Fils d'Antoine Richepanse, sous-officier du régiment de Conti dragons[2], Antoine Richepanse naît le , à Metz[3], place forte française des Trois-Évêchés. Suivant les traces de son père, Antoine est admis comme enfant de troupe dès l'âge de 5 ans, au régiment de Conti dragons. Sa formation militaire est typiquement celle d'un enfant de troupe sous l'Ancien Régime. Alors qu’il est à peine âgé de 15 ans, il s’engage dans les Chasseurs d’Alsace, en et gravit rapidement les premiers grades de la hiérarchie militaire. Maréchal des logis en 1785, il est promu maréchal des logis chef en 1788, peu avant la Révolution française.
Soldat de la Révolution
Partisan de la Révolution, le jeune sous-officier se distingue dès les premières campagnes des armées révolutionnaires.
« Je pense, mon cher camarade, que tu approuveras cette nomination, et que tu détermineras le gouvernement à la confirmer. J'y attache un intérêt d'autant plus vif, que ce parait être le vœu de tout le corps d'armée qui a été témoin de ses actions brillantes[4]. »
Général de cavalerie
Son grade de général de brigade est confirmé par le Directoire quelques jours plus tard en [5]. Il a alors 26 ans.
L’année suivante, en , il prend une grande part dans la victoire de Neuwied, où les Impériaux perdent 8 000 prisonniers, 27 pièces de canon et 7 drapeaux[7]. En 1798 il sert dans la Division Lemoine, sous le commandement de Kléber. Appelé en Italie en 1799, il commande la réserve de cavalerie de l'Armée d'Italie. Richepanse participe activement à la bataille de Novi, ce qui lui vaut d’être promu général de division par Championnet le [8]. Sa promotion est confirmée par le Consulat en . Placé sous le commandement de Moreau, le jeune général mène plusieurs combats victorieux à Waldshut en avril, et enfin à Kirchberg en .
L’armée du Rhin étant dissoute en , il est mis en disponibilité. Il est nommé Inspecteur général des troupes de cavalerie de la République batave.
En , il est nommé général en chef[2] de l'armée expéditionnaire de la Guadeloupe[9].
Il participe à une expédition sanglante (66 % de perte dans le corps expéditionnaire)[10], contre une partie des troupes françaises locales de couleur, qui impose le rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe par voie de fait ()[11]. Entaché d'illégalité, le décret de Bonaparte daté du , qui « avalise cet attentat » aux droits de l'homme, ne sera jamais publié[12].
Ayant contracté la fièvre jaune en Guadeloupe, il meurt le [3] après 16 jours de maladie[2], à l’âge de 32 ans[7].
Mémoire et controverse
Mort sous le Consulat, le général Richepance, mort en service à l'âge de 32 ans, est considéré par l'historien et biographe du XIXe siècle Charles Mullié comme « l’un des plus braves généraux de la République[7] », il est aussi célébré comme un héros de l'Empire puisque son nom est gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile à Paris. Napoléon fit nommer Richepance une rue de Paris, et ordonna, en 1803, que le fort Saint-Charles en Guadeloupe soit rebaptisé de son nom[13]. En 1810, l'Empereur anoblit sa veuve et son fils aîné en leur donnant une baronnie d'Empire. La décision de graver son nom sous l'arc de Triomphe a été prise en 1836.
Sur sa tombe, aujourd'hui anonyme, érigée à l'intérieur du fort Delgrès, est inscrit : « Mort à 32 ans. Mais combien n'a-t-il pas vécu pour la gloire et pour la patrie ». Dans deux courriers adressés aux présidents François Hollande en 2014, et Emmanuel Macron, le , le collectif LKP exige que la dépouille de Richepance quitte la Guadeloupe[14]. Une suite favorable n'a pas été obtenue à ce jour[15].
Pour les Guadeloupéens, Richepance incarne une mémoire négative de l'île, en raison de son rôle dans le rétablissement de l'esclavage. Le « fort Richepance »[16] a été rebaptisé « fort Saint-Charles » en 1960, puis, en 1989, « fort Delgrès », du nom de Louis Delgrès, le chef de bataillon créole célèbre pour sa résistance aux troupes venues rétablir l'esclavage[17] qui se suicida plutôt qu'être capturé par Richepance en 1802.
Émilie Pierrette (1791-1871), mariée, le à Tournus, avec François Marie (1772 - Saint-Omer - - Sainte-Ruffine), chevalier Rousseau de Sibille de l'Empire, lieutenant-colonel du génie, dont postérité (plusieurs fils) ;
Le général Richepance convola en secondes noces, en 1797, avec Marie Joséphine Charlotte Antoinette de Damas (1776- - Paris), baronne Richepance et de l'Empire (), fille de François de Paule de Damas (né en 1736), seigneur du Rousset, puis capitaine au régiment de Beauce, dont il eut :
Eugène Charles François ( - Stolberg (près d'Aix-la-Chapelle) - Tué le - au siège de Constantine), baron Richepance et de l'Empire (créé baron à onze ans, en récompense des services rendus par le général Richepance, son père : décret du , lettres patentes du (Paris), chef d'escadrons de cavalerie, sans alliance ;
Marie Joséphine Charlotte Antoinette de Damas (1776- - Paris), veuve du sieur général Richepance, baronne Richepanse et de l'Empire (décret du , lettres patentes du (Paris)),
D'argent ; à la tête de maure de sable, tortillée d'or ; coupée [d'or] à la croix ancrée de gueules (de Damas) ; sur le tout au signe distinctif des baronnes veuves de militaires qui est d'argent à l'épée en pal la pointe basse d'azur.[22]
Eugène Charles François Richepanse ( - Stollberg)-tué le - au siège de Constantine), baron Richepanse et de l'Empire (créé baron à onze ans, en récompense des services rendus par le général Richepanse, son père : décret du , lettres patentes du (Paris)), chef d'escadrons de cavalerie,
D'argent à la tête de maure de sable tortillée d'or ; coupé d'or à la croix ancrée de gueules (de Damas) ; franc-quartier des barons tirés de l'armée.[22]
↑Richepance avec un C, né Richepanse. Voir Henri Forneron, Histoire générale des émigrés pendant la Révolution française, E. Plon-Nourrit, Paris, p. 184. Le changement d'orthographe s'est certainement fait à l'initiative de l'intéressé.
↑ abcd et eÉmile-Auguste Bégin, Biographie de la Moselle : histoire par ordre alphabétique de toutes les personnes nées dans ce département, t. 3, Metz, Verronais, , 535 p., 4 dl. : ill., prtr. ; 22 cm (OCLC906296119, lire en ligne), p. 31-36.
↑Gazette nationale : ou le moniteur universel, t. 16, Paris, Leriche, , 1126 p. (lire en ligne), p. 1058.
↑Charles-Théodore Beauvais, Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des français depuis les temps les plus reculés jusques et compris la bataille de Navarin, Paris, Panckoucke, , 334 p. (lire en ligne), p. 31.
↑Philippe Le Bas, « Altendorf (bataille d’) », France : dictionnaire encyclopédique, Paris, Firmin Didot frères, t. 1 A-az, , p. 512 (lire en ligne, consulté le ).
↑ ab et cCharles Mullié, « Richepanse », Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, Paris, Poignavant, vol. 2, , p. 499 (lire en ligne, consulté le ).
↑Yves Bénot, Association pour l’étude de la colonisation européenne et Marcel Dorigny, Rétablissement de l’esclavage dans les colonies françaises, 1802 : ruptures et continuités de la politique coloniale française, 1800-1830 : aux origines d’Haïti : actes du colloque international tenu à l’Université de Paris VIII les 20, 21 et 22 juin 2002, Paris, Maisonneuve et Larose, , 591 p. (ISBN978-2-7068-1692-5, lire en ligne).
↑Le fort des Adelphes (place d'Épinal) sera par ailleurs baptisé Richepance, en 1887, à la suite du décret Boulanger sur les noms des forts et casernes militaires
↑Une plaque commémorant la résistance de Louis Delgrès à l'action du corps expéditionnaire en Guadeloupe a également été scellée dans l'enceinte du Panthéon à Paris.
↑Émilie Tran Phong, « La rue Richepance devient celle du Chevalier-de-Saint-Georges », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
↑Pierre Carrey, « À Sartrouville, l’encombrant général Richepanse », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
↑ abc et d« BB/29/974 page 271. », Titre de baronne accordé à Marie, Joséphine, Charlotte, Anne, Antoinette Damas, veuve du sieur général Richepance, par décret du . Paris ()., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le ).
Annexes
Bibliographie
Charles Mullié, « Richepanse », Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, Paris, Poignavant, vol. 2, , p. 499 (lire en ligne, consulté le ).
Thierry Lentz et Denis Imhoff, La Moselle et Napoléon : étude d’un département sous le Consulat et l’Empire, Metz, Serpenoise, , 285 p., 24 cm (ISBN978-2-901647-88-1, OCLC17737569, lire en ligne).
« Antoine Richepanse : précisez », Antoine Richepanse 1770-1802, & Pierrette Gaudez, Marie Joséphine Charlotte Antoinette de Damas, baronne Richepanse (consulté le ).
« BB/29/974 page 271. », Titre de baronne accordé à Marie, Joséphine, Charlotte, Anne, Antoinette Damas, veuve du sieur général Richepance, par décret du , sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Paris, Centre historique des Archives nationales (France), (consulté le ).
« BB/29/966 page 495. », Titre de baron, accordé par décret du , à Eugène, Charles, François, Antoine Richepance. Paris ()., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le ).