Lev (Leïba) Lazarevitch Feldbine (en russe : Лев Лазаревич Фельбинг) dit Alexandre Mikhaïlovitch Orlov (en russe : Александр Михайлович Орлов), ou encore Lev Lazarevitch Nikolski (dans les registres du NKVD) ou encore, aux États-Unis, Igor Berg ou William Goldin[1], est un espion soviétique né le à Bobrouïsk (Empire russe) et mort le à Cleveland (États-Unis).
Il fait partie de la tchéka d'Arkhanguelsk en 1920-1921 et traque les « ennemis » supposés du régime. Il est chef du département des opérations secrètes et du département de surveillance des agents de la frontière nord et d'autres sections. Il a plein pouvoir pour rechercher et exécuter les anciens officiers des Armées blanches de la région nord. À la fin de la guerre civile en 1921-1924, il se trouve à l'université de Moscou sur les bancs de la faculté de droit. Il se fait connaître à la même époque (à partir de 1920) en étant recruté, sous le nom de Lev Nikolski, par le NKVD dans les services de surveillance. Il termine ses études en 1924 à l'âge de vingt-neuf ans. Il est ensuite attaché au service de l'administration économique de la Guépéou qui est dirigée par son cousin germain Zinovi Katznelson (1892-1938)[4]. Plus tard, il travaille à la Guépéou en Transcaucasie.
Agent résident du NKVD au sein de la Seconde République espagnole, Orlov est chargé à partir de de « liquider » les trotskistes et anarchistes espagnols. Il est conseiller en chef de la sécurité intérieure et du contre-renseignement du gouvernement républicain de Madrid. C'est lui qui organise le transfert du trésor espagnol à Moscou (affaire dite de l'or de Moscou)[2]. Il surveille en même temps la conformité idéologique des officiers républicains au sein du Servicio de Información Militar, SIM. Il fonde une école de formation de groupes chargés de monter des opérations de diversion à l'arrière de l'ennemi. Il fut le principal acteur de la destruction du POUM en Catalogne (et indirectement de la chute de Barcelone), et de l'exécution de ses dirigeants (dont Andreu Nin en qu'il fait sortir de prison pour le faire tuer)[5].
Dans le courant de l'année 1937 les purges frappent le milieu des diplomates. Parmi eux, le plénipotentiaire d'URSS à Madrid, Marcel Rosenberg(ru), et Léon Gaikis(ru) sont rappelés à Moscou et fusillés quelque temps plus tard (Gaikis en , Rosenberg en )[6] et Vladimir Antonov-Ovseïenko, consul général soviétique à Barcelone et ambassadeur de fait, rappelé en , arrêté en octobre et fusillé en .
Le , le supérieur direct d'Alexandre Orlov, Abram Sloutski, meurt inopinément, et en juillet Orlov reçoit l'ordre d'embarquer à bord du navire soviétique Le Svir à Anvers pour rencontrer Sergueï Spiegelglass qui faisait l'intérim après la mort de Sloutski. Mais Orlov ne paraît pas, et au lieu de cela dérobe soixante mille dollars des caisses de la section d'opération du NKVD. Secrètement, Orlov, sa femme et sa fille passent en France, puis embarquent pour le Canada d'où ils passent la frontière vers les États-Unis[2]. Avant sa fuite, Orlov envoie une lettre à Nikolaï Iejov et à Staline, où il prévient que s'il arrivait que sa famille ou ses proches demeurés en Union soviétique soient arrêtés, il révèlerait alors aux Américains les noms d'un grand nombre d'agents soviétiques[7]).
Il s'installe aux États-Unis sous le nom d'Igor Berg[2], et aucune poursuite n'est engagée contre lui en URSS. Il commence une carrière d'enseignant à l'université. Il est l'auteur, sous le pseudonyme d'Alexander Orlov, d'un manuel sur l'espionnage paru à Ann Arbor en 1963.
Il apparaît sous ses vrais traits dans le roman de l'écrivain cubain Leonardo PaduraL'homme qui aimait les chiens[9] et de même dans le roman policier de Víctor del ÁrbolToutes les vagues de l'océan[10].
Il est un des personnages importants de la bande dessinée 'les noces de sang' (T46 et T47 de la série Jour J).
↑ abcd et e(en) Jay Robert Nash, Spies : A Narrative Encyclopedia of Dirty Tricks and Double Dealing from Biblical Times to Today, M. Evans and Company, Inc, , 624 p. (ISBN978-0-87131-790-2, lire en ligne), p. 374
↑Nat Lilenstein (réal.), Les Révolutionnaires du Yiddishland, 1983, Kuiv productions & A2 (recension)
↑(en) Christopher Andrew et Vasili Mitrokhin, The Mitrokhin Archive : The KGB in Europe and the West, Penguin UK; New Ed edition, , 995 p. (ISBN978-0-14-028487-4, lire en ligne), p. 202-203