L’avenue longe la Seine en surplomb du quai bas, port de Passy, où a été aménagée la voie express Georges-Pompidou limitée à une voie dans le sens de la banlieue vers Paris et longée depuis 2016 par une piste cyclable bidirectionnelle. Une terrasse large d’environ 200 mètres dominée abruptement par la colline de Chaillot au niveau de la rue Raynouard et du boulevard Delessert via la rue Marietta-Alboni, s'étend sur la rive opposée. Le relief masqué par les immeubles hauts est cependant assez peu visible.
Cette voie est une ancienne section de la « route de Versailles », également appelée « route de la Reine », qui était elle-même une section de la « route de Paris à Bayonne » également appelée « route nationale 10 » avant d'être transformée en 1842 et de porter le nom de « quai de Passy », car elle longeait le village de Passy[1].
Ce chemin en bord de Seine fut viabilisé à la fin du XVIIe siècle par le roi sur les terrains du domaine du couvent des Minimes et des parcs des propriétés nobiliaires.
L'étendue de l'avenue correspond à la partie au bord du fleuve de l’ancienne commune de Passy créée en 1790 et annexée en 1860 par la Ville de Paris.
Le début en amont de l’avenue, à l’angle de la rue Beethoven, ancienne rue de la Montagne, est à l’emplacement de l’ancienne barrière de Passy du mur d’octroi de la Ville de Paris supprimé en 1860 lors de l’annexion des communes de Passy et d’Auteuil.
Sa limite en aval à l’angle de la rue de Boulainvilliers (place Clément-Ader) est celle qui séparait ces anciennes communes.
Benjamin Franklin acquit au début du XVIIe siècle, l’ensemble des terrains en bas de la colline de Chaillot jusqu'au quai, entre les actuelles rues Beethoven et d'Ankara, soit le domaine de l’ancien couvent des Minimes où il établit au no 14 la première usine fabriquant du sucre de betterave et le parc thermal.
Ses héritiers vendirent ces terrains sur lesquels furent édifiés au début du XXe siècle, sur la partie entre la rue Beethoven et l’avenue Frémiet, des immeubles de type post-haussmannien à la place de maisons basses, dont celle qui existait en 1908 du no 20, où Jean-Jacques Rousseau composa l’opéra Le Devin du village en 1752 lors d’une cure thermale, et des vestiges des anciennes installations industrielles. L’ancien parc qui avait perdu sa vocation thermale depuis 1868, subsista comme espace vert en bordure du quai jusque dans les années 1930. Des immeubles d'architecture art déco furent construits sur le terrain du parc en bordure de l'avenue au cours des années 1930 aux nos 34, 42 et 46, plus récemment en bordure de l'avenue René-Boylesve.
L’ancien parc de l’hôtel de Lamballe fut vendu en 1922. La partie de ce domaine qui descendait vers l’avenue entre la place de Bolivie et la rue du Ranelagh fut en partie aplanie pour implanter des ateliers de la firme Peugeot fermés en 1968 et remplacés par le grand immeuble Passy-Kennedy édifié vers 1980.
Les terrains de l’ancien parc du château de Boulainvilliers furent vendus à une société immobilière en 1824. L’espace le long du quai de la rue du Ranelagh à la rue de Boulainvilliers fut utilisé à partir de 1832 par une usine à gaz désaffectée en 1928 puis par des terrains de sport jusqu’à la construction de la Maison de Radio inaugurée en 1963.
Quai vers 1750 face au château de Boulainvilliers.
Vers 1750 face au parc de Lamballe.
Barrière de Passy et usine Delessert en 1820.
Quai de Passy et son environnement en 1824.
Les 12 et 13 septembre 1572, à la suite des massacres de la Saint-Barthélemy, les fossoyeurs durent retirer environ mille huit cents cadavres qui avaient été transportés par la Seine et qui s’étaient échoués sur les berges longeant le chemin des Bons-Hommes[2].
Le «chemin de fer américain», première ligne de tramway urbain en France dont les véhicules étaient tractés par des chevaux, qui reliait la place de la Concorde au pont de Sèvres, concédée à Alphonse Loubat empruntait le quai de Passy à partir de 1855.
Le , le ballon dirigeable de l’aéronauteSantos-Dumont, après avoir contourné sans encombre la tour Eiffel, se met à tanguer fortement et vient s’abîmer à l’angle des immeubles portant les nos 12 et 14 de l’avenue. Santos-Dumont, sorti indemne de l’accident, renouvelle quelques jours plus tard, avec succès, sa tentative d'aller-retour de Saint-Cloud à la tour Eiffel en survolant le quartier[3],[4].
En , l’avenue subit les inondations consécutives à la crue de la Seine.
L’inondation de 1910 À gauche, maisons basses remplacées par des immeubles hauts vers 1918-1920.
No 30 : le , un bureau situé au premier étage du bâtiment, construction en préfabriqué établie à cette date sur le terrain de l'ancien parc thermal de Passy utilisée par le ministère des Transports, est dévasté par un tir de roquette. L’attentat est revendiqué une heure plus tard par le groupe terroriste Action directe[12].
No 104 : immeuble Passy-Kennedy. Cet ensemble fut construit de 1976 à 1981 après l'abandon d'un projet d'immeuble haut proposé par l’architecte André Remondet qui aurait abrité un hôtel 4 étoiles de 1 000 chambres ayant suscité l'opposition des élus de l'arrondissement. L'ensemble triangulaire de 105 000 m2 de planchers, réalisé par les architectes André Remondet et Bruno Bouchaud sur un terrain de 2 hectares, de 200 mètres le long de la Seine, occupé jusqu'en 1968 par des ateliers de Peugeot, respecte la hauteur autorisée de 37 mètres. Ses lignes courbes en harmonie avec celles de la Maison de la Radio proche évitent la poursuite de l’alignement monotone des immeubles en amont de l'avenue. L’immeuble le long du quai abrite des logements, celui rue du Docteur-Germain-Sée en face de la station de RER des bureaux. La difficulté d’accès créée par une dénivellation de 8 mètres au centre du terrain est résolue par un portique de 96 piliers sur l’alignement de la façade. Le jardin central comprend 3 patios abritant en sous-sol un centre sportif[18].
↑Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens, Paris, Presses universitaires de France, 2002, p. 44 ; Bilâl Simsir, Sehit Diplomatlarimiz, Ankara, Bilgi Yayinevi, 2000, tome I, p. 157-190.
↑André Remondet, Le 16e. Chaillot, Passy, Auteuil. Métamorphoses de trois villages, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, , 284 p. (ISBN2-905118-39-3), p. 250-252.
↑Protections patrimoniales, 16e arrondissement, Ville de Paris, Règlement du PLU, tome 2, annexe VI, p. 370 à 432.