Alger républicain est un quotidienalgérien fondé en 1938 par Jean-Pierre Faure et Paul Schmitt.
Histoire
Période de 1938 à 1962
Il est surnommé le « petit mendiant » par la presse colonialiste, du fait de ses difficultés financières et des nombreuses saisies. Journal indépendant, fondé dans la foulée de son prédécesseur Oran républicain (créé en 1935 par Edmond Auzas, radical socialiste, qui en fut le premier Président, et Pierre Tabarot, du Parti communiste algérien[1]), il fait partie d'une campagne, lancée par des républicains, de création d'une presse quotidienne indépendante des puissances financières, dans un environnement politique où les idées du Front populaire sont en train de percer, en Algérie comme en Métropole. La ligne éditoriale est ainsi ouvertement de tendance progressiste de gauche, proche des milieux socialistes relayant les revendications du Front populaire[2]. Son premier Conseil d'administration regroupe des personnalités d'horizons divers parmi lesquelles trois « indigènes » : le commerçant Abbas Turqui, les instituteurs socialistes Kaddour Makaci et Mohand Lechani, ce dernier étant également journaliste et directeur de La Voix des Humbles.
Le titre Alger républicain est lui interdit d' au , peu après le débarquement allié de novembre 1942 puis réapparaît en changeant de ligne éditoriale dorénavant communiste. Le Soir républicain est lui interdit en et ne reparait pas. Après la guerre, bien qu'encore dirigé par des socialistes, il est client de l'agence de presse fédérant en majorité des journaux proches ou appartenant au PCF, l'Union française de l'information.
Il est de nouveau interdit à partir de pour reparaître après l'indépendance le . Durant la guerre d'Algérie, nombre de ses collaborateurs sont tués pour l'indépendance algérienne : Henri Maillot, Georges Rafini, Mohamed Belkacem, Abderahmane Benzine, Amar Khalouf, Abdelkader Benamara, Mourad Ait Saada, Abdelkader Choukhal. Son rédacteur en chef est Henri Alleg jusqu'en 1965. Pour élargir l'audience d'Alger républicain, la direction développe, à partir des années 1950, un important réseau de correspondants locaux. Ces derniers sont des militants qui ne vont cesser de mener des enquêtes de terrain et ainsi dénoncer le système colonial. La ville de Bougie (aujourd'hui Béjaïa) offre un exemple de cette activité. Autour de militants communistes tels que Lalla Adjaout ou Gaston Revel, des articles traitant de questions comme le chômage, les bidonvilles, la scolarisation ou le truquage des élections vont paraître quotidiennement[3].
Période depuis 1962 à nos jours
À l'indépendance, il est le premier journal d'Algérie en termes de tirage (75 000), devant Le Peuple.
En 1964, Alger républicain accepte de devenir l'organe du FLN. Le , le journal titre « Alger-Républicain va devenir organe du FLN » et explique sa position dans un éditorial intitulé « Un honneur, une responsabilité »[4].
Il reparaît comme quotidien à la suite des événements d'octobre 1988, mais soumis à des difficultés économiques considérables et à une obstruction de sa diffusion par le pouvoir et les islamistes, il disparaît régulièrement à partir d' pour revenir de temps à autre sous forme hebdomadaire, bimensuelle, mensuelle ou bimestrielle au gré des efforts militants et des obstacles dressés sur sa route.
Parallèlement, Alger républicain évolue sur son site web très actif alger-republicain.com.
Journalistes d'Alger républicain, passés ou présents
Abdelhamid Benzine, Boualem Khalfa, Henri Alleg, La Grande Aventure d'Alger républicain, 1987, Messidor-Temps Actuels
Joel Merrien, Alger Républicain et la politique de Front national de 1950 à 1954, Mémoire de DES : Histoire : Nanterre : Université Paris X : 1974
Guillaume Laisne, Engagements d'un quotidien en société coloniale, le cas d'Alger Républicain (1938-1955), Mémoire de master de recherche 2e année : Histoire : IEP Paris : 2007 Exemplaire en ligne.
O Todd, Camus, une vie, 1996, Gallimard
Abdelhamid Benzine, De notre histoire au quotidien. Alger républicain 1989-1994, Alger, Chihab éditions, 2006.