Canal de Qosh Tepa

Canal de Qosh Tepa
Image illustrative de l’article Canal de Qosh Tepa
Géographie
Pays Afghanistan
Coordonnées 37° 05′ 05″ N, 67° 46′ 26″ E
Caractéristiques
Usage irrigation
Histoire
Année début travaux 2022

Le canal de Qosh Tepa ( pachto : د قوشتپې کنال  ; persan : کانال قوش تپه  ; ouzbek : Qoʻshtepa kanali) est un canal en construction visant à dévier les eaux de l'Amou-Daria, dans le nord de l'Afghanistan[1]. Le canal principal devrait avoir une longueur de 285 km et permettre de cultiver 550 000 ha actuellement à l'état de désert[2]. Le canal de Qosh Tepa commence dans la province de Balkh et devrait aller jusqu'à Faryab en passant par Djozdjan[3].

Motivation

Le but de ce canal est d'irriguer la province de Balkh, plane mais désertique. Alors que l'Afghanistan des talibans est menacé de famine, le but est de produire suffisamment de céréales[4].

Construction

Le projet de canal remonte aux années 1970 mais n'avait jamais été démarré[4].

L'Émirat islamique d'Afghanistan dirigé par les Talibans a fait du canal un projet prioritaire et la construction a commencé début 2022[1]. Des images fournies par Planet Labs montrent qu’entre avril 2022 et février 2023, plus de 100 km de canal ont été creusés[2]. La première phase du projet s'est achevée en [5],[6] et la deuxième phase démarre immédiatement[7],[8].

Le gouvernement taliban annonce que 5 500 personnes et 3 300 machines travaillent sur le chantier jour et nuit[2].

Le canal fait environ 100 m de large[9].

On estime que les cent premiers kilomètres du canal coûtent 8,2 milliards d'afghanis, soit 91 millions de dollars. Le financement est entièrement domestique en raison de l'isolement international du régime des talibans[2].

En , l'association Rivers Without Borders annonce grâce à des images satellite une fuite au niveau du canal, conduisant à la formation d'un lac important au milieu du désert[10].

Utilisation de l'eau de l'Amou-Daria

Un accord remontant à l'époque soviétique répartit le partage des eaux entre Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan et Ouzbékistan. En 1992, l'accord d'Almaty entre les États nouvelles indépendants reprend les quotas hérités de l'Union soviétique[4]. Cependant, ne faisant à l'époque pas partie de l'URSS, l'Afghanistan n'est pas concerné par cet accord[11].

Lors du début de la construction du canal en 2022, l'Afghanistan n'est signataire d'aucun accord ou traité concernant l'utilisation de l'eau transfrontalière[12] et ne prélève jusque là que très peu d'eau[4]. Le gouvernement afghan taliban revendique le droit d'utiliser l'eau de l'Amou-Daria[13].

L'Ouzbékistan, pays en aval le plus concerné, a exprimé sa préoccupation quant aux effets négatifs du canal sur son agriculture[14]. En 2023, des responsables ouzbeks ont eu des entretiens avec les talibans à ce sujet, mais aucun accord officiel n’a été conclu.

Les talibans annoncent que le canal utilisera en 2028 17 milliards de m3 d'eau, soit près d'un quart du débit du fleuve[4].

De plus, l'Amou-Daria est un fleuve au régime nivo-glaciaire dont l'eau provient de la fonte du Pamir et de l'Hindou Kouch : avec le recul des glaciers causé par le réchauffement climatique le débit est menacé à l'avenir[4].

Préoccupations environnementales

Les experts en environnement ont exprimé leur inquiétude quant au fait que le canal de Qosh Tepa pourrait aggraver la situation de la mer d'Aral en détournant encore plus d'eau de l'Amou-Daria[15]. Une analyse détaillée du projet publiée par le groupe CABAR.asia a révélé que les méthodes de construction employées semblaient « rudimentaires » et a conclu que la probabilité de pertes d'eau dans le canal était élevée[16],[17].

En raison de l'absence de revêtement du canal, une grande part de l'eau risque d'être perdue dans le sol sableux de la région[2].

Références

  1. a et b « Uzbekistan pursues dialogue with Afghanistan on fraught canal project », Eurasianet, (consulté le )
  2. a b c d et e « The Taliban are digging an enormous canal », The Economist, (consulté le )
  3. (en) « Afghanistan is building an enormous canal to draw water from Amudarya River. This may affect water availability situation in Central Asia. », sur newscentralasia.net, (consulté le ).
  4. a b c d e et f Cédric Gras, « En Afghanistan, les talibans creusent le canal de la discorde », sur lefigaro.fr, .
  5. « Stanikzai: Use of Water of Amu River is Right of Afghanistan », TOLOnews,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Work on Phase I of Qosh Tepa canal finished ahead of deadline », Amu TV,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Second phase of construction of Qosh Tepa canal inaugurated », Ariana News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « ‘IEA committed to neighbours rights on Amu River’s water’ », Pajhwok Afghan News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Chris Rickleton, « 'Not A Problem But A Disaster': Afghan Canal A Test For Taliban Ties In Water-Stressed Central Asia », sur Radio Free Europe/Radio Liberty, .
  10. (en) Bruce Pannier, « Central Asia in Focus: Is the Taliban’s Controversial Canal Leaking Water? », sur Radio Free Europe/Radio Liberty, .
  11. Kamil, « Afghanistan, the Amu Darya Basin and Regional Treaties », Chinese Journal of Environmental Law, vol. 5,‎ , p. 37–62 (DOI 10.1163/24686042-12340063, S2CID 239716547, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Bruce Pannier, « Central Asia in Focus: Taliban Mark Milestone in Controversial Canal Project », sur Radio Free Europe/Radio Liberty, (consulté le )
  13. (en) Habib Rahman Qooyash, « Mujahid: Afghanistan Has Right to Use Amu River Water », sur tolonews.com, (consulté le )
  14. (uz) Ilyos Safarov, « "Толибон"ни Ўзбекистон учун фожиали канални қуришдан тўхтатиб бўладими? — экспертлар билан суҳбат », Kun,‎ (consulté le )
  15. (en) Seamus Duffy, « What Afghanistan's Qosh Tepa Canal Means for Central Asia », The Diplomat, (consulté le ).
  16. Abylbekova, « Water Crisis Looming: Uzbekistan and Turkmenistan’s Imperative for The Grand Afghan Canal », CABAR.asia, (consulté le )
  17. « Uzbekistan pursues mediation with Afghanistan over Qosh Tepa canal », Eurasianet, (consulté le )

Liens externes

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