Beyle Schaechter-GottesmanBeyle Schaechter-Gottesman
Beyle Schaechter-Gottesman, née le 7 août 1920 et décédée le 28 novembre 2013, était une poétesse et chanteuse américaine de langue yiddish[1]. Elle était aussi la sœur du linguiste Mordkhe Schaechter. BiographieEnfance et étudesBeyle Schaechter est née à Vienne, fille de Benyamin Schaechter et de Lifshe Gottesman, dont la personnalité était particulièrement marquante. Sa mère connaissait en effet un large répertoire de chansons folkloriques, surtout en yiddish, qu'elle a partiellement enregistrées plus tard aux États-Unis, où elle a également publié ses mémoires en 1973 : Durkhgelebt a Velt: Zikhroynes. La famille s'est installée à Tchernivtsi, à cette époque[Quand ?] en Roumanie, aujourd'hui en Ukraine, alors qu'elle avait moins de deux ans. La jeune Beyle a donc baigné dans un environnement multiculturel : à l'école elle suivait les cours en roumain, et étudiait aussi le français et le latin. Elle parlait yiddish à la maison et utilisait dans la ville pour communiquer l'allemand et l'ukrainien[2]. Jeune déjà, elle connaissait les fables d'Eliezer Steinbarg par cœur[3] et répondit à son instituteur qui lui demandait ce qu'elle voulait faire plus tard qu'elle serait poétesse. Elle partit pour Vienne à seize ans, afin d'étudier les arts et revint après l'entrée d'Adolf Hitler en Autriche en 1938. L'épreuve de la guerreSon père Benyamin fut arrêté le 14 septembre 1940 par les militaires russes et envoyé en Sibérie, d'où il ne revint jamais, après un procès de complaisance. Le premier février 1941, Beyle se maria à son cousin Jonas (Yoyne) Gottesman et déménagea dans le berceau des Gottesman, à Zvinyach, aujourd'hui en Ukraine. La famille échappa miraculeusement au sort des Juifs de cette époque en Bucovine : la déportation en Transnistrie, grâce à une famille de Karolyuvka en Galicie, puis grâce à la profession de Jonas, médecin, qui leur permit de vivre à Bucarest de continuer à étudier l'art, puis de passer la frontière pour Vienne, où il devint médecin-chef dans un camp de réfugiés. Le premier enfant de Beyle, Binyumen, est mort très jeune et c'est avec leur fille Taube d'un an que les Gottesman émigrèrent à New York en 1951[4]. Ses frères Hyam et Itzele sont nés en 1953 et 1957. L'émigration et les débuts littérairesC'est à New York que commença véritablement sa carrière littéraire marquée, au moins au début, par son travail sur la pédagogie du yiddish, la littérature pour enfants et un investissement important à compte d'auteur. Elle a ainsi enseigné à la Sholem Aleichem Folkshul jusqu'à sa fermeture dans les années 70 et y a écrit des comédies musicales et des pièces de théâtre pour marionnettes. Elle a publié ses premiers livres à compte d'auteur, comme Khayml un taybele, pour ses enfants, en 1956 et Mir forn en 1963, ou même une revue pour et par les enfants, Enge-Benge, de 1966 à 1972. De manière plus classique, elle a été rédactrice en chef du Kinderzhurnal, a publié des textes dans Kinder Tsaytung et Pedagogisher Buleten. Carrière littéraire et portée sociale du yiddishElle a ensuite publié ses premiers poèmes pour adultes dans la revue de Kadia Molodowsky, puis plusieurs recueils suivirent, ainsi que de nombreuses publications en revues, et des disques. En outre, elle a souvent illustré ses œuvres de ses dessins et tableaux[5]. Beyle Schaechter-Gottesman est aussi devenue une figure de la préservation du yiddish à New York. Elle a animé un cercle littéraire de jeunes auteurs en yiddish, Yugntruf, et dirigé une anthologie de ses œuvres, Vidervuks en 1989. Elle fut aussi rédactrice littéraire de Yedies fun YIVO et Afn Shvel, ou encore secrétaire du Yiddish PEN Club. La rue où habitait la famille, ainsi que plusieurs autres soucieuses également de la préservation du yiddish, Bainbridge Avenue dans le Bronx, était surnommée Bainbridgifke. De partout des locuteurs venaient assister, tous les lundis après-midi, au célèbre shmeuskrayz, à des discussions souvent animées, toujours en yiddish, chez Beyle Schaechter-Gottesman[6]. Influence littéraireLa renaissance de la musique klezmer aux États-Unis a permis à Beyle Schaechter-Gottesman de participer à de nombreux festivals (Klezkamp, Buffalo on the Roof, Klezkanada, Ashkenaz Festival, Weimar Klezmerwochen), ainsi que d'interpréter, seule et a capella, ses œuvres un peu partout (Odessa, Tel Aviv, Buenos Aires, Berlin), notamment devant des publics très jeunes. Elle a vu de nombreux interprètes s'intéresser à ses compositions et les reprendre : Nechama Lipchitz, Theodore Bikel, Theresa Tova[7] ou Adrienne Cooper. Elle a aussi obtenu de nombreuses récompenses : National Heritage Fellow en 2005, Hall of Fame du musée de la ville de New York en 1999, prix Usher Tshutshinsky du congrès mondial de la culture juive en 1994. Boris Sandler estime qu'elle se situe à la fois à l'intérieur de et contre la tradition, incarnée par l'anthologie de poétesses juives d'Ezra Korman en 1928. Elle-même se considérait comme une post-introspectiviste (en allusion au mouvement In-zhik, entre autres de Jacob Glatstein), voire une poétesse expérimentale. Ses thèmes étaient variés, souvent politiques (sur le 11 septembre par exemple, ou le Cambodge), mais aussi sur les problèmes de la création (d'où son modernisme), ou encore des détails de sa vie quotidienne, comme un saxophone dans le Bronx. ŒuvresLivres
Disques
Pièces de théâtre
Références
Liens externes
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