Cardin Lebret (1558-1655)Cardin Lebret
Cardin Le Bret ou Lebret (1558-1655), seigneur de Flacourt[1], est un homme politique et juriste français des XVIe et XVIIe siècles. Conseiller d’État, il est chargé de plusieurs commissions importantes. Il est l'un des penseurs de l'absolutisme. Il est avocat général à la cour des aides de Paris chargé de défendre les intérêts du roi Henri IV en matière de contentieux fiscaux. Il sera ensuite membre du Parlement de Paris : incarnant le pouvoir royal, il encadre le processus de centralisation de la France. Richelieu le nommera intendant des trois-évêchés lorrains (Metz, Toul et Verdun) puis de Normandie. En 1632, il publie De la souveraineté du roi, de son domaine et de sa couronne, prolongeant les théories de Bodin et Loyseau. BiographieCardin Le Bret est un membre de la famille Le Bret[2], une ancienne famille originaire de Normandie (Gisors), anoblie au XVIe siècle. Il est d'abord avocat général en la cour des Aydes de Paris[3] puis le 11 décembre 1604 Avocat Général au Parlement de la même ville[4]. En 1617, il refuse de requérir la peine de mort contre la Maréchale d'Ancre[5]. En 1624, il devient conseiller d'État ordinaire. En cette qualité il reçoit plusieurs commissions importantes, parmi lesquelles : celle le 13 novembre 1624 de régler les limites entre la France et la Lorraine[6], celle d'établir le Parlement de Metz[7] et d'aller participer aux états de Bretagne en tant que commissaire du Roy en octobre 1625[8]. En 1631, il occupe temporairement la fonction de président de la cour des Aides de Paris pendant l'interdiction de cette chambre (6 mars-6 mai 1631). Il meurt le , âgé de 97 ans, alors qu' il est le doyen des conseillers d'État. Il est inhumé à Saint-Nicolas-des-Champs dans la chapelle qu'il avait acquise dès 1617. PenséeAbsolutismeSa pensée est une défense intransigeante de l'absolutisme royal, qui donne une assise théorique à l'étatisme de Richelieu. Il a en particulier exprimé ses idées dans son ouvrage le plus célèbre, De la Souveraineté du Roy, paru en 1642. Il y défend, entre autres, l'essence divine de la monarchie, qui n'a de compte à rendre qu'à Dieu et non aux hommes. Toute opposition au pouvoir devient donc quasiment une hérésie :
Sa souveraineté est totale, et ne peut être nullement partagée:
La seule autorité légitime est celle du roi, il faut donc replacer toute autre autorité sous la domination hiérarchique de ce dernier; les puissances féodales doivent donc être éliminées au profit d'une pyramide administrative avec le souverain à sa tête. Néanmoins, Le Bret ira moins loin que d'autres penseurs de l'absolutisme, en refusant à l'État le droit de disposer à son gré des propriétés de ses sujets. Seule exception à cette règle, les cas de « nécessité » comme la guerre. Mais en matière de politique économique, il va bien plus loin que Jean Bodin, reconnaissant au souverain le droit de lever les impôts qu'il veut, sans l'autorisation des parlements. De même, il peut manipuler la monnaie à sa guise. La pensée de Cardin Le Bret est donc peu compatible avec les fondements de la démocratie libérale contemporaine et, plus encore, avec les fondements du libéralisme. Pour les libéraux, c'est le droit qui doit être souverain et non un quelconque pouvoir politique illimité. C'est ce que reflète l'usage du terme rule of law, le gouvernement des lois et non des hommes. Un droit devant lequel tout le monde soit égal. C'est une question que développa par exemple Friedrich Hayek dans Droit, législation et liberté. Vénalité des officesDans le chapitre 8 du livre II de ses Œuvres de 1689, Cardin Le Bret est le premier à critiquer la vénalité des offices, à savoir l'achat des charges qui a commencé sous Louis XII. Il souligne en particulier les menaces que cela représente pour le monarque qui, en officialisant la vénalité, perd la gestion de l'administration. Ceux qui ont acheté leur charge acquièrent leur indépendance vis-à-vis du souverain et quittent la pyramide administrative dans laquelle ils devraient être imbriqués. En effet, le roi est lié financièrement à la vénalité, et a intérêt à multiplier les charges pour augmenter ses revenus et à ne pas brusquer ceux qui ont acquis leur charge. Montesquieu a, lui, plus tard, défendu ce principe de vénalité des offices, comme moyen de récompenser les individus ayant fait fortune par leur travail. ÉducationPhilippe Nemo note également qu'il fut un farouche opposant de la liberté de l'enseignement. Persuadé qu'un homme seul saurait mieux que le reste des individus ce qu'il fallait pour l'éducation d'un enfant, il poursuivait le rêve de pouvoir contrôler sous une unique autorité l'éducation délivrée à tous les enfants du royaume. C'est l'occasion pour Nemo de rappeler que l'origine idéologique du monopole de l'enseignement est non démocratique mais absolutiste, dans des vues d'embrigadement. À l'opposé de cette vision uniformisatrice de Cardin Le Bret qui guida la création de l'Éducation nationale en France, la position libérale sur l'éducation est de laisser autant que possible la liberté de choix aux individus, pour qu'émerge les meilleures réponses aux problématiques individuelles. Œuvres principales
DescendanceIl épouse vers 1600 Marguerite Le Pelletier de La Houssaye[9]. De cette union naît un fils, Julien Le Bret (mort en 1688), seigneur de Flacourt, Conseiller au Parlement de Paris en 1655 puis Conseiller d’État. Les deux fils de ce dernier se distingueront également :
Notes et références
Sources et bibliographie
Liens externes
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