Charles Chéneveau, né le à Paris où il est mort le , est un physicienfrançais. Docteur ès sciences, ingénieur diplômé de l'École municipale de physique et de chimie industrielles (aujourd'hui ESPCI Paris) en 1892 (8e promotion)[1], professeur à l’École d’électricité industrielle de Paris[2] et à l’ESPCI de 1927 à 1934, il est principalement connu pour ses travaux en optique, électricité, magnétisme et radioactivité, notamment pour la balance magnétique qu’il mit au point en collaboration avec Pierre Curie. Cette balance magnétique, très utile dans les recherches sur le magnétisme de différents produits ou minéraux, est exposée au musée Curie.
Enfance et famille
Charles Chéneveau fait ses études secondaires au collège Chaptal qui, créé par Prosper Goubaux[3], est réputé pour son éducation laïque et ses principes moraux.
Bilingue anglais-français, il est collaborateur-traducteur du Board of Trade à Londres en 1910 et 1911, ainsi que de la maison Adam Hilger & Co[10], réputée pour sa fabrication de spectrographes à quartz, également à Londres en 1911, années au cours desquelles il collabore aux Tables annuelles internationales de constantes physiques, chimiques et technologiques (absorption, réfraction et dispersion).
Ses travaux sont exposés lors de l’exposition des travaux des anciens élèves de l’ESPCI qui est y organisée du au [13].
Paul Bunet[14] écrit dans sa nécrologie : « En 1927, Chéneveau remplaça son vieil ami [Féry], professeur du cours d’Optique et d’Acoustique à l’École de Physique et de Chimie (la future ESPCI). Il occupa ces deux postes importants, donnant des enseignements appréciés jusqu’en 1934. Son état de santé ne lui permettait plus de continuer, et cette année marqua le moment de la retraite officielle. Sa santé s’améliora ensuite, et ses amis pensaient le voir encore longtemps parmi eux ; il assista au dîner de la huitième promotion de l’ESPCI en février 1936 où sa gaîté fut remarquée avec plaisir. Il fut subitement emporté quelques semaines après. L’œuvre de Chéneveau ne consista pas seulement dans ses conférences et cours où tant d’élèves recueillirent des enseignements précis et clairs. Son travail expérimental fut très important et porte la marque de ces mêmes qualités ; il comprend des sujets s’étendant dans de nombreuses directions. Il collaborait volontiers avec des collègues ou des praticiens ayant besoin de l’aide de ses grandes connaissances théoriques alliées à son habileté d’expérimentateur »[15]. La retraite n’atténua pas son goût des recherches scientifiques et il continuait des travaux importants, notamment avec son élève et ami le géologue et préhistorien Georges Courty[16].
Appareil pour la mesure des épaisseurs (1912). Élasticimètre enregistreur[24] (avec M. Frédéric Heim de Balsac[25]) permettant d’obtenir le tracé de la courbe d’une éprouvette à sa charge (1913). Étude sur les propriétés mécaniques du caoutchouc portant sur la loi de l’extensibilité à charge constante, sur la loi de variation de la charge pour un allongement constant, sur la loi de compressibilité, etc. (1911). Balance densimétrique à lecture directe permettant une mesure rapide de la densité des liquides et solides (1916). Micropalmer pour la mesure de faibles épaisseurs (avec L. Callame). Dynamomètre hydraulique (avec Louis-François Deffez[26]) utilisé principalement pour l’étude des caoutchoucs (1925). Sur l’absorption de l’anhydride carbonique par le caoutchouc (1931).
Fluides
Vibrations des nappes liquides de formes déterminés (avec Georges Cartaud[27], 1902), Sur la viscosité des solutions (1912), Mesure de la viscosité des huiles (1918). Viscosimètre universel (1921). Obtention et propriétés des milieux troubles (1925).
Recherches sur l’arc électrique portant sur l’ionisation dans l’arc à courant continu où Chéneveau a montré, sans doute le premier, l’existence de charges électriques dans les vapeurs produites, de signe opposé à celui des pôles, et la présence d’ions, sur la force contre-électromotrice après rupture du courant qui n’a pu être mise en évidence, sur les tourbillons, dans l’arc, sur les oscillations dans l’arc (1909). Théorie de l’accumulateur au plomb où Chéneveau essaie de trancher entre la théorie classique de la double sulfatation et celle du sulfate plombeux de Charles Féry (1926).
Dès 1903, Chéneveau mit au point, en collaboration avec Pierre Curie, un appareil pour la détermination des constantes magnétiques ou balance magnétique qui s’est avérée très utile dans les recherches sur le magnétisme de différents produits ou minéraux[29],[30] et qu’il présenta à la Physical Society of London le . Propriété magnétiques du chlorure de radium (avec Pierre Curie, 1903). Mise en évidence de l’action du champ magnétique sur les organismes vivants (1903). Dispositif simple pour la mesure d’un champ magnétique (1910). Propriétés magnétiques des alliages pour résistances (avec A. C. Jolley). Propriétés magnétiques du cuivre et de quelques sels de cuivre : le cuivre est diamagnétique : on peut déceler dans le cuivre une trace de fer de l’ordre d’un milligramme par tonne (1910). Propriétés magnétiques du manganèse et de quelques aciers au manganèse (avec Sir Robert Hardfield[31] et Charles Geneau[32], 1917). Sur la susceptibilité magnétique de l’aluminium (1928) : l’aluminium exempt de fer est paramagnétique. Sur la mesure directe des susceptibilités magnétiques des liquides par la balance Curie-Chéneveau (avec Georges Courty[33], 1931 et 1932).
Recherches sur les propriétés optiques des solutions et corps dissous (1904 à 1913), très importants travaux portant principalement sur la constante optique et la non-influence de l’ionisation et de l’hydratation, la non-influence du solvant, l’influence de la température, sur le pouvoir réfringent moléculaire et la loi d’additivité, sur l’analogie d’un corps dissous et d’un gaz, sur la comparaison de diverses lois donnant la réfraction, sur la dispersion des corps dissous et la relation avec la valence. Recherches sur les propriétés optiques des solutions étendues (1910). Loi du rayonnement des lampes à incandescence. Recherches en collaboration avec Charles Féry d’un intérêt pratique considérable (1909), sur les propriétés optiques de l’eau (1909), sur une relation entre les propriétés réfractives et la constitution chimique des corps gras (1916-1917). Collaboration aux Tables de constantes de la Société de physique. Sur quelques propriétés optiques des milieux troubles (avec René Audubert, 1919). Sur la variation du pouvoir réfringent des sels dissous en solutions très étendues (1921). Sur quelques propriétés des milieux troubles solides résineux (1925). Mise au point et perfectionnements de divers appareils d’optique, dont un spectroréfractomètre avec Charles Féry. Expert principal pour la réfraction de corps purs, solides, non métalliques, optiquement isotropes et liquides pour les Tables internationales critiques américaines.
Recherches sur les propriétés optiques des solutions et des corps dissous. Paris, Gauthier-Villars, 1907, rééd. sous le titre Les propriétés optiques des solutions et des corps dissous, 1913.
Indices de réfraction : principaux verres d’optique ; Indices de réfraction : Liquides et solutions, dans Henri Abraham et Paul Sacerdote (dir.), Recueil de Constantes physiques, Paris, Société de Physique, Gauthier-Villars, 1913, p. 450-453 et p. 464-486.
Avec Frédéric Heim de Balsac[36], Études sur les caoutchoucs, guttas et leurs plantes productrices. Agence Économique de la France d’Outre-Mer, Comité d’encouragement aux recherches scientifiques coloniales. Paris, Secrétariat du Comité, collection "Travaux poursuivis au Laboratoire général des productions coloniales", fasc. 1 et 2, 1920 ; fasc. 3, 1922.
Avec Charles Féry et Gaston Paillard, Piles primaires et accumulateurs.Paris, Baillière, 1925 in-8, 684 p., 292 figures en noir.
Description du livre: compilation historique, théorique, technique et industrielle sur les piles à usage unique et sur les dispositifs capables de stocker de l’énergie électrique. Après une première partie générale et théorique, les auteurs présentent toutes les piles de type primaire connus à leur époque (les piles à dépolarisant gazeux, à dépolarisant liquide, à dépolarisant solide, les piles-étalons, les piles hermétiques et sèches, les piles de gravitation, de concentration, les piles photo-électriques et thermo-électriques, enfin les piles à charbon et les piles spéciales pour la TSF), puis les (accumulateurs au plomb et accumulateurs alcalins nickel-fer). Dans une dernière partie, les auteurs renseignent leur lecteur sur le mode de fonctionnement des piles et accumulateurs. En début de volume, huit pages de publicité pour des piles ou accumulateurs des fabricants Dinin, SLEM, Fulmen, Warnon, Heinz, Gadot, Neu, SAFT et Gaiffe-Gallot et Pilon.
Tables
Tables des indices de réfraction des corps purs, solides et liquides particulièrement remarquables, Tables critiques américaines, vol. VII, 1930[37].
Recherches sur les propriétés optiques des corps dissous dans des dissolutions très étendues, Annales de Chimie et de Physique, t. XXI, 8e série, , p. 36.
Sur un dispositif simple pour la mesure d’un champ magnétique, Journal de Physique, t. IX, 4e série, 1910, p. 692.
Sur les propriétés magnétiques du cuivre et de quelques sels de cuivre à l’état solide ou à l’état dissous, Journal de physique, Paris, 1910, p. 169.
The Magnetic Balance of Curie and Cheneveau, Physical Society of London, Philosophical Magazine, vol.20, N°118, : 357 et The Electrician, vol. LXV, N° 25, p. 1013.
Sur un goniomètre réfractomètre auto-collimateur. Paris, Journal de Physique Théorique et Appliquée, 9, 1910, p. 823-829.
Sur les propriétés magnétiques du cuivre et de quelques sels de cuivre à l’état solide ou à l’état dissous, Bureau du Journal de physique, Paris, 1910.
Sur les propriétés optiques de l’eau et sa constitution, Société de Chimie-Physique, Journal de chimie physique et de physico-chimie, , p. 839-858.
Contribution à l’étude de la relation entre les propriétés réfractives des corps gras et leur constitution chimique, Journal de Physique, 1917, p. 53-67.
Portraits de savants français : Pierre Curie, La Science Moderne, .
Expérience de diffusion de la lumière par les milieux troubles, Bulletin de l’Union des Physiciens, avril-, p. 213.
Sur un appareil pour la détermination des constantes magnétiques, Journal de Physique théorique et appliquée, 1903, 4e série, t. II, p. 796-802 et Bulletin des séances de la Société française de physique, .
Spectro-réfractomètre, Journal de Physique, t. V, 4e série, 1906, p. 649.
Théorie complète du fonctionnement de l’accumulateur au plomb, Bulletin de la Société française des Électriciens, 1926, t. VI, 4e série, N° 53, p. 13.
Réaction secondaire dans l’accumulateur au plomb, Bull. de la Société Chimique de France, 1926, t.39, 4e série, p. 603.
Théorie et perfectionnement de l’accumulateur au plomb, Bull. de la Société d’Encouragement à l’Industrie nationale, 1926.
Théorie complète de l’accumulateur au plomb, Revue Générale d’Électricité, t. XIX, , p. 296.
Charles Chéneveau, Robert Hadfielf et Charles Geneau
A contribution to the study of Magnetic Properties of Manganese and of some Special Manganese Steels, Proceedings of the Royal Society of London, vol.XIV, p. 67.
Charles Chéneveau et Frédéric Heim de Balsac,
Détermination de la valeur des caoutchoucs par les constantes d’extensibilité, Bull. de la Société française de colonisation et d’agriculture tropicale, N° 2, 1911, p. 41.
Charles Chéneveau et A.C. Jolley
The Magnetic Balance of P. Curie and C. Cheneveau, Proceedings of the Physical Society of London, vol. 22 (1909). no 1, p. 343-359.
Appareils pour la mesure de la radioactivité d’après la méthode électroscopique, Bull. de la Société de Physique, 3e fasc., 1908, p. 262 ; Journal de Physique, t. 8, 4e série, 1909, p. 161 et Bleiblütter, t. XXXIII, 14, 1909, p. 789.
Réfracto-dispersomètre, Bull. de la Société Chimique de France, 1928, 4e série, t. 43, p. 374.
Annexes
Bibliographie
Daniel Berthelot, Revue de Piles primaires et accumulateurs. Bibliographie et Liste des brevets récents, par Charles Féry, Charles Chéneveau et Gaston Paillard, in Bulletin de la Société d’Encouragement pour l’industrie nationale, , p. 227-230.
Soraya Boudia, Le laboratoire Curie : Au cœur d’un réseau de compétences, La Recherche, .
Francis W. Gray et John Farquharson, Improvements in the curie-chéneveau magnetic balance, Journal of Scientific Instruments, vol.9, No 1[41].
Francis W. Gray et James Cruickshank, Accuracy of the Curie-Chéneveau Magnetic Balance, in Nature 135, 152, 26 janvier 1935.
Riku Nakagome et D.H. Whitmore, Curie-Chéneveau Magnetic Balance Employing Photo-compensation, Review of Scientific Instruments, vol. 37 (7), American Institute of Physics, Jul 1, 1966.
Expositions
1921 et 1923 : Expositions de la Société française de physique :électroscope à capacité variable (avec Albert Laborde) et dynamomètre enregistreur (avec Louis Deffez).
1926 : Exposition de Lyon : appareils divers. Salon de l’aéronautique : dynamomètre hydraulique enregistreur.
1927 : Exposition internationale du Caoutchouc (Office national des recherches et Inventions) : dynamomètre hydraulique enregistreur, Paris[42].
Salons des Sciences et des Arts : électroscopes et accessoires pour la mesure de la radioactivité, balance magnétique, micro-palmer, viscosimètre universel, balance densimétrique à lecture directe, dynamomètre pendulaire enregistreur, appareil pour la mesure d’un champ magnétique, néphélémètre, réfractomètre auto-collimateur, réfracto-dispersomètre.
↑Collège Chaptal. Le Livre du Cinquantenaire, vi, (2), 120 et 11 pages de poésies mises en musique (avec partitions musicales) par Pierre Traut (ancien élève). Douze planches d'illustrations hors texte dont une photographie (de P. Goubaux, Directeur du collège de 1844 à 1859) par Nadar. Paris, Imprimerie A Hennuyer, 1895
↑Créée en 1848 par le mathématicien Eugène Lionnet, l’Association philotechnique a pour vocation de donner aux adultes un enseignement adapté à leurs besoins afin de les aider dans leur progression personnelle et professionnelle, dans un esprit laïque, apolitique, et dans un total respect mutuel. Voir : Association Philotechnique, Cours d'enseignement général.
↑Note sur l’exemplaire de la bibliothèque de l’ESPCI. Envoi autographe de l’auteur sur l’exemplaire de la bibliothèque de l’ESPCI : « À mon ami P. Langevin. Souvenir affectueux. Charles Chéneveau ».
↑Chéneveau, Charles. Recherches sur les propriétés optiques des solutions et des corps dissous. Paris, Gauthier-Villars 1907, 190 p. incl. Illust., tables, diagrs. Thèse de doctorat présentée à la faculté des sciences de Paris, série A., no. 542. Dédicace à Pierre Curie.
↑Nécrologie de Ch. Chéneveau par Paul Bunet, ESCPI
↑Géologue, professeur à l’École spéciale des travaux publics, Paris 14e.
↑L’Association des anciens élèves de l’ESPCI a été créée en 1885 par les ingénieurs de la première promotion de l’École municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, fondée en 1882. Cf. « Discours de M. Charles Chéneveau », Banquet à l’Hôtel Continental, le samedi 29 avril 1933, in Livre du cinquantenaire de l’École municipale de physique et chimie industrielles - Cinquante années de science appliquée à l’industrie (1882-1932), Ville de Paris, Paris
↑Comme son ami Georges Courty : Bulletin de la Société préhistorique de France
↑Sir Robert Abbott Hadfield (1858-1940) découvrit l’acier au manganèse, amagnétique
↑Charles Geneau, préparateur de physique P.C.N. à la Faculté des sciences, professeur à l'école Colbert, Paris.
↑Georges Courty (1875- ?), ancien naturaliste du Museum d’histoire naturelle de Paris, chargé de missions scientifiques, notamment sur le radium en Amérique du Sud, puis professeur de géologie à l'École des Travaux publics de Paris, membre fondateur (1904) de la Société préhistorique française. Au Congrès de Montauban, en 1902, le géologue Georges Courty parvint à faire accepter l’antiquité des signes dénommés pétroglyphes ou graffitis, voir : Georges COURTY, « L’écriture préhistorique » [26 figures], in Bulletin de la Société Préhistorique Française (1920) : 387-400 et Notice sur les travaux scientifiques de M.G. Courty. Paris, Hermann, 1907, 55 p.
↑ a et bRéputé pour ses qualités de précision, d’honnêteté scientifique, le géologue Edmond Hébert (1812-1890) fut nommé Président de la Faculté des sciences de l’université de Paris, en 1885 : Edmond Hébert.
↑Professeur d’Agriculture au Conservatoire national des arts et métiers et professeur d’Histoire naturelle à la Faculté de Médecine de Paris