Allemands du DaghestanLes Allemands du Daghestan étaient des colons allemands installés dans l'actuel Daghestan dans une soixantaine de colonies agricoles et villages fondés par eux de la fin des années 1880 à 1917. Ils ont été déportés en octobre 1941 en Sibérie, au Kazakhstan et en Kirghizie. Installation des colonsLes premiers colons allemands arrivent surtout à partir des années 1880, profitant des avantages spéciaux qui leur étaient accordés pour mettre en valeur des terres peu ou mal exploitées. Les colonies agricoles allemandes se trouvaient surtout dans quatre districts actuels (raïons) situés dans la plaine koumyke et au nord de celle-ci: celui de Khassaviourt, celui de Babayourt, celui de Kizliar et celui de Taroumovka[1]. Il y avait trois groupes principaux de colonies: un noyau autour des villages actuels de Luxembourg (anciennement Romanovka) et de Khassanaï (anciennement Dik), dans le raïon de Babayourt. C'étaient les villages et hameaux agricoles de Romanovka, Dik, Drews et Friedenthal. Le deuxième noyau se trouvaient autour du village actuel de Chava, toujours dans le raïon de Babayourt, avec les villages et hameaux agricoles d'Ebenfeld, Neu-Hoffnung et Friedensheim (aujourd'hui Chougouri). Le troisième noyau, surtout constitués de hameaux et de grandes fermes (khoutors), se trouvait autour de l'actuel réservoir de l'Aksaï avec les localités de Romanovka, Tatianovka et Alseder-Hadji. Les colonies étaient soit entièrement peuplées d'Allemands, comme à Romanovka, Nikolaïevka N°9, ou Hoffnungsfeld, soit peuplées d'Allemands et de quelques familles d'ouvriers agricoles koumyks ou tchétchènes (comme à Marienfeld, Allemands et Tchétchènes, ou à Schönfeld (Allemands, Koumyks et Tchétchènes). Les premiers colons allemands arrivent surtout au début d'autres provinces de l'Empire russe, en particulier de Bessarabie, de Volhynie, du Dniepr et de la Volga. Les premiers à s'installer en groupe sont les paysans protestants allemands de Strauchdorf en 1889, venus du gouvernement de Tauride ; d'autres suivent comme les fondateurs de Romanovka et de Tatianovka quelques années plus tard. Au début du XXe siècle, des colons mennonites originaires d'Halbstadt (dans l'actuelle Ukraine) achètent aux frères Lvov des terres au sud de la plaine koumyke. Ils fondent ainsi dix-sept hameaux agricoles le long de la rive gauche du Soulak. À la même époque d'autres colons allemands fondent plus au nord Romanovka et le village de Dik, tandis que des familles de paysans allemands s'installent également dans des villages déjà existants, comme à Aksaï, Kostek ou Andreï-Aoul, etc. côtoyant ainsi des Koumyks ou des Tchétchènes. Les exploitations agricoles allemands prospèrent et s'agrandissent, jusqu'au début de la guerre civile russe, lorsque l'effondrement du pouvoir central provoque des raids tchétchènes contre les « infidèles ». Beaucoup de paysans allemands quittent alors leurs terres. Le foyer le plus important de population allemande se trouvait au début du XXe siècle principalement dans les districts actuels de Babayourt et de Khassaviourt, avec 2 296 habitants. Portrait socio-économiqueLes villages et colonies agricoles des Allemands du Daguestan étaient les plus développés de Ciscaucasie. Ils possédaient leurs propres écoles, dispensaires, pharmacies, et même leurs propres services de pompiers. Il y avait des écoles secondaires dans les colonies mennonites. Les colons construisent sur leurs propres fonds des canaux pour irriguer leurs terres (champs ou vignobles). C'est ainsi qu'ils creusent le canal de Talma, le canal Richard (aujourd'hui Tersakan) et le canal Sprengel. En plus des céréales (blé, avoine, orge), ils cultivent le riz et la vigne, la betterave à sucre, le coton et le tabac. Ils élèvent également des bovins et des chevaux, ainsi que dans une moindre mesure des ovins. Les paysans de Neu-Hoffnung de l'oblast du Terek se distinguent par l'élevage de vaches laitières particulièrement productives. Vie religieuseLa majorité de ces paysans allemands sont protestants[2], représentés par les luthériens-évangéliques et les mennonites (ces derniers à Dik, aujourd'hui Khassanaï, et le long du Soulak dans les colonies mennonites dites du Terek). Il y avait deux congrégations chez les mennonites : l'« Église des mennonites » et l'« Église des frères mennonites du Terek ». Leurs maisons de prières se trouvaient à Nikolaïevka, à Khartch, à Müdelburg et à Talma. Les églises luthériennes se trouvaient à Romanovka (aujourd'hui Luxembourg) et à Eigenheim (aujourd'hui Tatayourt). Période soviétiqueAprès la révolution de 1917 et les débuts de la guerre civile, le sort des colonies est loin d'être favorable. Les Tchétchènes commencent à razzier et à incendier systématiquement les villages et les exploitations agricoles des Allemands, mais aussi des colons russes ou moldaves, et même la gare de Khassaviourt et ses alentours. Le bétail est décimé, un certain nombre de colons assassinés, les maisons pillées. Les colons se réfugient à Khassaviourt ou à Kizliar par familles entières, sans que les autorités locales impuissantes ne puissent agir dans cette période de guerre civile. Lorsque les autorités soviétiques prennent le pouvoir dans les années 1920, certains colons retournent chez eux, comme à Nikolaïevka, à Romanovka (Luxembourg), à Vanderloo ou à Eigenheim, mais n'y trouvent que des ruines et il faut rebâtir. Le pire arrive encore après que le un décret secret du comité central no 827 ordonne « la déportation des Allemands du Daguestan et de la Tchétchéno-Ingouchétie » en Sibérie et au Kazakhstan. Leur nombre est évalué à 7 306 personnes. Quelques familles parviennent à revenir dans les années 1960 à Luxembourg (ex-Romanovka), Tatayourt (ex-Eigenheim), Lvovskoïe no 1 et Babayourt. Liste des colonies allemandes
Notes
Voir aussi
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