dans un bois" no 2939, "Souvenir des bords de la Sèvre" no 2940, "Un étang" no 2941, "Une lande près de Bressuire" no 2942, "Lisière de bois au Joussiers (Haut-Poitou)" no 2943, "Vue du Croisic" no 2944, "Souvenir du Soulier" no 2945, "Un terrain, étude" no 2946
1853 : "Prairie sur les bords de la Loire" no 764, "Un vallon" no 765, "Souvenir de Pornic" no 766
1859 : "Prairies et marais de Corsept, au mois d'août, à l'embouchure de la Loire"
1875 : "Un marais au lever du soleil" no 1351, "Le bourg de Batz et le Croisic, par un effet d'orage" no 1352, "L'approche d'un grain, sur les côtes de Bretagne" no 1353
1879 : "Un chêne au bord d'un marais" n° 1907 et "Lever de brume près de Paimboeuf" n°1908
1880 : "Prairies inondées en avril, à Basse-Indre" n°2298 et "Un village près du Soulliers" n°2299
1883 : "L'étang de Thau, près Cette" n°1497 et "Environs de Narbonne (Aude)" n°1498
En 1931, la ville de Nantes attribue le nom « place Charles-Le Roux » à l'ancienne « place du Jardin des Plantes »[8].
En 2014, à l'occasion du bicentenaire de sa naissance, l'Association "Les amis du peintre Charles Le Roux", dont le but est de préserver son œuvre et sa mémoire, voit le jour.
En 2017, le musée de Bressuire lui consacre une exposition. À cette occasion une trentaine de peintures et une demi-douzaine de ses dessins sont présentés.
↑:« Une affluence considérable d'amis, de connaissances et de notabilités artistiques assiste le dimanche 3 mars aux obsèques de Charles le Roux auquel une compagnie du 65° ligne rend hommage. Le deuil est conduit par les deux fils du défunt, Charles et Joseph, et ses deux petits-fils. Dans l'assistance, tout ce que Nantes compte de hauts personnages est rassemblé : le préfet Cleiftie ; Van Iseghem, président du tribunal civil ; Aubin, juge; Victor Boquien, conseiller général ; Ménard, directeur du Nouvelliste ; Salières, directeur du populaire ; Livet père ; les frères de Wismes ; Le Pontois, commissaire de la Marine ; Bernier, chef de la musique municipale ; Henri de Rochebrune, l'aquaforiste distingué… Le corbillard disparait sous de magnifiques couronnes dont celles offertes par la Société des Amis des Arts. »[réf. souhaitée]
↑« Charles-Le Roux (place) », sur catalogue.archives.nantes.fr, archives municipales de Nantes (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
G. Ferronnière, « Le peintre Charles Le Roux », Annales de la Société Académique de Nantes, , p. 213 (lire en ligne)
Prosper Dorbec, « Le voyage de Théodore Rousseau en Vendée - Charles Le Roux », dans la Gazette des Beaux-Arts, janvier 1928, pp. 31 à 51
Jean Gaultier, Charles Le Roux et ses amis - Le paysage français de Rousseau à Corot, Conférence donnée à l'occasion de l'exposition du musée des beaux-arts de Nantes en 1939, éditeur ?
Gabriel Debien, « Théodore Rousseau en Bas-Poitou en 1839 », dans la Revue du Bas-Poitou et des Provinces de l'Ouest, no 3 et 4, 1968, pp. 221 à 228
Marguerite Gaston, « Charles Le Roux peintre du bocage vendéen et de l'estuaire de la Loire », dans la Revue du Bas-Poitou et des Provinces de l'Ouest, no 4 et 5, 1972, pp. 295 à 318
Léon Rouzeau, « Charles Le Roux Peintre Nantais », dans la revue nantaise Deux Degrés Ouest, 1974
Simone Hélie, « Charles Le Roux et l'amour de la nature », dans la revue nantaise Deux Degrés Ouest, 1974
Georges Caillaud, « Charles Le Roux peintre et homme politique », dans le Bulletin de la Société d'études et de recherches historiques du Pays de Retz, no 8, 1988, pp. 7 à 17
Hubert Hervouet, « Charles Le Roux », dans 303 Arts, Recherches et Créations, XLIV, pp. 34 à 51
Eugène Garnier, « Les 3 visages de Charles Le Roux », dans Le Picton, no 113, septembre-octobre 1995, pp. 9 à 13