Le chant liturgique est un chant chrétien qui accompagne la célébration de la liturgie de la messe, la liturgie des heures et la liturgie des sacrements. Il consiste à mettre en musique (et plus généralement à mettre en forme, à faire entendre) la Parole de Dieu[1] et les prières, comme à ponctuer et accompagner la méditation et les différentes phases de la célébration liturgique.
L'anthropologie religieuse connaît l'hymne comme une de ses catégories universelles, à laquelle est applicable la définition de saint Augustin : « Hymnus ergo tria ista habet et cantum, et laudem, et Dei. Laus ergo Dei in cantico, hymnus dicitur » (« L'hymne est tout à la fois un chant, une louange, et cela pour Dieu. La louange de Dieu sous forme de cantique s'appelle donc hymne »)[2],[3].
Histoire
Christianisme primitif
Dans les trois premiers siècles, le chant liturgique de l'Église est d'abord le psaume chanté en grec par le soliste qui succède à la tradition juive[4].
Durant le haut Moyen Âge, les communautés monastiques, puis la totalité de l'Église, adoptent peu à peu le chant grégorien. Ce dernier est chanté a cappella et à l'unisson.
La Réforme luthérienne s'accompagne d'un renouveau du chant avec l'apparition du choral protestant. Trois différences majeures le distinguent du grégorien. La première est l'utilisation systématique de la langue vernaculaire, en particulier l'allemand lors de la Réforme, Luther ayant lui-même composé un certain nombre de chorals. La seconde différence est la polyphonie, la plupart de ces chorals étant à quatre voix. Enfin, la grande différence d'exécution de ces chants est qu'il n'est plus chanté par un chœur mais par l'ensemble de l'assemblée.
Liturgie post conciliaire
Le concile Vatican II (avec le texte Sacrosantum Concilium) ouvre la possibilité, dans l'Église catholique, de la liturgie en langue vernaculaire, mais de manière très prudente (cf art. 36)[5]. Dès lors, le latin et le chant grégorien restent une possibilité ouverte aux communautés catholiques, et devraient « occuper la première place » (cf art. 116)[5]. Dans les faits, les célébrations privilégient en général la forme vernaculaire.
[Aimé-Georges Martimort 1989] Aimé-Georges Martimort, « La constitution liturgique et sa place dans l'œuvre de Vatican II », dans Le deuxième Concile du Vatican (1959-1965) : Actes du colloque organisé par l'École française de Rome en collaboration avec l'Université de Lille III, l'Istituto per le scienze religiose de Bologne et le Dipartimento di studi storici del Medioevo e dell'età contemporanea de l'Università di Roma-La Sapienza (Rome 28-30 mai 1986), Rome, École française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome » (no 113), , 867 p. (ISBN9782728301881, OCLC499727219, www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1989_act_113_1_3388), p. 497-509
[Académie catholique de France 2016] L'art de célébrer la liturgie de Vatican II : cinquante ans après la constitution “Sacrosanctum concilium” [Textes issus du colloque “Célébrer la liturgie de Vatican II”, Aix-en-Provence, 3-4 octobre 2013], Paris, Académie catholique de France, coll. « Parole et silence », , 200 p. (ISBN978-2-88918-688-4, BNF45242290)
[Hélène Bricout 2020] Hélène Bricout (dir.), Du bon usage des normes en liturgie : approche théologique et spirituelle après Vatican II, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Lex orandi » (no 9), , 421 p. (ISBN978-2-204-13733-1, BNF46501024)
[Universa Laus 2002] De la musique dans les liturgies chrétiennes, Lugano, Universa Laus, coll. « Document » (no 2), , 4 p. (lire en ligne)
[Céline Hoyeau 2012] Céline Hoyeau, « Vatican II : la constitution « Sacrosanctum Concilium » », La Croix, t. 101, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
[Jean-Sébastien Laurent 2020] Jean-Sébastien Laurent, Cantiques et tambours à Kinshasa : Un siècle de musique liturgique, Paris, Éditions Karthala, coll. « Histoire des mondes chrétiens », , 240 p. (ISBN978-2-8111-2719-0)