Aminata Sow Fall porte un regard critique sur une société sénégalaise en pleine mutation dont elle dénonce l'hypocrisie et, comme d'autres femmes de sa génération, l'idéologie patriarcale[1]. Ainsi, dans son œuvre la plus connue, La Grève des bàttu ou les déchets humains, qui lui a valu le Grand prix littéraire d'Afrique noire en 1980, elle imagine — en s'appuyant sur des faits réels — une grève de mendiants chassés de la capitale par des autorités soucieuses de promouvoir le tourisme[2]. Les romans d'Aminata Sow Fall sont devenus des classiques, aujourd'hui inscrits dans les programmes d'enseignement[1]. Dans son discours inaugural au Collège de France, l'écrivain Alain Mabanckou la « considère comme la plus grande romancière africaine »[3].
Biographie
Née en 1941 à Saint-Louis au Sénégal, Aminata Sow Fall perd son père dès l'âge de huit ans[4]. Après quelques années de scolarité au lycée Faidherbe – aujourd'hui au lycée Cheikh Omar Foutiyou Tall – de Saint-Louis, Aminata Sow Fall accompagne sa sœur mariée à Dakar et poursuit ses études secondaires au lycée Van Vollenhoven – aujourd'hui lycée Lamine Guèye –, où elle obtient son baccalauréat[1].
Elle part en France pour entreprendre des études d'interprétariat ainsi qu'une licence de Lettres modernes et fait la connaissance de son futur mari, Samba Sow, à Paris[1].
Après son mariage, elle rentre au Sénégal pour d’abord se dédier à l’enseignement dans plusieurs établissements, à Rufisque et à Dakar. De 1974 à 1979, elle est membre de la Commission nationale de réforme de l’enseignement du français et participe à l'élaboration de manuels scolaires[1].
La reconnaissance internationale dont bénéficie La Grève des bàttu en 1979-1980 marque un tournant dans son parcours[5]. Ce roman est adapté au cinéma pour le film intitulé Bàttu, réalisé par le cinéaste malien Cheick Oumar Sissoko et sorti en 2000[6].
De 1979 à 1988, directrice des Lettres et de la propriété intellectuelle au ministère de la Culture et du Centre d’études et de civilisations, elle contribue à la fondation de la maison d’édition Khoudia[7], du Centre africain d’animation et d’échanges culturels, du Bureau africain pour la défense des libertés de l’écrivain à Dakar et du Centre international d’études, de recherches et de réactivation sur la littérature, les arts et la culture à Saint-Louis[8].
Toujours absorbée par l'écriture, la romancière partage son temps entre Dakar, Saint-Louis et d'autres destinations à l'étranger, car elle est souvent sollicitée pour des conférences en relation avec son œuvre ou des thèmes plus larges tels que l'éducation, la culture ou la paix[1]. Elle observe avec acuité le monde qui l'entoure : « L'artiste n'est pas dans une tour d'ivoire. Son rêve ne l'empêche pas de sentir le bouillonnement de la cité »[9], mais elle se défend toutefois de tout engagement politique partisan[10].
La Grève des Bàttu ou les déchets humains (réédité en France en 2001 par les éditions Serpent à plumes • présélectionné par le jury du prix Goncourt en 1979), Dakar, Nouvelles Éditions africaines, , 131 p. (ISBN9782723604376 et 2723604373, OCLC1106926074, lire en ligne)[14],[1]
Sept écrivains au stade, Paris, Le Monde, coll. « Le serpent a plumes », ca. 1998, 47 p. (OCLC174438419, lire en ligne)
Un grain de vie et d'espérance (réflexion sur l'art de manger et la nourriture au Sénégal, suivie de recettes proposées par Margo Harley), Paris, Truffaut, coll. « Collection Saveurs de la réalité », , 141 p. (ISBN9782951661455 et 2951661452, OCLC49568305, lire en ligne)[19]
Dr Johnson Djoa Manda, « L’identité africaine dans L’appel des arènes et Le vent du sud » (téléchargeable gratuitement), Annales du Patrimoine, no 75, (ISSN1112-5020, OCLC7179203168, lire en ligne)
Chahinda Ezzat, « Le jujubier du patriarche », roman africain entre oralité et écriture (livre numérique), Saarbrücken, Éditions Universitaires Européenes, (ISBN9786131540134 et 6131540136, OCLC863999658, lire en ligne)
Christiane Achour, Corinne Blanchaud, Bernard Cerquiglini et Jean-Marc Moura, Marie-Françoise Chitour, « Aminata Sow Fall » dans Dictionnaire des écrivains francophones classiques Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, Paris, H. Champion, coll. « Champion les dictionnaires », , 472 p. (ISBN9782745321268 et 2745321269, OCLC708366995, lire en ligne), p. 426-430
Catherine Mazauric, Fictions de soi dans la maison de l'autre (Aminata Sow Fall, Fatou Diome, Ken Bugul), vol. 74-75 (document numérique téléchargeable gratuitement), Dalhousie French Studies / Identité et altérité dans les littératures francophones, (OCLC783878683, lire en ligne), p. 237-252
Houda Jaafar et Papa Samba Diop, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC), Les superstitions magico religieuses : La Grève des bàttu, d'Aminata Saw [sic] Fall, Xala, d'Ousmane Sembène, Le monde s'effondre, de Chinua Achebe (Thèses et écrits académiques), (OCLC492148546, lire en ligne)
Lydia A. Forster, Le discours féminin sur la femme à travers les œuvres de deux romancières sénégalaises : Une si longue lettre (1979) de Mariama Bâ, La Grève des bàttu (1979) (Thèses et écrits académiques), Limoges, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, (OCLC799306986, lire en ligne)
Isatou Ndow, La technique romanesque dans les œuvres d'Aminata Sow Fall, Limoges, Fac. des Lettres et Sciences Humaines, (OCLC799306965, lire en ligne)
(en) Deirdre Lashgari, Dorothy Davis Wills, « Economic Violence in Postcolonial Senegal : Noisy Silence in Novels by Mariama Ba and Aminata Sow Fall » dans Violence, silence, and anger : women's writing as transgression, Charlottesville, University Press of Virginia, coll. « Feminist issues (Charlottesville, Va.) », , 351 p. (ISBN9780813914923 et 9780813914930, OCLC31241036, lire en ligne), p. 158-171
(en) Faustine Ama Boateng, At the crossroads : adolescence in the novels of Mariama Bâ, Aminata Sow Falls, Ken Bugul and Khadi Fall (Dissertations, Academic, Howard University), , 302 p. (OCLC34283875, lire en ligne)
(en) Susan Stringer, « Cultural Conflict in the Novels of Two African Writers, Mariama Ba and Aminata Sow Fall. », A Scholarly Journal on Black Women, , p. 36-41 (lire en ligne)
Lydia Bauer, « Discours politique et humaniste : L’Empire du mensonge d’Aminata Sow Fall et l’Heptaméron de Marguerite de Navarre », dans Margareta Kastberg Sjöblom, Alpha Barry et Andrée Chauvin-Vileno (dir.), Nouvelles voix/voies des discours politiques en Afrique francophone, vol. 1, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN978-2-84867-989-1, DOI10.4000/books.pufc.53066, lire en ligne), p. 111-122.
↑Gloria Onyeoriri, « Epistemic and Deontic Modalities in Aminata Sow Fall's L'Ex-Pere de la Nation », Contributions in Black Studies, vol. 9, no 1, (lire en ligne, consulté le )
↑Jean-François Durand, « L'Afrique entre crise contemporaine et ressourcement : une lecture du Jujubier du Patriarche d'Aminata Sow Fall », Horizons Maghrébins - Le droit à la mémoire, vol. 53, no 1, , p. 23–30 (DOI10.3406/horma.2005.2297, lire en ligne, consulté le )
↑Lydia Bauer, « Discours politique et humaniste : L’Empire du mensonge d’Aminata Sow Fall et l’Heptaméron de Marguerite de Navarre », dans Margareta Kastberg Sjöblom, Alpha Barry et Andrée Chauvin-Vileno (dir.), Nouvelles voix/voies des discours politiques en Afrique francophone, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, coll. « Les Cahiers de la MSHE Ledoux », (ISBN978-2-84867-990-7, lire en ligne), p. 111–122 (volume 1)