Attentat de Westminster
L’attentat de Westminster est une double attaque terroriste à la voiture bélier et à l'arme blanche qui s'est déroulée dans le quartier de Westminster, à Londres au Royaume-Uni, le , et qui est revendiquée par l'État islamique[2]. Une première attaque a lieu sur le pont de Westminster vers 14 h 40, où une voiture renverse plusieurs passants, et la deuxième a lieu une minute après devant le Parlement, où le conducteur, descendu de sa voiture, poignarde mortellement un policier. Par la suite, l'assaillant est abattu par la police britannique. ContexteLe Royaume-Uni fait partie de la coalition internationale qui combat l'État islamique depuis le 8 août 2014. En raison de cet engagement, le MI5 évalue à partir du 29 août 2014 la menace terroriste comme « grave » (échelon 4 sur une échelle de 5)[3]. Depuis le 24 mai 2014, quatre pays européens — la Belgique, la France, le Danemark et l'Allemagne — ont été touchés par des attentats commandités ou inspirés par l'État islamique. Chacun est, comme le Royaume-Uni, un membre de la coalition. L'attaque de Westminster intervient exactement un an après les attentats de Bruxelles. La coalition prend le contrôle en janvier 2017 de la partie Est de Mossoul, bastion de l'État islamique en Irak. Depuis février, la coalition mène une offensive dans la partie Ouest de la ville, dont elle contrôle un tiers en mars 2017[4]. Le 13 mars 2017, le Parlement britannique autorise la Première ministre britannique Theresa May à invoquer l'article 50 du traité de Lisbonne pour lancer la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Dans un contexte de tensions politiques entre l'Écosse et l'Angleterre sur le Brexit, le Parlement écossais doit voter le 22 mars 2017 l'autorisation pour la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon de réclamer un référendum pour l'indépendance du pays[5],[6]. L'attaque se produit pendant une session parlementaire britannique sur le système des retraites[7]. Theresa May venait d'achever son intervention pour la séance des questions au gouvernement et a quitté la Chambre des communes. À 14 h 40, elle se trouve dans le lobby central du Parlement, à 100 mètres du lieu de l'attaque[7]. Déroulement des faitsLe vers 14 h 40, une Hyundai Tucson[8] (ou, selon les médias, une Hyundai i40[9]) grise s'engage sur le pont de Westminster. Le véhicule double un bus à impériale par la gauche et roule sur le trottoir, fauchant une vingtaine de passants sur le pont lui-même[10]. Andreea Cristea, une touriste roumaine de 31 ans qui visite la ville avec son compagnon, tombe dans la Tamise où elle est repêchée vivante mais grièvement blessée[11] (elle mourra à l'hôpital au début du mois d'avril)[12]. L'assaillant passe le pont et finit sa course juste après Big Ben en s'encastrant dans la grille Nord du palais de Westminster, siège du Parlement[13]. En s'encastrant dans la grille, il fauche 3 lycéens français venus en voyage scolaire à Londres. Le conducteur descend de son SUV, armé d'un couteau, et court jusqu'à l'entrée ouest du palais de Westminster, entrée principale du Parlement, le New Palace Yard. Il poignarde Keith Palmer, membre de la garde de Protection Diplomatique et Parlementaire, en faction et non armé, et pénètre dans la Cour du Palais avant d'être abattu par deux coéquipiers de Palmer, officiers en civil qui, eux[14], sont armés[15],[16]. Cet acte terroriste « low cost » est commis en 82 secondes avec une voiture et un couteau[17]. Le député Tobias Ellwood, ancien soldat, qui a lui-même perdu un frère lors d'un attentat à Bali en 2002, porte les premiers secours au policier poignardé alors qu'il se trouvait à quelques mètres de ce dernier[18]. Une photographie le montrant en train de pratiquer une réanimation cardiopulmonaire avec du sang sur le visage et les vêtements, après qu'il a essayé d'arrêter l'hémorragie, fait le tour du monde[18]. Une autre photographie montre les secours qui tentent de réanimer le terroriste[19]. La séance parlementaire est suspendue et les députés sont confinés à l'intérieur de la Chambre du palais de Westminster. La Première ministre Theresa May est évacuée vers le 10 Downing Street[20]. Un peu plus tard, Mme May annonce que la séance du Parlement sera reconduite au lendemain. L'attaque présente des similitudes avec la fusillade du 22 octobre 2014 à Ottawa contre le Parlement canadien par un sympathisant de l’État islamique. L’assaillant Michael Zehaf-Bibeau avait d'abord tiré sur le caporal Nathan Cirillo en faction devant le Monument commémoratif de guerre, avant de pénétrer à l’intérieur du bâtiment où il est abattu après un échange de coups de feu[21]. VictimesCinq personnes sont tuées par l'assaillant, lui-même abattu. Les cinq personnes tuées par le terroriste sont trois Britanniques, un Américain et une Roumaine : Aysha Frade, professeure britannique d'origine espagnole et chypriote de 43 ans ; un touriste américain, Kurt Cochran, ingénieur et musicien, 54 ans ; Leslie Rhodes, un ancien laveur de vitres de 75 ans qui meurt de ses blessures à l'hôpital ; et Andreea Cristea, Roumaine de 31 ans qui meurt à l'hôpital le 6 avril, sont tous les quatre fauchés par le véhicule ; et le policier Keith Palmer, 48 ans, est poignardé dans l'enceinte du Parlement[22],[23]. Au moins 50 blessés sont à déplorer dont plusieurs se trouvent dans un état grave. Par ailleurs, trois lycéens français de Concarneau figurent parmi les blessés[24],[25]. Facebook active son dispositif de contrôle d'absence de danger (Safety Check)[26].
Enquête
Le terroriste, Khalid Masood, est un Britannique né le à Dartford, dans le Kent. Sa mère Janet Elms l'élève seule avant d'épouser deux ans plus tard Phillip Ajao, qui lui donne deux demi-frères, Paul et Alex[37]. Selon les médias britanniques, Khalid Masood, habitué aux petits délits, s’est converti à l’islam[38]. Père de famille de trois enfants, il n'était pas connu pour des faits de terrorisme mais, selon un communiqué de la Metropolitan Police Service, il est inculpé à plusieurs reprises, notamment pour agressions (dont blessures graves), « possession d’armes » et atteinte à l’ordre public, des faits commis entre 1983 et 2003[38],[39]. Sa radicalisation est attribuée selon un de ses amis à un séjour en prison en 2000[40] ou à des séjours en Arabie saoudite[41] (entre novembre 2005 et novembre 2006, puis entre avril 2008 et avril 2009 et enfin pour un pèlerinage à La Mecque en 2015[42]). D'après la BBC, Masood s'est présenté comme « enseignant » lorsqu'il a loué une Hyundai Tucson une semaine avant l'attaque, à l'agence de location Enterprise Rent-A-Car de Birmingham[43]. Dans un premier temps, la chaîne britannique Channel 4 puis certains réseaux sociaux avaient accusé le prêcheur islamiste Abu Izzadeen d'être l'assaillant, à tort puisque celui-ci se trouvait en prison depuis 2015 au moment des faits[44],[45]. Le lendemain de l'attaque, la police britannique annonce avoir arrêté « huit personnes à six endroits différents, sept à Birmingham (centre de l'Angleterre) et une à Londres, toutes soupçonnées de préparer des actes terroristes. Elle a également mené des opérations à Brighton (sud) et dans le Carmarthenshire, un comté du sud du pays de Galles »[46]. Birmingham est un foyer jihadiste notoire en Angleterre[45]. Theresa May révèle que le terroriste islamiste est un citoyen britannique qui était cité dans une enquête du MI5 pour extrémisme violent menée plusieurs années avant l'attentat[28], mais il en était selon la première ministre « un personnage périphérique[38] ». La police procède à deux nouvelles arrestations « importantes » dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 mars[41]. Dix des onze personnes arrêtées sont rapidement relâchées[47]. RevendicationLe groupe terroriste État islamique revendique l'attaque le lendemain, via son agence de presse et organe de propagande Amaq[2]. Il s'agit de la première attaque sur le sol britannique revendiquée par l'État islamique[45]. Toutefois, l'enquête ne permet de mettre en évidence la moindre communication entre l'organisation et le terroriste, ce qui peut laisser penser à une revendication opportuniste[42]. ConséquencesLe Parlement écossais interrompt sa séance parlementaire et reporte le vote sur l'autorisation pour Nicola Sturgeon de réclamer un nouveau référendum pour l'indépendance du pays. Le vote est ajourné au , la veille du jour où Theresa May doit officiellement invoquer l'article 50 du traité de Lisbonne[48]. Le 16 juin 2017, le policier Keith Palmer reçut à titre posthume la Médaille de George pour sa bravoure dans l'attaque[49]. Réactions
Notes et références
Voir aussiArticles connexes
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