Née en 1876[3],[4], Armande de Polignac est l'unique fille du premier mariage de Camille de Polignac et de Marie Adolphine Langenberger. Dès sa prime jeunesse, Armande de Polignac se passionne pour les langues étrangères dont elle parle une douzaine et cultive depuis toujours une attirance et un goût prononcé pour la création musicale.
Elle se marie en 1895 avec le comte Alfred de Chabannes La Palice, mélomane et chanteur amateur[4]. Une seule fille, Hedwige, naît de cette union[4]. Jusqu'à la perte de son patrimoine, intervenue dans les années 1930, elle se consacre à sa passion. Sa fille indique : « Elle avait voué sa vie à la musique, travaillait avec régularité, sacrifiait les plaisirs et le monde »[5].
Elle apporte son soutien à Edgar Varèse qu'elle a connu à la Schola Cantorum en récoltant des fonds en 1915 pour lui afin qu'il puisse aller aux États-Unis.
À partir de sa fondation en 1905, Armande de Polignac devient collaboratrice de la revue du Mercure musical fondée par Louis Laloy où collaborent dès les débuts Claude Debussy, Romain Rolland, Jean Marnold, et Willy, et où elle donne comme critique plusieurs articles sous le titre « Pensées d'Ailleurs ».
En 1920, elle compose son cycle de huit mélodies sur des poèmes chinois traduits par Franz Toussaint, La Flûte de Jade et un court recueil L'Amour fardé. Elle met en musique un texte de Lucie Delarue-Mardrus et publie des mélodies sur des poèmes de Melchior Polignac, Edouard Guyot, Louis Longepierre, Robert d'Humières, Georges de Dubor, , etc. Avec Willy, elle écrit des mélodies comme Café Maure, Chemin de Mihaïl, Le Dernier Menuet du Roy, Nuit à Capri, Poème, Pastel et Soir de Jardin. Elle fait, aussi, plusieurs adaptations sur des poèmes de Françoise d'Antoine : Le Vieux clavecin, Printemps morts, Mélancolie et Berceuse.
Sa musique pianistique est aussi importante : Danses Brèves orchestrées et dirigées par elle en concert, Six Préludes, Toccata dédiée à Ricardo Viñes, Berceuse, Échappée, Pluie, Carillon, Dans le steppe et Bazar d'orient, un nocturne pour harpe (1912) et la Petite Suite pour clavecin (1939) dédiée à Marcelle de Lacour. Elle est l'auteur de trois quatuors à cordes, deux sonates pour violon et piano, un quintette avec piano dédié à Louis Laloy (), deux pièces pour quintette à vent et diverses pièces pour flûte et piano, violon et piano ou violoncelle et piano.
Elle présente six fois des œuvres à la Société musicale indépendante entre 1911 et 1922. Maurice Ravel montre un certain intérêt pour sa musique[4].
Son catalogue comprend également une quinzaine de pièces symphoniques, une dizaine de pièces apparentées à de la musique légère, une ouverture Lear, Salomé, un poème symphonique. Dans le domaine de l'opéra et des ballets, il faut citer : La Petite Sirène (Nice, ), Les Roses de Califes (Paris, 1909), le ballet arabe Les Mille et Une Nuits (Paris, 1914), un ballet japonais Urashima La Source Lointaine et le ballet Les Chinois.
Elle compose Judith de Béthulie, scène dramatique inédite chantée par Felia Litvinne à l'Opéra de Paris en mars 1916. En 1930, à la suite d'une maladie, elle cesse de composer et de promouvoir ses créations[4].
Florence Launay, Les compositrices en France au XIXe siècle, Paris, Édition Fayard, 2006
Association Femmes & Musique, Les compositrices françaises au XXe siècle, Paris, Édition Delatour, 2007
Paul Fryer, Women in the Arts in the Belle Epoque : Essays on in influential artists, writers and performers, Édition Mc Farland & Cie, 2012 (paragraphe écrit par Laura Hamer : « Armande de Polignac : An Aristocratic compositrice in Fin-de-siècle à Paris », p. 165-185)
Discographie
Compositrices d'exception : Hélène de Montgeroult, Cécile Chaminade, Armande de Polignac, Blanche Selva & Melanie Bonis. Œuvres pour piano, interprétées par Laurent Martin. CD album - Label : Ligia Digital 01033441-19 (paru en septembre 2019)