Brahmajālasutta
Le Brahmajālasutta ( « Sūtra du filet de Brahmā » en pāli) est un texte attribué, comme tous les sūtras, à Gautama Bouddha. Il est le premier sutta du Dīgha Nikāya[1], la collection des sūtras longs, faisant partie du Sutta Pitaka (la « Corbeille des suttas ») du Tipitaka. Le sutra traite de la question des préceptes, puis il critique soixante-deux théories qui avaient cours à l'époque du Bouddha. Le Brahmajālasutta ne doit pas être confondu avec le texte du même titre, Brahmajala Sutra, lequel est un sūtra du bouddhisme mahâyâna. Analyse du contenuLe sutra peut être divisé en deux parties. Dans la première, le Bouddha se trouve dans le bois d'Ambalatthika, où il s'adresse à l'ascète Supiyya et son disciple Brahmadatt dans le but d'apaiser leur désaccord sur les mérites et les démérites du Bouddha. Il leur explique que certains le loue parce qu'il respecte les préceptes moraux (sîla), ce qui équivaut à s'abstenir de commettre de mauvaises actions. Il développe cette question en donnant trois listes de préceptes[1]. Dans la deuxième partie, le Bouddha présente soixante-deux théories — qu'il rejette — qui concernent l'existence du soi (âtman), qui sont défendues par des shramanes et des brahmanes. Elles sont classées par le Bouddha en différentes catégories[1], et qui concernent l'éternalisme, le nihilisme, le caractère fini ou infini de l'univers... Le Bouddha montre la fausseté de chacune d'entre elles, et expliquent qu'elles sont sources du désir (ou de la soif, trishna) si bien, explique-t-il, que les individus sont pris dans le filet de ces doctrines erronées, tout comme les poissons dans le filet du pêcheur[1]. Le sutra se termine alors par cette question d'Ānanda[2]: « C'est merveilleux, vénérable seigneur, c'est merveilleux ! Quel est le titre, vénérable seigneur, de cet exposé du Dharma ? » Et le Bouddha de répondre: « Ānanda, tu peux te souvenir de cet exposé du Dharma comme le Filet du Bien, comme le Filet du Dharma, comme le Filet Suprême, comme le Filet des Vues. Tu peux aussi t'en souvenir comme l'Incomparable Victoire dans la Bataille. » Pour la recherche sur le bouddhisme, ce texte est une source importante de connaissance des théories philosophiques qui avaient cours aux premiers temps du bouddhisme[1]. Liste des 62 vues faussesLes vues 1 à 4 sont éternalistes, 5 à 8 semi-éternalistes. Les vues 9 à 12 sont une spéculation sur la nature de l'univers. Les vues 13 à 16 sont celles de l'agnosticisme irrationnel. Les vues 17 et 18 nient la causalité. Les vues 19 à 50 affirment que le soi continue à exister après la mort, avec les différences que : la perception continue après la mort (vues 19 à 34), elle disparaît après la mort (vues 35 à 42), après la mort il n'y a ni perception ni non-perception (vues 43 à 50). Les vues 51 à 57 sont nihilistes. Les vues 58 à 62 correspondent à des façons erronées d'atteindre l'Absolu dans cette vie.
Contexte historiqueLe point de vue du Bouddha, qui n'est ni éternaliste, ni nihiliste, ni fataliste, ni agnostique, ni théiste, s'oppose dans ce sutta à celui des « grands maîtres » philosophiques rivaux de l'époque, qu'un autre sutta, le Samaññaphala Sutta (« Les fruits de la vie contemplative »), répertorie, et contre lesquels le Brahmajālasutta est dirigé :
Le théisme (issara-nimmana-vada), selon lequel le monde est la création d'un être suprême, était également professé par plusieurs maîtres brahmanes (Pokkarasati, Tarukkha), qui enseignaient l'union avec Brahma. Le Tevijja Sutta réfute ce point de vue en qualifiant ces maîtres d'aveugles qui mènent des aveugles, « capables de montrer la voie de l'union avec quelqu'un dont ils ne savent rien et qu'ils n'ont pas vu ». Le Tittha Sutta affirme de même que « le fait de croire en la création du monde par un être suprême » conduit à un manque d’effort dans la pratique et à l’inaction. Notes et références
Voir aussiBibliographieTraductions
Articles connexesLiens externes
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