La voie romaine du Mans à Jublains passait à 40 mètres du portail du Plessis-Buret[8]. Châtellennie mouvante de Sainte-Suzanne et de Sillé ; augmentée par acquisition des fiefs de Sourches et des terres de Crun et de Dommier. Contre les seigneurs de la Cour de Sainte-Gemmes et de Villiers, Jeanne Hérisson se fit reconnaître dame de Sainte-Gemmes en 1527, et de nouveau, au siècle suivant, le comte de la Suze affirma dans un mémoire qu'ayant seul le droit de châtellenie, il devait avoir prééminence avant ses vassaux en l'église de Sainte-Jamme ; il invoquait en outre les littres ou ceinctures funèbres de l'église armoriées : d'argent à un hérisson d'or et de gueules, à une croix d'argent ; - d'azur à une croix de gueules chargées de cinq crouzilles d'argent et environnée de seize aiglerons ; - d'argent traversé de fusées de gueules au premier et dernier quartier. Ce sont là, pour l'abbé Angot, des lectures bien fautives, mais dans lesquelles on reconnaissait néanmoins les armoiries des anciens seigneurs du Plessis-Buret.
Charles Maucourt de Bourjolly ne parle de rien de moins que d'un château du Plessis-Buret ruiné par les Normands. L'abbé Angot estime qu'on doit le lui laisser pour compte.
Guerre de Cent Ans
Mais il est bien vrai qu'au XIVe siècle, c'était une place forte occupée par les Anglais et qui devait être rendue en vertu du traité de Brétigny. La solution se fit attendre. Le 22 juin1364, Louis Ier de Naples, duc d'Anjou donnait enfin mission à Amaury IV de Craon de traiter avec Pierre Dusiex ou Dyzeux, capitaine du Plessis-Buret, pour la reddition de cette place et celles de Crèvecœur et du Layeul. Le traité ne fut signé que le 1er juillet1365 à Sablé. Les Anglais recevaient une somme de 22 000 francs, dont 5 000 versés au sire de Laval ; le sire d'Assé, Brisegault de Couesmes, Guillaume du Plessis et Hue Le Gros servaient d'otages, mais à condition d'être gardés seulement dans le boile du Plessis-Buret, sans être mis en fer ne en sept. Crèvecœur et le Layeul devaient être rendus dès le jour de la remise des otages et leur garnison amenée au Plessis-Buret. Le capitaine Dusiex donnait lui aussi des otages qui, retenus à Mayenne, ne seraient rendus qu'après l'évacuation du Plessis-Buret et le retour à Sablé des gentilshommes qui devaient le conduire lui-même, ses compagnons et sa chevance à Blain, à Guérande ou ailleurs à pareille distance. Il n'est pas certain que cette convention ait été exécutée sur l'heure.
En 1649, on mentionne le château et domaine, composé de maison manable, écurie, grange, fournil, cour et jardins, autrefois clos de murailles et fossés, actuellement ruinés par vétusté, dans lequel l'enclos est l'ancien château, et une grosse tour au milieu de la cour aussi ruinée par vétusté..
Description
S'il reste quelques parties de l'ancienne place forte, ce doivent être la tour, dont la base est encore visible dans un jardin, et le couloir voûté qui conduit dans la même direction. Quant aux bâtiments actuels, ils ne datent pour l'ensemble que du XVIe siècle ; encore le logis a-t-il été modifié par des appropriations bien plus récentes. La cour carrée est close de trois côtés par ce logis et les servitudes. Au midi, un mur solide la séparait des douves et de l'étang. Le portail est de forme ogivale. Au levant, une grande salle servant au début du XXe siècle d'étable, dont l'un des pignons, était aussi éclairé par une fenêtre en arc bisé, servit, dit-on, de prêche. N'était-ce-point plutôt, selon l'abbé Angot, au moins à l'origine, une chapelle catholique ? Une petite fenestrelle se voit dans la muraille, et le curé de Sainte-Gemmes écrivait en 1777 qu'on y distinguait des peintures murales.
À la fin du XVIIIe siècle, il y avait encore traces des forges indiquées sur la carte d'Hubert Jaillot ; la fenderie était près du moulin de Poillé.
Les seigneurs du Plessis-Buret
Colet Buret, cité aux francs-fiefs de Sainte-Gemme en 1312, marié à Béatrix du Boiscornu, eut pour gendre Jean Le Maire de la Merrerie, 1350 ;
Guillaume Buret ou du Plessis donne une place de maison et trois journaux de terres à Geoffroy de la Giraie, 1368 ;
Il n'y a guère d'apparence à identifier le Plessis-Buret avec le manoir du Pleissez assis en la paroisse de Sainte Gemme, donné par Jean Hubert à Olivier IV de Clisson, puis confisqué par Philippe de Valois en 1343, au profit de Jean le Bon, son fils, duc de Normandie, comte d'Anjou et du Maine, qui en gratifia Alix de la Ville-au-Fourier, veuve de Geoffroy Chaloigne, chevalier, 1345[9] ;
Huet de Saint-Berthevin ;
Robin Hérisson, gendre du précédent d'après un mémoire du XVIIe siècle, 1367, 1393 ;
Thibault Hérisson, mari d'Isabeau de Saint-Mars, 1405, 1422 ;
Jean Hérisson, mari de Marguerite de la Jaille, en conflit avec le seigneur de Villiers, 1er mars1450, 1454, 1457, 1464. Simon Hérisson, mari de Roberde de la Ferrière, 30 décembre1451, et Denis Hérisson 23 mars1452 (V; s.) rendent aussi des aveux à Sillé ;
René de la Jaille, fiancé en 1494 à Jeanne Hérisson. Le 6 octobre1498, Marguerite de Lorraine-Vaudémont, dame de Sainte-Suzanne, lui fait remise du rachat du Plessis-Buret, en faveur des bons et grans services que lui avaient faits Hardouin de la Jaille, son oncle. Veuve le 13 octobre1515, Jeanne Hérisson épousa en 1517 Gabriel de la Châtre et vivait en 1547. Sa tombe en granit se voyait dans l'église au milieu du XVIIe siècle ;
Nicolas de la Jaille, frère de la dite Claude, mari de Madeleine de Montgommery ;
Olivier de la Saussaie, sieur de Boiséon, trésorier des menus-Plaisirs du Roi, par acquisition pour 30 000 livres de Gabriel d'Apchon et de Françoise de la Jaille, 9 juillet1558 ;
Jeanne de Laval, 1580, et les curateurs de sa succession jusqu'en 1622 ;
Nicolas de Champagne, mari de Françoise de Laval, petite-fille de Jeanne Hérisson, et fille de Guy de Laval et de Claude de Laval, par retrait ou rétrocession, 31 décembre1563 ;
Françoise de Blanchardon, sa veuve, demeurait au Mans, 1751 ;
François-Louis de la Porte, mari de Gabrielle-Perrine-Renée Jouye des Roches, propriétaires indivis, 1779, 1781. Gabrielle-Louise, sa fille épousa Jean-François Dudevant, éleva maternellement le fils naturel de son mari, et devint ainsi la belle-mère d'Amandine-Lucine-Aurore Dupin (George Sand)[10].
↑Les dernières ruines du château, et probablement les plus anciennes, étaient sur le bord de l'étang dans des jardins où l'on retrouve encore presque à fleur de terres des substructions.