Carl Johan Malmsten (9 avril 1814, Uddetorp, Suède – 11 février 1886, Uppsala) est un mathématicien et un homme politiquesuédois, connu pour ses découvertes en analyse complexe[1], et pour l'aide qu'il a apportée à Mittag-Leffler dans sa création du journal Acta Mathematica[2]. On a redécouvert à la fin du 20e siècle ses évaluations de plusieurs importantes séries et intégrales logarithmiques.
Bien que Malmsten soit surtout connu pour ses travaux en analyse complexe[1], il a aussi apporté de grandes contributions à d'autres branches des mathématiques, mais ses résultats ont été injustement oubliés, ou attribués à d'autres, souvent bien postérieurs. Ainsi, ce n'est qu'en 2012 que Iaroslav Blagouchine découvrit que Malmsten avait été le premier à déterminer la valeurs de plusieurs intégrales et séries liées aux fonctions gamma et zêta, parmi lesquelles des séries attribuées jusque-là à Kummer et des intégrales calculées par Ilan Vardi[3]. Malmsten obtint ainsi en 1842 l'ensemble des intégrales suivantes, mettant en jeu la fonction logarithme itéré[3] :
Beaucoup de ces intégrales furent redécouvertes par plusieurs auteurs à partir de 1988, en particulier Vardi[4], Adamchik[5], Medina[6], et Moll[7] ; la première a été souvent nommée intégrale de Vardi , et figure sous ce nom sur MathWorld[8] ou sur le site de l'OEIS[9]. Malmsten obtint les formules précédentes par des manipulations de séries, mais les auteurs les ayant redécouvertes utilisèrent des intégrales de contour[3], la fonction zêta de Hurwitz[5], les polylogarithmes[6], ou encore les fonctions L[4]. Plus de 70 intégrales analogues plus complexes ont été découvertes par Adamchik[5] et Blagouchine[3], par exemple les deux suivantes[5] :
Certaines de ces intégrales font apparaitre des arguments complexes de la fonction gamma (ce qui est plutôt inhabituel), par exemple[3] :
En 1842, Malmsten détermina également la valeur de plusieurs séries mettant en jeu des logarithmes, par exemple
et
lesquelles furent redécouvertes (sous une forme légèrement différente) par Ernst Kummer en 1847[3].
Malsmten apporta également une contribution notable à la théorie des fonctions L, obtenant en 1842 l'importante équation fonctionnelle
et son analogue pour la fonction M définie par
(dans ces deux formules, 0<s<1). La première avait été découverte par Leonhard Euler en 1749[12], mais Malmsten en donna une démonstration rigoureuse. Quatre ans plus tard, Malmsten obtint d'autres formules analogues, cas particuliers de l'équation fonctionnelle de Hurwitz.
Enfin, en 2014, Blagouchine découvrit[10] que Malmsten avait obtenu en 1846 la formule de réflexion pour les constantes de Stieltjes :
(m et n entiers positifs avec m<n). Dans la littérature, cette identité est en général attribuée à Almkvist et Meurman, qui l'ont obtenue dans les années 1990[10].
↑ a et b(en) I. Vardi, « Integrals, an introduction to analytic number theory », American Mathematical Monthly, vol. 95, , pp. 308-315.
↑ abc et d(en) V. Adamchik, « A class of logarithmic integrals », Proceedings of the 1997 International Symposium on Symbolic and Algebraic Computation, , pp. 1-8.
↑ a et b(en) L. A. Medina et V. H. Moll, « A class of logarithmic integrals », The Ramanujan Journal, vol. 20, no 1, , pp. 91-126.
↑(en) V. H. Moll, « Some Questions in the Evaluation of Definite Integrals », MAA Short Course, San Antonio, TX, .
↑L. Euler Remarques sur un beau rapport entre les séries des puissances tant directes que réciproques. Histoire de l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres, année MDCCLXI, Tome 17, pp. 83-106, A Berlin, chez Haude et Spener, Libraires de la Cour et de l'Académie Royale, 1768 [read in 1749]