Amandine Gay

Amandine Gay
Amandine Gay lors d'une projection-débat d'Ouvrir la voix, à Toulouse (2017).
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Voir et modifier les données sur Wikidata (40 ans)
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Bras de Fer Production (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Amandine Gay est une réalisatrice, comédienne, autrice et afroféministe française née le . Son premier film, Ouvrir la voix est un documentaire donnant la parole aux femmes noires de France.

Biographie

Enfance

Amandine Gay est née sous X d’un père martiniquais et d’une mère marocaine[1] le en France[2],[3]. Sa mère et son père adoptifs, blancs, représentants des classes populaires[4], sont respectivement institutrice et cantonnier et vivent dans un village proche de Lyon[5]. Elle est sensible au mépris de classe dont ils sont victimes[4].

Lors de son adoption, la famille a déjà un fils noir de 12 ans. Ce frère aîné a joué un rôle important dans sa « construction de la négritude ». Il lui a notamment montré des représentations positives de personnes qui leur ressemblaient telles que Surya Bonaly, noire et adoptée[3].

Amandine Gay a une passion pour le basket-ball depuis l'âge de 8 ans[6].

Adulte

En 2015, ne se voyant pas fonder une famille en France où les institutions n'offrent « rien qui ne puisse donner de la fierté aux enfants noirs[7] », elle s'installe au Canada à Montréal[1] pour pouvoir poursuivre ses recherches et réaliser des films sur des thématiques liées aux conditions minoritaires, en écho à sa propre expérience, comme « l’adoption, par des familles blanches, d’enfants "racisés"[7] ».

Elle co-fonde en 2017 la société Bras de Fer Production et Distribution avec son compagnon[6] qu'elle présente comme "un homme blanc issu de la bourgeoisie"[4].

Formation

Amandine Gay est diplômée de l’Institut d'études politiques de Lyon, terminant son cursus de journalisme en Australie[6]. Elle a également fait un stage à l'école documentaire de Lussas[8]. À la suite de cela, elle intègre en 2008, le conservatoire d’art dramatique du 16e arrondissement de Paris[9].

En 2017, elle obtient une maîtrise en sociologie à l'université du Québec à Montréal[10].

Parcours professionnel

Comédienne

Après ses études, elle commence à travailler comme comédienne. Cependant, après quelques mois d'activité, elle constate qu'elle interprète toujours le même type de rôles stéréotypés (droguée, prostituée, sans-papiers, accent antillais). Son agent lui apprend alors que bien qu'elle envoie son profil pour des rôles divers correspondant à sa tranche d'âge, elle n'obtient de réponse que quand il est spécifié dans le scénario que le personnage est une Noire[11],[12].

Elle a également été performeuse burlesque[8].

Réalisatrice

Les deux documentaires réalisés avant 2021 par Amandine Gay abordent des dimensions autobiographiques de la réalisatrice[3].

Ouvrir la voix

De son constat naît son envie de devenir réalisatrice pour promouvoir sa vision des femmes noires et aussi pour pouvoir jouer les rôles qui l’intéressent[13]. Elle écrit des programmes courts pour la télévision mais peine à trouver ses financements. Elle explique que les producteurs, étant selon elle majoritairement des hommes blancs d'une cinquantaine d'années, ne reconnaissent pas leur expérience de la société dans les programmes qu'elle développe. Elle co-écrit notamment une fiction, une satire des magazines féminins, intitulée Medias Tartes. Un des personnages, une sommelière noire et lesbienne, rencontre l'incompréhension des investisseurs potentiels, arguant qu'une telle personne n'existe pas en France, alors que justement il est inspiré d'elle-même[11].

Elle commence à réaliser, en , son documentaire Ouvrir la voix, grâce à une campagne de crowdfunding, sans le soutien du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) qui n'a pas souhaité soutenir ce long métrage. Dans le film, qui paraît en 2016, elle réunit 24 femmes — des Afro-descendantes, citoyennes, militantes, ingénieures, chercheuses ou blogueuses[14] —. Ouvrir la voix traite, selon les mots d'Amandine Gay « de la signification de la construction sociale de la race dans des pays à l'histoire coloniale ou esclavagiste »[3]. En 2017, le documentaire reçoit l'Out d'or de la création artistique et le prix du public aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal[15].

Une histoire à soi

Dans le documentaire Une histoire à soi (2021), elle donne la parole à cinq personnes adoptées à l'étranger par des familles françaises ; ces personnes sont originaires du Rwanda, du Brésil, du Sri Lanka, de la Corée du Sud et d'Australie. Le film traite de construction identitaire, de déracinement et d'acculturation[3]. Une histoire à soi fait ressortir le fait que les adoptions transnationales et transraciales ont un impact émotionnel et psychologique sur les adoptés au cours de la construction de leur identité. Ce type d'adoption a aussi des conséquences sur les familles adoptantes blanches[3].

Militantisme

Afroféminisme

Amandine Gay milite un temps à Osez le féminisme !, déclarant a posteriori avoir été la « caution noire » de l'association tout en n'étant pas en accord avec la ligne sur les questions antiracistes et LGBT[16],[17]. Elle est depuis engagée dans l'afroféminisme[17].

En , elle interpelle sur Twitter Julien Bayou, secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts, pour son utilisation du mot « lynchage » afin de qualifier des violences envers des policiers blancs. Celui-ci présente des excuses[18],[19].

Adoption

En 2017, elle crée le « Mois des adopté·e·s »[20],[21]. Elle soutient la réappropriation de la narration des femmes noires et des personnes adoptées. À travers ses documentaires elle souhaite mettre en avant l'expertise développée par celles et ceux à qui font l'expérience des discriminations du racisme et/ou du sexisme racialisé. Elle souhaite contrer le fait que l'on ait souvent entendu parler de ces personnes à travers la voix d'expert n'ayant pas vécu ces expériences. Elle se considère dans la lignée de l'intime politique[3].

Amandine Gay défend l'idée que la charge de la pédagogie raciale ne doit pas reposer sur les adoptées, mais sur les institutions qui s'occupent des adoptions. Cela dans le but d'éviter l'acculturation des adoptées. Elle critique le fait qu'aucun budget n'est alloué dans l'accompagnement d'une personne adoptée jusqu'à l'âge adulte, et notamment à l’adolescence lors des crises identitaires[3].

Elle défend aussi l'idée qu'il devrait exister un prérequis des parents blancs adoptant un enfant noir, celui de la sociabilité avec les personnes noires. Selon elle, « cela leur permettra d'avoir des outils, même les plus simples, comme la manière de prendre soin des cheveux crépus ou de la peau d'un enfant noir. » De plus, elle est d'avis que « cela les amènera aussi à se questionner sur leurs préjugés racistes, car tout humain en est pourvu[3]. »

Publications

  • 2015 : préface « Lâche le micro ! 150 ans de luttes des femmes noires pour le droit à l'auto-détermination » pour la traduction française du premier livre de bell hooks, Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme, éditions Cambourakis, [22] (ISBN 9782366241624)
  • 2015 : article « Deny and Punish: A French History of Concealed Violence. The Charlie Hebdo Attacks and Their Aftermath », revue Occasion[23],[24]
  • 2015 : article « L'expérience des racisées en milieu universitaire: entre résistance, agency et lutte pour la légitimité », 7e Congrès international des recherches féministes francophones (CIRFF)[25]
  • 2018 : collectif, Éloges des mauvaise herbes : ce que nous devons à la ZAD. La crise d'une utopie blanche ?, coordonné par Jade Lindgaard, Paris, L'Arche, page 157 à 165[26]
  • 2018 : collectif, Décolonisons les arts !, sous la direction de Leïla Cukierman, Gerty Dambury et Françoise Vergès[27],[28]
  • 2019 : collectif, Reach everyone on the Planet… What's a word?, coordonné par Kimberlé Crenshaw[29]
  • 2021 : préface du collectif, Lettres du Bangwe, Paris, éditions Bora, 348 p., pages 11 à 15[30]
  • 2021 (paru le 23/9/2021) : Une poupée en chocolat, éditions La Découverte[3],[31]

Filmographie

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par le site IMDb.

Actrice

  • 2010 : Hors de l'abri, court métrage de Céline Guénot : Aminata[32]
  • 2013 : Au nom de la vérité, épisode Le Retour d'une ex : Patricia

Réalisatrice

Notes et références

  1. a et b Margaux Lacroux, « Noire is the New Black », liberation.fr, (consulté le ).
  2. « Rencontre avec Amandine Gay, pionnière de la France », La couleur de l'adoption,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a b c d e f g h i et j « Amandine Gay : "Devenir noire repose sur la possibilité d’avoir accès à des pans de la culture noire" », sur JeuneAfrique.com, (consulté le ).
  4. a b et c « L'économie selon... Amandine Gay - Ép. 26/37 - L'économie selon... », sur France Culture (consulté le )
  5. « Amandine Gay : “La France a 20 ans de retard sur les questions raciales” », cheekmagazine.fr, (consulté le ).
  6. a b et c « Cinéaste d’utilité publique », sur lejsd.com (consulté le ).
  7. a et b Séverine Kodjo-Grandvaux, « Amandine Gay, porte-voix afro-féministe », lemonde.fr, (consulté le ).
  8. a et b Joffrey Speno, « Amandine Gay : "Décoloniser les imaginaires du groupe majoritaire" (Ouvrir la voix en DVD) », sur DIACRITIK, (consulté le ).
  9. Africultures, « Personnes », sur africultures.com (consulté le ).
  10. Amandine Gay, « La mobilisation politique des adoptés transnationaux ou transraciaux adultes : du groupe affinitaire au groupe de plaidoirie », sur archipel.uqam.ca, (consulté le ).
  11. a et b (en-US) « Amandine Gay : "Je trouve scandaleux qu’on remette en question ma francité" », FieldsMag,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Amandine Gay, portrait d’une afro-féministe qui ne veut plus se taire », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  13. « Amandine Gay, porte-voix afro-féministe », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  14. Fanny Marlier, « Les Inrocks - "Ouvrir la voix": le documentaire qui donne la parole aux femmes noires », sur Les Inrocks, (consulté le ).
  15. « Palmarès de la 20e édition des RIDM », sur RIDM (consulté le ).
  16. « Comprendre l'afroféminisme en cinq questions », sur Le Figaro (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  17. a et b Inès Belgacem, « Amandine Gay ne veut plus qu'on parle à la place des femmes noires », sur StreetPress, (consulté le ).
  18. Perre Lepelletier, « Policiers tabassés : le patron des écolos “entend que le terme lynchage” ne soit “pas adapté pour une personne blanche” », sur Le Figaro (consulté le ).
  19. Louis Nadau, « "Lynchage de policiers" : Bayou s'excuse de demander pardon après l'emploi d'un mot "pas adapté pour une personne blanche" », sur Marianne (consulté le ).
  20. Lucie Hennequin, « Pourquoi il faut préparer parents et enfants adoptés au racisme », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  21. Catherine Durand, « récit d'enfants adoptés une fois adultes », sur Marie Claire, (consulté le ).
  22. « Ne suis-je pas une femme ? », sur Éditions Cambourakis (consulté le ).
  23. (en) « Deny and Punish: A French History of Concealed Violence », sur ARCADE (consulté le ).
  24. Amandine Gay, « Deny and Punish: A French History of Concealed Violence », Occasion (bi-annuel),‎ (lire en ligne).
  25. Voir sur youtube.com.
  26. Coordonné par Jade Lindgaard, « Éloge des mauvaises herbes », sur editionslesliensquiliberent.fr, (ISBN 979-10-209-0642-7).
  27. Leïla Cukierman, Gerty Dambuy et Françoise Vergès, Décolonisons les arts !, Paris, L'Arche, , 143 p. (ISBN 978-2-85181-945-1 et 2851819453, OCLC 1059540474, lire en ligne).
  28. « Décolonisons les arts ! sous la direction de Leïla Cukierman : livre à découvrir sur France Culture », sur France Culture (consulté le ).
  29. Kimberlé Crenshaw and co, « Reach everyone on the Planet… », sur intersectionaljustice.org, (ISBN 978-3-86928-199-5).
  30. Biheri Saïd Soilihi, « Lettres du Bangwe I Un plaidoyer pour la liberté d’expression de la femme », sur alwatwan.net, .
  31. Amandine Gay, « Une poupée en chocolat », sur www.franceculture.fr, .
  32. Amandine Gay sur le site d’Unifrance
  33. « Le palmarès des premiers Out d'or français », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  34. « Palmarès de la 20e édition des RIDM », sur RIDM (consulté le ).

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